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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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attirés par la fortune du roi d’Angleterre… qui sut d’ailleurs leur manifester bien du mépris.
    Pour ce qui concerne le projet de mariage avec Isabelle, Louis s’était apparemment soumis aux volontés d’Édouard par un document signé à Dunkerque le 13 mars 1347, et le lendemain, à Bergue, le roi anglais en avait pris connaissance. Le 27 mars, par écrit, il confirmait sa volonté de voir Louis épouser sa fille et lui enjoignait de se mettre à la tête des Flamands pour marcher contre le roi de France. C’en fut trop pour l’adolescent qui s’enfuit le lendemain, 28 mars. Tous les chroniqueurs en sont d’accord, sauf les Chroniques de France qui situent cet événement retentissant le mardi des fêtes de Pâques : 3 avril. Le 1 er  juillet de cette année 1347, Louis épousait Marguerite, fille de Jean III, duc de Brabant.

ANNEXE III LES REVIREMENTS DE GODEFROY D’HARCOURT
    Après avoir trahi, pour de bonnes raisons, le roi Philippe VI, Godefroy d’Harcourt, au lendemain de Crécy, abandonna son complice, Édouard III qui, sans lui, n’eût pu commettre tant de ravages en Normandie… et au-delà, jusqu’à la motte du Val-aux-Clercs. La mort de son frère, Jean IV d’Harcourt, lors de l’immense boucherie, provoqua-t-elle, chez le Boiteux, une terrible crise de conscience ? C’est peu probable. Il n’était pas homme à se ronger de remords ni pour le trépas de son frère ni pour celui de tous les malheureux qui avaient péri, soit de sa main, soit de celle de ses compagnons de bataille. Il avait espéré, en s’alliant à Édouard III et en l’aidant, devenir son substitut en Normandie à défaut d’en être duc. Peu lui importait d’être « Anglais » dès l’instant qu’il gouvernerait le duché. Mais Édouard avait renoncé à conquérir cette contrée. D’ailleurs, s’il avait dû y régner, il l’eût certainement confiée à l’un de ses vrais hommes liges.
    Philippe VI n’était certes pas un fin politique. Il décida que mieux valait avoir ce trublion avec lui que contre lui, et il n’était pas homme à plaindre ses milliers de sujets (Normands et autres) victimes de la randonnée d’Édouard III – sans compter les destructions : maisons et champs incendiés, églises et monastères ruinés, bétail massacré, arbres abattus, etc. Qu’il eût « passé l’éponge », soit : c’était dans, les mœurs d’alors, mais qu’il ait nommé Harcourt, son capitaine-souverain dans la partie du baillage de Rouen située au sud de la Seine et dans tout le baillage de Caen, voilà qui stupéfie. Que Bertrand de Bricquebec en soit, dit-on, mort de fureur, cela se comprend. Car les pouvoirs de l’ex-traître étaient énormes : il était autorisé à lever des impôts dont nul propriétaire ne pouvait s’exempter ; il avait loisir d’assembler des gens d’armes – chevaliers et piétons – et devait veiller à leur équipement tant pour défendre son territoire que pour prendre part aux expéditions décidées par le roi. Sans en être duc, il régnait sur la Normandie ! On le vit à Honfleur le 17 août 1347, à Caen, le 4 septembre, au Pont-Autou, le 21 octobre : par une sorte de décence, il ne fut pas auprès du roi devant Calais.
    Il s’aperçut alors que, de par ses fonctions, il avait cessé d’être un guerrier. Il tourna son humeur belliqueuse contre ses voisins, s’estima au-dessus des lois et le fit savoir au grand bailli du Cotentin. Ainsi, Saint-Sauveur-le-Vicomte devint une place forte à part, dans l’état. Refusant d’obéir à quiconque, il eut la prétention de commander à tous et se rallia à Charles de Navarre, un fauteur de désordre plus finaud qu’il ne l’était – fils de Jeanne de Navarre et de Philippe d’Évreux, petit-fils de Louis le Hutin et arrière-petit-fils de Philippe le Bel, il pouvait avoir des prétentions au trône de France, d’autant plus que Jean de Normandie, succédant à son père, se révélait un souverain exécrable. Le meurtre de Charles d’Espagne, le 8 janvier 1354, auquel le Boiteux prit part, envenima une situation déjà mauvaise.
    Et justement, ici, voilà qu’Harcourt, cet homme fort et sanguinaire, se révèle être un sentimental. Il avait trouvé dans la forêt de Saint-Sauveur, une petite biche qu’il avait élevée. Elle lui était aussi attachée qu’un chien. Or, un jour, elle disparaît. Il la retrouve, tuée, près de Magneville, dans le Val de Saire.

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