Les Mystères de Jérusalem
trouverait acore la force de résister à tant d'horreurs.
Tom redescendit les escaliers en se demandant ce qu'il devait dre. Compte tenu de ses rapports avec les flics du 60' district, lieux valait éviter le commissariat. En atteignant le trottoir, ‹ )nclut qu'il ne lui restait qu'à
attendre et espérer que Ime Adjashlivi revienne chez elle pour pleurer en paix. Il retra=a l'avenue pour éviter d'avoir à affronter de nouveau le sang 'Aaron.
En retournant vers le Windstar, il acheta les journaux de ‚près-midi dans une boutique o˘ l'on vendait aussi de magnifiques chapkas fabriquées à Otnsk ou à Nijni Novgorod. Il y avait peu de chances pour que les taxes d'importation soient parvenues jusqu'aux caisses de l'…tat de New York.
Il patienta une heure, parcourant d'un oeil distrait les nouvelles du jour, avant de se rendre compte qu'il avait une faim de loup. Gr‚ce au festin avorté de la veille, il n'avait rien avalé depuis des siècles. Les fast foods version Litde Odessa ne manquaient pas sur Brighton Beach Avenue.
Pour 2,25 dollars, une jeune femme très blonde et très souriante enveloppa une fourchette de plastique dans deux serviettes de papier avant de lui remplir un pot de carton de chou vert braisé et de boulettes de veau au paprika. Il revint manger dans le monospace, glissa un CD dans le lecteur et reprit son attente en écoutant le quatrième quatuor de Beethoven, parfàitementjoué par le Budapest String quartet.
Un peu avant la nuit, une Lincoln 92 noire s'immobilisa devant le 208. Une femme d'une cinquantaine d'années en sortit, un peu ronde, les cheveux courts et bouclés, déjà blancs. La portière se referma derrière elle et la voiture repartit. Sans un regard pour ce qui l'entourait, la femme poussa la porte de fer et entra.
Tom attendit encore un quart d'heure. quand il fut certain de ne voir personne traîner bizarrement devant le 208, il arrêta le lecteur de CD et quitta le Windstar. Il évita de faire résonner le ridicule carillon et heurta doucement la porte du bout des doigts. Mme Adjashlivi lui ouvrit aussitôt, comme si elle se trouvait derrière la porte. Il remarqua immédiatement ses yeux secs et clairs. Elle semblait n'avoir pas versé une larme, mais son visage était l'expression même de la désolation. Elle le considéra une brève seconde et, avant même qu'il puisse se présenter, déclara :
- je sais qui vous êtes. Aaron a dit que vous venir me voir s'il arrivait quelque chose. E est arrivé quelque chose, n'est-ce pas?
Son accent mangeait à moitié les mots et sa grammaire était loin d'être s˚re. Mais sa voix, un peu rauque, possédait un charme que le chagrin n'effaçait pas totalement. Tom songea qu'elle avait d˚ être une belle femme quinze ou vingt ans plus tôt. Maintenant, son visage se détruisait. Elle le précéda dans une
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pièceétroite et encombrée de bibelots, ac ouverts d'un très vieux papier qui autrefois avait été clair et piqueté de roses enlacées. Elle s'assit dans un fauteuil de velours vert. Tom hésita à s'asseoir et, finalement, resta debout.
- je suis véritablement désolé) madame Adjashlivi. J'aimais beaucoup Aaron et je...
Elle l'interrompit comme si elle ne l'avait pas entendu.
- Es sont venus me chercher avec voiture ' la même que celle o˘ l'assassin est reparti. J'ai vu. Là ici, par la fenêtre. Il a tué Aaron et avec la voiture il est parti. Es m'ont dit que je me taise. je dis rien à la police et rien à personne. Et ils vont donner de l'argent pour la synagogue et la tombe d'Aaron. Ils aiment qu'on ait honte.
Il y eut un silence que Tom, la gorge nouée, n'osa pas briser. Mme Adjashlivi secoua légèrement la tête et reprit :
- Es sont fous. Ils croient faire peur. J'ai pas peur. C'est fini la peurJavais peur avant. Maintenant, Aaron est mort, c'est fini la peur...
Elle croisa les mains, les serra sur sa poitrine puis regarda Tom.
- C'est vrai. Aaron disait que vous étiez amis. Il avait confiance. Mais il voulait la vengeance, n'est-ce pas ?... ¿ quoi ça sert la vengeance ?
¿ mourir.
- Madame Adjashlivi, Aaron voulait que les gens sachent ce qu'il se passe ici. Mais peut-être aurions-nous pu nous y prendre autrement. Sincèrement, je ne croyais pas qu'ils pourraient le reconnaître si facilement à travers les articles. La vérité...
Tom hésita devant le regard si clair qui le scrutait.
- La vérité, c'est que je me sens responsable de ce qui est arrivé.
- Pas du tout.
Mme
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