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Les Mystères de Jérusalem

Les Mystères de Jérusalem

Titel: Les Mystères de Jérusalem Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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splendeur à
    làwalem, et seuLement une part au reste du monde. Dieu divisa, de même, en dix parts toute la souffrance et tou l'a
    te ffliction du monde. Il accorda neufparts de souffrance et d'affliction à
    _7bwalem et seulement une Part au reste du monde.
    Taraudé par ces questions, combien de fois avais-je visité cette ville hors du commun? Combien de fois avais-je emprunté la route dite de Samson, qui se faufile en lacets rapides entre les monts dejudéejusqu'à ses vastes faubourgs ? Chaque fois,favais ressenti la même émotion. La même inquiétude. Celle d'un amoureux dans ses rendez-vous avec l'éternité. Lors de ma dernière visite, ce sentiment s'était pourtant teinté de malaise.
    Pourquoi? Pourquoi ce malaise à l'approche de la cité? …tait-ce la lumière, éblouissante et dure, qui accentuait la blancheur des roches et du sol? Il n'y avait de noir que l'ombre de ma voiture. Ou peut-être l'ombre d'un reproche : et ton roman surjérusalem!
    Maintenant, dérivant dans l'insomnie et la pénombre de ma chambre d'hôpitg passant d'un souvenir à l'autre, cahotant sur le chemin de la mémoire et de l'imagination, il me semblait, dans le sillage des armées arabes conduites par le calife Omar, un Kurde converti à l'islam, suivre l'arrivée àjérusalern de tous les
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    mondes de l'esprit et de la croyance dont elle s'est rassasiée. Les Omeyyades puis les Abbassides, les Persans et leurs soufis, des savants égyptiens et même l'illustre théologien de l'islam, Ghazali, qui y séjourna, venant de Bagdad. Plus tard ce furent les Mamelouks et les Ottomans... Ils sont encore là aujourd'hui. Vêtus de leurs costumes traditionnels. Ils emplissent de leurs nombreuses prières l'enceinte des trente-quatre sanctuaires musulmans de la ville et animent de leurs couleurs, de leur foule et de leur volubilité les abords épicés de la porte de Damas...
    je venais de comprendre que la mémoire des lumières et des parfums demeure toujours la plus violente et la plus tenace, que ces couleurs et ces parfums, ces entrelacs de l'histoire avecJérusalem me ramenaient, aussi, à
    ma propre enfance, comme un fil secret, un lien tissé au creux du monde et qui, remontant à la surface, m'enlace depuis toujours. Respirer l'air puissant et multiple de Jérusalem me fait me souvenir des miens et de Kokand, làbas, dans le lointain Ouzbékistan o˘ la guerre nous avait rejetés, mes parents, ma petite soeur Bouchia et moi. Le matin, on y était réveillé par l'appel du muezzin à la prière. D'un côté de la vallée de Fergana, les monts Tian Shan et le Pamir. De l'autre, les déserts de Karakoum et de Kyzylkourn. En 1943, pendant la guerre, des dizaines de milliers de réfugiés s'entassaient dans des *araquements installés tout autour de la ville. Nous avions faim. Des squelettes vivants trébuchaient dans les rues et, soudain, i'effondraient. On les entassait sur des arbas, de hautes charrettes i deux roues, pour les déposer à l'orée du désert.
    Comme àjéru;alem, les habitants de Kokand ne toléraient pas le voisinage de a mort.
    Un jour vint le tour de ma petite soeur. Dans l'école commuiale transformée en hôpital, mes parents étaient tous deux cou,liés sur un mince grabat, frappés par la typhdfde. J'avais confié 3érénice, nous l'appelions Bouchia, à une maison d'enfants. Elle
    mourut. De faim, m'a-t-on dit. Elle avait deux ans.
    Sa mort, pendant cette fuite si loin de tout, loin de la guerre et lu ghetto, a d˚, j'imagine, atteindre profondément ma mère. ,Ile ne m'en a pourtant jamais parlé. Si, une fois. je la rac*ompagnais en voiture et, à

    la radio, des comédiens lisaient un exte. Elle a alors prononcé à plusieurs reprises le nom de Béré‚ce, et ce n'était pas celui de la fille d'Hérode Agrippa.
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    il
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    Me souvenir de ma mère, dans sa beauté et sa piété, est encore une autre manière pour moi d'évoquerjérusalem. Elle s'appelait Perl. Elle était belle et poète. Poète et belle; ainsi elle demeure à jamais dans mon esprit.
    je la vois encore, aux heures les plus incongrues, en train d'écrire en yiddish, je l'entends réciter des poèmes, écrits par d'autres, en polonais, en français ou en russe... Elle fut toujours d'une intense beauté. D'une beauté si évidente, si attirante, que l'admiration que je lui portais était, hélas, partagée par beaucoup trop d'autres hommes. J'étais jaloux.
    J'étais plus jaloux que mon père lui-même, pour qui le succès de sa femme

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