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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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s’aperçût que les scintillements glissaient.
    — Tu pleures !
    La tête remua, les yeux se fermèrent.
    — Ce n’est rien…
    — N’es-tu pas heureuse !
    Il avait peine à concevoir que cette entente si bellement et complètement scellée eût soudain inquiété Blandine, et que les présages favorables qu’il y trouvait ne l’eussent pas émerveillée comme lui.
    — C’est parce que je suis heureuse grandement que j’ai peur.
    Elle se leva, et nue, sans gêne, s’étira comme pour se montrer radieuse à la lune. Il vit, sur le drap, trois pétales qui sans doute passeraient du vermeil au rose avant l’aurore.
    — Je t’ai fait mal ?
    Elle rit, en se blottissant contre lui :
    — Je n’ai rien senti… Enfin, je veux dire…
    En remuant, elle écrasa son nez, sa bouche, son front contre cette épaule dure, musclée, tout le contraire de la sienne.
    — Tu sais, j’avais peur…
    — Et tu n’as plus peur ?… Tu recommencerais ?
    — Pas maintenant… J’ai… J’ai besoin de souffler…
    Elle rit, sans pour autant relever son visage. Il sourit tout en regardant le plafond coupé de poutres rudes, et ce bois lui fit penser à l’Autre.
    — Je t’aime, Blandine, dit-il.
    — Je t’aime aussi, mon chevalier au Poing Vermeil.
    Il n’aurait jamais pu soupçonner qu’elle mettrait autant d’ardeur dans le don de son pucelage, ni même qu’elle sortirait de leur étreinte radieuse et larmoyante, et si soudainement confirmée dans son état d’épouse et d’amante qu’elle en était elle-même ébahie. Il la revoyait, assise près de lui, entre deux merlons des murailles, non loin de cette maison. Comme elle semblait alors souhaiter un protecteur !
    Il la mit sur le dos, contempla son visage. Elle dit, touchant ses joues :
    — Elles sont brûlantes… C’est ta barbe, sûrement… Je dois être bien laide…
    — Laide ? La nuit te sied aussi bien que le jour et la nudité te va bien.
    Elle eut un geste de pudeur dont elle rit elle-même et se couvrit d’un pan de drap qui la dissimulait à peine. Il dit, touchant un téton dur :
    — Tu ne regrettes pas de me suivre en Normandie ?
    Elle remua, comme pour se donner le temps de trouver une bonne réponse. Il effleura cette chair admirée, ici marbre et là buisson, ces cuisses nacrées de lune.
    — Tu ne me réponds pas… Que crains-tu ?
    — Rien, mon aimé… Plus je serai loin des Berland, plus je serai heureuse.
    — T’ont-ils fait tant de mal ? s’inquiéta Ogier.
    Un éclair raya les paupières entre-closes. Penchée sur lui, accrochée à ses épaules, Blandine le dévisagea tout à coup avec une ardeur qu’il ne lui connaissait pas :
    — Depuis trois ans, j’ai lutté pour qu’on ne me fasse point, contre mon gré, bien sûr, ce que tu viens de me faire.
    —  Ils voulaient te marier ? Avec qui ?
    Un soupir, un rire ; puis tristement :
    — Hors de la vue de nos… parents, Herbert le Jeune usait de privautés détestables…
    — Ton demi-frère !… L’immonde !… Où était-il quand nous avons fait connaissance ?
    — Père l’avait envoyé au siège d’Aiguillon, près du duc Jean.
    Blandine s’exprimait avec une douceur qu’il trouvait effrayante. Il voyait le fils Berland toucher et essayer de tâtonner la jouvencelle. Il le voyait, alors qu’elle prenait des formes, guettant les linges mis à sécher qui révélaient sa nubilis, comme eût dit frère Isambert, et imaginant sa pubescence dorée, ses tétons, ses cuisses…
    — La beauté provoque moult convoitises… Mais celles-là sont répugnantes !
    Tandis que Blandine le serrait plus étroitement, il demanda :
    — Et l’autre , je veux dire la seconde épouse, celle qui dort non loin de nous, elle savait ?
    Dans la claire profondeur des yeux proches des siens, Ogier entrevit des scènes odieuses. Une larme roula de nouveau, qu’il effaça de ses lèvres.
    — Elle était jalouse de moi. Je lui rappelais ma mère, qu’elle avait vue, autrefois. Elle a prétendu que c’était par mes vuiseuses [117] que j’avais excité son fils… Et quand il est revenu d’Aiguillon…
    — Il n’a plus pensé qu’à t’aiguillonner !
    Ils rirent ; ils étaient heureux, béats, chair contre chair, lèvres contre lèvres, picorant des baisers, s’abreuvant de soupirs.
    — S’il avait forcé le seuil de ma chambre, je me serais jetée par la fenêtre !
    — Ne dis pas cela !… Ne dis plus jamais

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