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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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achetés, souvent de l'autre côté de la mer : en Orient.
    Doremus sourit.
    Des missions accomplies au service de mes sei≠gneurs, l'une chez les Sarrasins, l'autre chez les Vikings, m'en ont instruit suffisamment.
    Pardonne-moi, maître! Je n'avais certainement pas l'intention de t'en remontrer! Je veux simplement en venir à ceci : les Juifs, de Narbonne en particulier, ont la haute main sur ce commerce; ils paient avec ponctualité les droits prescrits, jusqu'à la dernière obole. De plus, ils ont promis à Charles le Pieux qu'aucun chrétien ne figurerait parmi ceux qui sont déportés comme esclaves. Ils observent, je dois le dire, cette promesse avec tout le zèle qu'on leur connaît.
    Ils le peuvent, ne serait-ce qu'en reconnaissance des privilèges que notre magnanime souverain leur a accordés.
    Cependant, dès lors que cette communauté
    s'acquitte de ce qu'elle doit et applique les prescrip≠tions édictées, elle s'estime en droit de veiller, et avec une rigueur extrême, à ce que des compétiteurs qui
    s'en dispenseraient ne viennent troubler le jeu. Leur gaon (Chef d'une communauté juive.), Baruch, fils d'Amos, est intraitable sur ce point,
    soutenu en cela bien entendu par l'archevêque Nebridius et par le comte Sturmion. Plus d'un fraudeur ayant
    tenté de tromper les uns et les autres a disparu sans laisser de trace.
    …videmment, si la Loi et les Prophètes (L'Ancien Testament. ), et les
    …vangiles se rejoignent, les tricheurs n'ont aucune chance d'échapper à un sort f‚cheux... En tout cas notre Amalbert, selon toute apparence, a préféré
    prendre le large. Reste à savoir s'il s'abstenait de payer son d˚.
    Je le parierais volontiers, dit Nogret en désignant d'un geste ample le domaine o˘ ils se trouvaient. Ce lieu écarté, cette discrétion, ces chiens dont le colpor≠teur nous a parlé...
    Je le parierais aussi, acquiesça Doremus. Ce qui me conduit à ceci : Amalbert ne se mettait pas en quête d'esclaves lui-même, je suppose. Il avait besoin de complices. Il n'en assurait pas le transport. Il lui fallait recourir à des armateurs, bien peu scrupuleux si nos suppositions sont exactes.
    -
    L'espèce n'en manque pas !
    Doremus demeura un instant pensif.
    -
    C'est singulier quand même, plaça-t-il. Nous
    partons à la recherche d'un suborneur et vois o˘ nous parvenons : sur la piste de méfaits d'une tout autre envergure qu'un enlèvement !
    Il hocha la tête avec un air résolu.
    -
    J'aurais d˚ m'en douter pourtant! Oui, Nogret, on ne met pas à mort deux femmes appartenant à des familles renommées, surtout de cette abominable façon, l'une et l'autre semblablement, sans des raisons plus puissantes que l'envie ou la jalousie ordinaires.
    Il soupira.
    -
    Revenons à cette villa vide de tout occupant!
    Pourquoi Amalbert a-t-il donc levé le camp avec sa bande et à quel moment?
    Le Burgonde et son compagnon se dirigèrent vers le b‚timent principal et purent y pénétrer par une fenêtre mal fermée. Dans une chambre ils trouvèrent un peigne de femme qui avait glissé sous une tenture, mais aucun vêtement. D'autre part, ils n'observèrent aucun indice permettant de supposer qu'une lutte s'était déroulée dans cette demeure. Dans la cuisine ne subsistait aucune denrée rapidement périssable, mais seulement, dans des jarres, de la farine, des fèves, des pois chiches, de l'huile et un fond de vin. Nogret fit remarquer qu'il n'avait pas " tourné au vinaigre ". Tous les ustensiles étaient rangés avec soin. Cela don≠nait à penser qu'une femme avait séjourné dans cette maison. Et, selon toute apparence, ses habitants en étaient partis sans h‚te, tranquillement. quand? En examinant le potager o˘ les mauvaises herbes n'avaient pas encore repoussé, Nogret crut pouvoir conclure que les occupants étaient sur place moins d'une semaine auparavant. L'état de l'écurie révéla que des chevaux y avaient été
    mis à l'abri récemment. Enfin, il n'était pas exclu que des domestiques aient campé non loin des abris pour esclaves (à moins que ce n'aient été
    les esclaves eux-mêmes) : des tas de cendres indiquaient que plusieurs foyers avaient été allumés sous des trépieds dont on pouvait encore dis≠tinguer les empreintes.
    - Ces constatations nous permettent sans doute de déduire à peu près à quel moment ces lieux ont été abandonnés, fit remarquer l'assistant des missi, mais non par qui exactement. En particulier, nous ne savons pas quand Laure en est

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