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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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sa fille ? Car en dépit de ses admonitions à Blandine pour la préserver d’un mariage indigne d’elle, ses préférences allaient à Herbert le Jeune. Pour le moment, elle posait l’extrémité de ses doigts sur sa bouche : aucun doute, elle réprimait un sourire.
    — J’y ai fait quelques pas. La voûte depuis lors s’est peut-être rompue.
    « Quelques pas ou faux-pas ? » se demanda Ogier.
    — Ce souterrain, dit Tinchebraye, doit passer sous la rivière.
    — Tout près du pont de Rochereuil, selon Guillaume.
    — Allons quérir votre cousin. Il nous en montrera l’accès.
    — Guillaume est mort depuis cinq ans.
    Jouissant de la déconvenue de l’arbalétrier, dame Berland ajouta :
    — Je l’ai vu procéder… Il suffisait de déplacer l’autel… Pour cela, il y a un pilier tout proche, et qui porte un saint Éloi de bois peint… Il fallait tourner la main dextre de la statue et appuyer sur un bouton de sa chasuble.
    — Bien ! dit Joubert avec un mouvement qui lui tira un grognement. Il faut aller là-bas en souhaitant que le Seigneur nous protège tous les cinq !
    — Cette église, dit Ogier, doit être pleine. Souhaitons…
    — Souhaitons, messire, que ce saint Éloi soit toujours là… avec sa serrure !
    Tout à coup, Tinchebraye semblait saisi d’angoisse. Ogier enragea de ne pouvoir emmener, si ce souterrain demeurait en état, des femmes, pucelles et enfants. Était-ce par cette issue que Jacques de Bourbon s’enfuirait ? Il soupira et le sourire tremblé que Blandine lui adressa n’allégea en rien sa mélancolie. « Cette galerie peut être bouchée… Des Goddons peuvent en avoir trouvé la sortie… » Allons, il n’allait pas céder au découragement !
    — Dame… Blandine, hâtez-vous de vous vêtir comme il sied… Une fois apprêtées, vous nous donnerez deux flambeaux, des briquets, quelques poignées d’étoupe… Il nous faut aussi une pelle et une barre de fer afin de nous ouvrir la voie si la voûte s’est effondrée et nous empêche l’avance…
    — Et si vous ne pouvez nous ouvrir une voie ?
    Dame Berland faisait de gros efforts pour sauver une apparence de fermeté, mais elle était livide ; Ogier n’osa augmenter sa frayeur :
    — Si, à la malheure, nous devions renoncer, nous resterions enterrés le temps que les Goddons s’en aillent : ce sont des malandrins de passage… Avant que nous quittions cette demeure, vous donnerez quelques vitailles à Tinchebraye.
    — Tout ceci me paraît plein de périls…
    — Je ne saurais le nier, dame… Si vous étiez allée à Chauvigny, vous seriez bien quiète.
    Ogier s’interrompit et tendit l’oreille :
    — Oyez ! Les perrières recommencent à cracher… Hâtez-vous toutes deux… Où avez-vous des linges et des charpies pour que je soigne mon pennoncier ?
    Dame Berland désigna une armoire :
    — Là-dedans.
     
    *
     
    Saturée de menaces et de fureurs latentes, la nuit demeurait inchangée. Pleine – trop pleine – d’incertitudes et du vacarme des perrières.
    — Faut agir vélocement, dit Tinchebraye sans montrer la moindre hâte ni la moindre émotion.
    Dame Berland suivait à petits pas cet ours mal léché. Derrière, Joubert haletait exagérément. Ogier, la main de Blandine incrustée dans la sienne, se laissait dominer par des songes heureux. Dieu lui avait permis de revoir la pucelle. Ils se trouvaient donc, elle et lui, sous Sa protection. Il devait s’accrocher à cette certitude.
    Il n’osait parler. Blandine, confiante, avait adapté son pas au sien. Leur silence, s’il était le même, devait différer par les flots d’images que leurs mémoires déversaient dans leurs têtes. Rien de tel que l’angoisse pour susciter et accroître les remembrances. La jouvencelle, sans doute, se voyait délivrée de cette demeure des halles où elle avait vécu plus de jours mornes que de jours heureux. Quant à lui, ce n’étaient point des images du passé qui le hantaient mais des scènes de leur devenir, lorsqu’ils seraient mari et femme et n’auraient de cesse de se prouver leur amour.
    — J’ai peur, dit-elle à mi-voix.
    Elle avait conservé son visage de Chauvigny : cet éclat, cette luminosité de chair et de sourire – car elle souriait, malgré cette crainte avouée, tant sa confiance en lui, Ogier, demeurait intacte.
    — Ne craignez que Dieu, dit-il. Et pour cette nuitée je le crois avec nous.
    — J’aimerais bien pouvoir en dire

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