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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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s’envolait dans les ténèbres des draps tout à coup rejetés.
    Soupirs, toujours, incitant à mieux et à plus. Frémissement moins dû au froid qu’à l’esprit qui regimbe. Nombril, charnelle encoche ; baiser ce petit sceau qu’un souffle descellait pour le rappuyer plus encore contre la bouche avide. Et le picotement tiède de la laine drue, remuante elle aussi, creuse, onctueuse, douce et dure en ses renflements et mystères. Boire, lamper ce corps tellement offert qu’il s’arquait pour de plus amples épousailles.
    — Ogier… Ogier…
    Voix d’enfant, méconnaissable ; voix d’attente et d’entente, plainte et commandement ; et la nuit plus épaisse autour du lit d’un blanc de craie.
    — Il grince… Ils doivent savoir, en bas…
    Commentaire imprévu, jambes ouvertes, dures et douces ; et le cœur battant, plus haut, sous le bulbe soyeux du sein exquis aux doigts et aux lèvres quand le souffle finissait par manquer. Comment se regarderaient-ils demain ? Honte ? Non ! Joie. Fierté. Tout se permettre et tout oublier. Se connaître, et c’était pourquoi Blandine osait un geste. Quel regard avait-elle ? Ébahissement ? Lippe boudeuse ou craintive ? Sourire ? Aisselle, téton, ventre au goût de menthe parfois interrompu ; serrement de la petite main qui prend ou s’égare. Y répondre d’un sucement, d’un mouvement. Se repaître et se saouler de ce corps de vierge… S’enfouir dans ce plaisir d’aimer, épicé de geste en geste ; glisser, tourner, se connaître, le cœur meurtri d’audaces insignes ou frivoles… Les ongles comme de petits poignards enfoncés dans la chair dure et tendre et le halètement de chatte satisfaite…
    Dehors, les branches défeuillées frémissaient à la brise ; dedans le vent d’amour soufflait sur cet embrassement, cet embrasement tour à tour violent et tendre. Leurs souffles confondus devenaient litanie ; et Blandine se merveillait de ses râles, de ses audaces, juteuse et claire sur cette couche que son corps jonchait et moitissait jusqu’au refrènement qui la laissait à merci, lasse et tout enflammée d’une orageuse attente.
    Il l’emprisonna, bouche à bouche, seins à seins, ventre à ventre et l’investit d’une glissade lente et drue. Elle étouffa contre son épaule un gémissement de dormeuse arrachée à son rêve et dès lors, il la mena doucement, sans cesser de la ceindre de ses bras tremblants, aspirant son émoi à sa bouche déclose, refusant de céder à l’emportement qui le brûlait de la nuque aux reins. Et le lit pouvait grincer, Blandine pouvait bien le mordre en resserrant le nœud de leur enlacement : les délices passaient de lui à elle, d’elle à lui, se confondant avec les inflexions de cette carole qu’ils avaient dansée un soir ensemble, et qui passait du grêle au solennel, du lent au vif et les éclaboussait de félicité, tant au fond de leur âme que de leurs entrailles jusqu’à la délectation, les frémissements de la sublime paix, le grand soupir qui les désaccordait enfin et les changeait en statues pantelantes.
    Longtemps, enlacés, ils regardèrent par la fenêtre cette nuit d’octobre où leur vie prenait le même sens et la même unité ; où leur amour pour la première fois partagé leur faisait augurer une union sans partage. Ce n’était pas de froid que frémissait Blandine, mais d’une certitude innocente qu’elle pouvait avouer en disant : « C’était bon » et en enfouissant sa tête échevelée sous les draps pour poser son oreille sur ce cœur d’homme, ce cœur d’époux qui battait moins mais plus fort.
    Lui pensait avec jubilation que leur amour était inégalable. Elle était belle, il l’aimait, elle l’aimait. Un long moment, il avait tout oublié. Non seulement le poids d’un passé lourd de male chance et de deuils, mais aussi les inconvénients du présent : la guerre, les Berland, les propos empoisonnés d’un Templier près de sa fin, et ce mauvais mais nécessaire cheminement vers Payns. Le sein de Blandine en sa paume, l’autre sur ce lambeau de foin tendre et brûlant où parfois son index sinueux s’égarait plus innocemment qu’amoureusement, il savourait son triomphe.
    — Reviens, ma fée… Tu vas étouffer sous le drap !
    Il contempla le visage réapparu, bleuté de nuit et dont les étoiles étaient celles d’un regard où se mêlaient le goût d’une volupté toute neuve et la reconnaissance. Jusqu’à ce qu’il

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