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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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ventaille et rire :
    — Te voilà dans un bel état, manant. Cela t’apprendra à te considérer comme un chevalier !
    Qui était-ce ? Les sourcils froncés, mais la vue toujours brouillée. Et ce rire, ce rire… Une ombre… Une ombre miroitante… Un autre seigneur. Voix forte :
    — Venez, Regnault. Il suffit !… Vous vous êtes acharné sur lui…
    — Je devrais l’achever !
    — Je vous l’interdis !… Venez jusqu’au rivage. Nous l’avons nettoyé de cette piétaille française : ils ont guerpi quand ils ont vu qu’ils auraient le dessous. Venez !
    — Il me faut l’achever, vous dis-je !… Sur mon honneur…
    — Vous n’en avez aucun !… Je vous connais… Relevez-vous et rengainez cette épée !… Vous me devez obéissance… Jamais un chevalier digne de ce nom ne se serait battu avec tant de forcennerie… Il n’avait rien sur la tête et le corps pour se protéger de vos coups… Il vous a résisté bellement, et de la façon dont il poignait sa lame, je jurerais qu’il n’est pas un manant… Venez : vous vous en êtes donné à cœur joie… Lâchez cette arme ! Laissez ce garçon. Il a le droit de trépasser en paix… Descendons : ils sont cent là-haut, nous sommes deux ; le temps nous presse… Il nous faut voir Robert Knolles. Aussi vrai que je suis Gauthier de Masny, vous vous êtes conduit en routier.
    — Soit !… Vous me privez d’un grand délit [387] . Foi de Cobham [388] , je l’aurais achevé à plaisir !… Et lentement, Masny… Mais il est vrai que Knolles nous attend.
    Ogier frémit, écarquilla les yeux… Gauthier de Masny et Cobham… et… Knolles !… Knolles !… C’était Rechignac… C’était l’enfance en Pierregord, l’apprentissage du métier des armes… Il allait mourir là, sur cette pente, lui qui… lui qui…
    Il réunit péniblement ses mains. La nuit pesait de son immense noirceur sur son corps comme pour en exprimer le sang jusqu’à la dernière goutte… Il avait mal, grand mal et seul Sirvin, peut-être… Disparu comme la Croix… Il y avait des éperons d’or dans le ciel, et la mer toute proche, cette mer qui frottait aussi les sables du Cotentin, murmurait comme on prie.
    Un nuage passa… Noir…
    « Seigneur !… Que vous ai-je fait pour dévier de la sorte ?… Très Sainte Vierge, secourez-moi… Saint Michel, permettez que j’embrasse mon fils ! »
    Il avait des lèvres de pierre, les yeux glauques, et son souffle s’amenuisait. Il hurla :
    — Seigneur ! Seigneur !
    Une ombre s’approcha, miroitante. Un archange ?
    — Il a la vie dure ! s’étonna l’exécrable voix. Une ombre encore. Un fantôme de fer. Muet.
    — Seigneur ! Seigneur !… Ayez pitié ! Dieu pouvait-il entendre une voix de statue ?

ANNEXES

ANNEXE  I L’ÉVASION DE LOUIS DE MALE
    Louis II de Male – du nom de sa cité natale – était fils de Louis I er , comte de Flandre, de Nevers et de Rethel. Louis I er avait succédé à son père, Robert de Béthune, comme comte de Flandre, en 1322. Marié à Jeanne, comtesse de Rethel, il avait eu pour fille Jeanne de Flandre qui, en 1329, avait épousé Jean de Montfort. En 1320, il avait épousé Marguerite, seconde fille de Philippe V et de Jeanne de Bourgogne. Il avait été dépossédé de ses états par la révolte du bourgmestre de Bruges, Guillaume de Deken, lequel avait reconnu Édouard III pour roi de France. De retour en son pays, le comte en avait été de nouveau chassé par les bourgeois de Jacques d’Artevelde qui, lui, avait réalisé la difficile union des trois villes : Gand, Bruges et Ypres (1337).
    Le projet de mariage entre Louis II de Male et Isabelle, fille aînée du roi d’Angleterre, tarabustait le souverain anglais depuis le 13 novembre 1339 : ce jour-là, il avait donné à Guillaume de Montaigu et à plusieurs autres chevaliers, les pleins pouvoirs pour la domination du comté. Quant à la réconciliation de Louis II et des Flamands, elle remontait à la Toussaint 1346, et c’était peu après cette fête que Louis était rentré en Flandre. Le 7 novembre, il arrivait à Courtrai ; il se rendit ensuite à Ypres, Bruges, Gand. Au mois de janvier 1347, Philippe VI lui permit d’aller et venir en Flandre à condition «  qu’il garde touzjours sa loiauté  » envers le roi de France. Cette loyauté ne devait avoir qu’un temps, puisqu’en 1359, Louis s’alliait à Édouard III avec quantité d’autres chevaliers

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