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Les Mythologies

Les Mythologies

Titel: Les Mythologies Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alix Ducret
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Trois déesses qui n'étaient qu'une à l'origine, qui n'était que Gaïa, la grande déesse, qui va se dissocier, laissant à des représentations d'elle-même le soin de gérer tel ou tel aspect de sa divinité. Mais, de la même façon qu'on ne saurait nier l'unité du concept de Terre porteuse de vie et de mort, les trois déesses ne cessent de se « télescoper », dans leurs attributs comme dans les cultes qui leur sont rendus. C'est ainsi que Gaïa est représentée, avant ou avec Déméter, portant l'erkos, la clef des Enfers ; c'est ainsi également qu'elle est, avant Déméter, la déesse de la fécondité et que dans 39
    les chants homériques elle est célébrée comme la protectrice du sol nourricier et de la multiplication de la race humaine. Elle qui a tout engendré, elle qui est mère de tous, est également détentrice de toute la connaissance du monde. Elle est l'oracle par excellence. Et c'est à Delphes qu'elle exerçait cette fonction, dans le temple où siégeait l'oracle de la Terre-mère. Une fonction et un lien avec l'humanité qui lui sera ravi par Apollon et la Pythie après que le fils de Zeus se soit vengé de Python, le serpent monstrueux engendré par Gaïa. Un épisode de la mythologie qui n'a rien d'anodin puisqu'il affirme la « prise de pouvoir » des Olympiens sur les divinités archaïques et qu'il confirme, une fois encore, le concept d'unicité du cycle de vie et de mort. Un cycle représenté, dans toutes les mythologies, par le serpent.
    Gaïa est si essentielle, si primordiale, qu'on peut la comparer à une multitude de divinités. A ses « filles » bien sûr, Déméter et Perséphone, avec lesquelles elle partage le principe même de la Terre-mère ; avec Brigit, comme elle divinité primordiale ; avec Freyja, qui est sans doute un visage d'une divinité primordiale et qui, comme Gaïa, est dispensatrice de vie et de fécondité ; avec Dagda, le « dieu bon » de la mythologie celte et qui, comme Gaïa, se divisera en une triade. Autant de liens évidents, naturels. Ceux qui le sont moins sont les liens avec les divinités de la connaissance, telles Odin qui, comme Gaïa, fait le lien entre le monde des dieux et celui des hommes, Odin en offrant aux hommes le langage des dieux, les runes, Gaïa à travers le Python, devenu le site de la Pythie, à Delphes. Un parallèle sur la connaissance que l'on retrouve avec Dagda, dieu de la connaissance et de la magie - comme Odin -, divinité capable de rappeler les morts quand Gaïa les accueille en son sein pour leur ouvrir les portes d'une autre vie. Voir : Déméter, Perséphone, Python, Serpent, Brigit, Freyja, Macha, Déesse-mère, Dagda, Geb, Odin
    Gorgone
    « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » interroge Racine dans Andromaque.
    Ces serpents ne sont rien d'autre que les attributs les plus marquants des Gorgones. Filles de Phorcys et de Ceto selon Hésiode, elles sont plus vraisemblablement à placer dans le terrible arbre généalogique de Typhon et Echidna. Une filiation, évidente au vu de leur chevelure vipérine, qui passerait par la conception de la Gorgone, elle-même mère de Méduse, Euryale et Sthéno. « Les » Gorgones seraient en fait une, comme le suggère la lecture d'Homère ou d'Euripide. Une Gorgone unique devenue trois avec le temps et la modification des mythologies. Une fois de plus, une divinité ancienne, possédant des attributs différents, parfois opposés, se voit donc démultipliée ; une fois de plus, une divinité unique a engendré trois divinités distinctes, la Gorgone étant la divinité primordiale. Et elle en a le profil : elle appartient au monde chtonien et engendre aussi bien la mort que la vie.
    40
    Tout le monde connaît la crainte dont on entourait la ou les Gorgones, leur don pour figer celui qui les regardait. Mais on oublie que le sang de la Gorgone, d'après la découverte d'Asdépios, pouvait ressusciter les morts autant qu'il pouvait donner la mort, selon le côté - ou la veine - d'où il s'écoulait. On oublie également que le nom même de Méduse, une des Gorgones, signifie « celle qui protège ». Une étymologie qui ne doit rien au hasard et qui accrédite le rôle positif de la Gorgone. Car c'est sans doute à la divinité primitive que Méduse doit cette particularité, elle-même assumant, plus que ses soeurs, cet aspect de la divinité archaïque. De fait, Méduse étant « celle qui protège », le Gorgonéion, c'est-à-dire la tête de

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