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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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trébucha contre ce qui pouvait être un banc et les yeux mouillés de larmes dues aux fumées, se jeta contre une paroi.
    Il avait bien fait : le trait qui lui était destiné frappait un compagnon tout proche dont la chute le faisait trébucher.
    — Bougez pas, messire ! hurla quelque part Tinchebraye.
    Une torche vola, bientôt suivie d’une autre, et d’une autre. « Quels marmousets ! Il n’était plus besoin qu’ils boutent le feu ! » Des sagettes percèrent les fumées. Il y eut des cris de fureur et d’effroi. Apercevant un coffre, Ogier se jeta contre son flanc. Deux sagettes vibrèrent au-dessus de sa tête, et il vit les archers embûchés derrière une table renversée. Cinq ou six. Les autres devaient se répartir dans l’escalier menant au faîte de la tour.
    — Rendez-vous ! Je vous garantis la vie sauve !
    Deux traits écaillèrent du bois au-dessus de sa tête.
    « Les sots ! » Sa sueur gluait sur la prise de Confiance. Même sans armure, il ruisselait comme jamais encore. « Bah ! Il n’y a que des archers. Je n’aurai pas à batailler… » Un émoi l’accablait imprévisiblement ; il en ignorait la nature mais savait que le seul moyen d’y mettre un terme, c’était de bondir dans le brouillard des feux jaillis de toutes parts et de déloger les Goddons.
    Il courut jusqu’à eux, fut percé à l’épaule senestre et tomba de toute sa fureur sur ces archers dont un eut cependant le temps de l’ajuster : son trait lui déchira l’oreille.
    — Ah !… S’il en est ainsi…
    Ce fut comme un orage d’acier : les arcs volèrent, les Anglais renversés hurlèrent et les Tournaisiens accoururent. Une épée entailla une tête, une autre rompit un bras. Insensible à la douleur de son épaule et de sa tempe, Ogier entreprit de gravir l’escalier. Il n’alla pas plus loin que la seconde marche.
    « Merdaille !… Manquait plus que ça ! »
    Un homme lui interdisait le passage ; un homme en armure et poignant une épée. Un homme qui le repoussait et férissait avec force.
    Reculer. Les lames tintaient. Reculer encore et dégager l’escalier. Déjà les Tournaisiens s’y précipitaient. Certains tombaient, mais degré par degré, mort après mort, la tour serait investie.
    Cet homme fervêtu ? Un chevalier ? Un capitaine ? Il combattait ventaille close, en silence.
    « J’aimerais voir ta goule… Tu sais te battre… Même si je t’atteins, ma lame s’ébrèchera sur tes fers ! »
    Tout allait vélocement. Plutôt que de désarmer ce Goddon qui devait valoir un bon poids d’or, les Tournaisiens jouaient des coudes pour grimper dans le beffroi et venger leurs trépassés.
    « Il m’a poussé sur le seuil… Plus personne !… Où sont-ils ? »
    Sauter tant bien que mal sur ce rocher que DeConinck et Guillonnet avaient pour dalle mortuaire… Et l’autre suivait, plein d’aisance en son fer !… L’y retenir un brin de temps. «  Il rit ! Il me hait ! Me connaît-il ? » Là, maintenant, tomber dans l’herbe… Et les Tournaisiens ? Ne s’en trouvait-il plus un seul pour venir lui prêter main-forte ?… Il devait y en avoir douze ou treize cents au-dehors !… Étaient-ils par effroi, demeurés dans les fosses ?… Non : il entendait leurs cris sur la pente du mont Sangatte. Ils couraient droit aux Anglais, en-dessous… Une ou deux compagnies avaient donc voulu secourir leurs archers…
    «  Ou bien secourir cet homme-là, parce qu’il est un de leurs connétables  ! »
    Un répit. Des cris. Toujours. Des cris anglais.
    « Qu’ils leur fassent barrage le temps que… »
    Le temps que quoi  ?… Mal à l’épaule, à l’oreille – ou ce qu’il en restait. Appeler à l’aide ? C’eût été indigne d’un chevalier. Se battre dans l’épaisse grisaille du soir.
    « Je recule ! »
    Un taillant qu’il devait éviter de justesse. Une estocade qu’il maîtrisait… mal ! Qu’advenait-il des archers ?… Bon sang, aucun des Tournaisiens n’allait-il se soucier de lui ?… Que faisait le Borgne ? Les autres ? Qu’était devenu Tinchebraye ? Mort ? Reculer sur un côté de pente qu’il ne connaissait pas… Tout ce qu’il pouvait deviner, c’était que là, les fossés se réduisaient à deux creux profonds d’un pied… C’était là qu’ ils passaient pour se relever les uns les autres… Il y avait des corps : par les fossés, des Goddons avaient essayé de s’opposer à l’avance des

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