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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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cela !
    Sans qu’Ogier l’eût voulu, sa voix s’était faite exigeante et Blandine en avait tressailli.
    — Pourquoi ? demanda-t-elle. Est-ce trop te demander ?
    La seconde question lui parut plus pointue que la première. Anxiété ou dépit ? Il la voyait encore dans sa pâmoison, si différente de ce qu’elle était maintenant, soulevée sur un coude, une goutte de lune enluminant son sein, une autre son épaule. Il la serra plus fort sans qu’elle protestât, gobant la tache claire du téton orné de blanc, puis rejetant sa nuque en arrière :
    — Vers l’an mil, une lointaine parente s’est jetée d’une fenêtre de Gratot… Elle était fée, du moins le prétend-on dans notre famille… Ma mère, elle, était douce et belle sans être une déesse. Elle endura si mal la géhenne que Blainville imposait aux Argouges qu’elle s’est lancée par la même fenêtre lorsque j’achevais mes enfances chez mon oncle Guillaume de Rechignac… Et je n’ai…
    D’une bouche avide, Blandine interrompit sur ces lèvres d’époux pleines encore de ses saveurs et de ses senteurs secrètes, la fin de ces révélations.
    — Pauvre dame !… Il me reste à te parler de Rochechouart.
    Elle s’était de nouveau redressée ; il recevait sur son front la caresse de son haleine. Il ne pouvait la contempler qu’imparfaitement, mais il la touchait, prenant plaisir à la trouver belle dans ses contours et ses vallonnements, sans qu’elle parût troublée.
    — Il m’admirait… Jamais il n’aurait osé me faire ce que tu me fais…
    Il venait de glisser un doigt dans la pente onctueuse ; il l’ôta et songea que Blandine avait dû batailler – à sa façon – pour conserver cette virginité qu’il venait de recevoir, ce soir, en gage d’amour et non en sacrifice, sans craintes contraignantes ni pudeurs superflues. Il sourit :
    — Nous sommes dignes l’un de l’autre.
    Retombant sur le traversin, elle porta la main à son oreille :
    — Le mal semble me reprendre…
    — Si tu dors bien, il partira… Serre-toi contre moi.
    Elle obéit en gémissant un peu – de plaisir, sans doute – et il songea qu’il était malséant que ce bonheur partagé, ample, éblouissant, eût été terni, même petitement, par ces brefs récits et aveux chuchotés. Pourquoi l’aimait-il tellement ? Il avait, pour le lui prouver de tout son corps, retenu certains gestes, renoncé à certaines « choses », bien qu’elle eût certainement tout accepté. Pour une fois, ce soir, nue et dolente, elle s’était délectée de sa féminité. Lâchant la bride aux démons qu’elle portait en son ventre – démons du bien et non du mal –, elle savourait ce passage de l’aigu au grave, du remuement exquis à l’immobilité ; et femme, désormais, il pouvait la reprendre et les précipiter vers d’autres pâmoisons. Mais elle dit, poussant sa hanche douce au creux de ce ventre d’homme armé pour le plaisir :
    — J’ai peur… C’est en moi comme un poison…
    — Que crains-tu, ma douce ? Tes parents ?… Notre devenir ?… Cette guerre qui meurt et renaît aux quatre coins du royaume ?
    — J’ai peur de tout… Peur de te décevoir.
    — Au lit, tu ne m’as pas déçu !
    Il rit, crispa sa main sur le sein rond et ferme, entourant d’un doigt mouvant la piécette rose foncé d’où émergeait la framboise de chair dure.
    — Je ne suis peut-être pas telle que tu crois. L’on me dit entêtée, jalouse de mes biens… Elle me reprochait d’exercer trop d’autorité sur nos meschines [118] …
    — C’est bien, ma douce, de me le dire… Tu es loyale…
    Et comme il revenait à l’arche de ses jambes, elle soupira, le laissa jouer avec ses boucles et ses secrets toujours tièdes, soyeux, tentateurs.
    — J’aime ta force et ta douceur, Ogier… et ce feu dont tu brûlais et me brûlais, il y a peu… J’ai peur qu’on nous sépare… Un jour sans toi serait comme un châtiment, une injustice que je n’aurais pas méritée…
    Ce n’était ni le lieu ni le moment de révéler le serment fait à Sirvin et le long cheminement vers Payns au mois de décembre… Ils en étaient pourtant si proches !… Il partirait. Il tiendrait sa promesse et reviendrait promptement, plus aimant – s’il se pouvait – que ce soir même.
    — Ma belle épouse : un seul être a un pouvoir de nous séparer sans que je puisse contrester à sa volonté : le roi qui m’a fait son

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