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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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fait au siège du parti, sur quoi l’organisateur en question n’y remit plus les pieds. Ï1 y avait quelque chose de bizarre là-dessous, il avait noté la présence, dans le parti, de gars qui flirtaient avec les Rouges, des hommes comme Big Joe Durmey ou encore ce type de Jim Andrews et puis d’abord il ne devrait pas y avoir de place dans le parti pour des cafards. C’étaient des types de cette espèce qui lui tiraient toujours dans les pattes, voilà pourquoi il n’est jamais arrivé à rien. Il pensa à Whitey Lyon, et de nouveau il éprouva une pointe d’envie. Tous le devançaient, alors que lui moisissait ici. Il n’y avait personne à qui l’on pût se fier. Le loup mange le loup.
    Il plia le journal et le fourra dans sa poche. Croft les appelait. Ils quittèrent leurs tentes, se dirigeant vers le camion qui devait les emmener à leur travail sur la route. Le soleil ne s’était levé que depuis une heure, et la matinée avait encore toute sa jeune fraîcheur. Gallagher songea vaguement à des frais matins d’été, quand il partait au travail et que le pavé était encore froid et net après la nuit. Il avait oublié son journal, et tout en se hissant dans le camion, il chantonnait.
    Au bureau de poste – une tente pyramidale garnie de deux tables – le vaguemestre triait le courrier dont les destinataires n’ont pas pu être touchés. Entouré d’un bout de ficelle, un paquet de vingt lettres adressées à Hennessey traînait depuis des heures sur le coin d’une table. Le vaguemestre, qui le remarqua finalement, fut contrarié : lui qui se piquait de connaître par cœur les noms de tous les hommes du régiment, il ne put situer celui d’Hennessey.
    « Est-ce que Hennessey a été changé de compagnie ? demanda-t-il à son aide.
    – Je sais pas, le nom est familier. » L’aide-vaguemestre réfléchit un instant, puis ajouta : « Attends voir, je me rappelle, il a été bousillé le jour du débarquement. Il était content de se souvenir, alors que le vaguemestre avait oublié.
    – C’est ça, fit le vaguemestre hâtivement. Droit sur la plage, j’en ai parlé avec Brown. » Il regarda les enveloppes ficelées, soupira, y appliqua un tampon. « Destinataire tué à l’ennemi. » Il fut sur le point de mettre le paquet dans l’un des sacs à ses pieds, quand il nota l’adresse de l’expéditeur. Il parcourut les enveloppes, découvrit qu’elles portaient toutes la même adresse. « Hé ! regarde ça », dit-il à son aide.
    « Mama et Papa, 12 Riverdale Avenue, Tacuchet, Indiana », lut l’aide-vaguemestre. Pendant un moment il imagina un couple grisonnant, à la joue rose, la Mama et le Papa reproduits à des milliers d’exemplaires sur les affiches qui vantent des limonades et des gargarismes et des pâtes dentifrices, « Dis, si c’est pas triste, fit-il.
    – Sûr que c’est triste.
    – Ça vous fait réfléchir », dit l’aide-vaguemestre.
    Après le repas de midi, Gallagher était assis sous sa tente quand Croft l’appela. « Qu’est-ce qu’y a ? demanda Gallagher.
    – L’aumônier veut te voir, dit Croft.
    – Pour quoi faire ?
    – Je sais pas, fit Croft, haussant les épaules. Pourquoi que t’irais pas voir ? Nous serons partis quand tu seras de retour, alors tu resteras de garde au bivouac pour l’après-midi. »
    Gallagher traversa le camp et s’arrêta face à la tente de l’aumônier. Son cœur battait rapidement, et il s’efforçait de contrôler son émotion. Avant le débarquement à Anopopéi il avait demandé à l’aumônier si celui-ci n’avait pas besoin d’un second assistant, et l’aumônier promit de considérer la chose. Pour Gallagher cela signifiait exemption du service et des corvées, et plus d’une fois il se permit de rêver à cette éventualité.
    « Bonsoir, mon père, fit-il. On m’a dit que vous vouliez me voir. » Sa voix était polie et incertaine, et l’effort qu’il s’infligeait pour surveiller son langage le faisait transpirer.
    « Asseyez-vous, Gallagher. » Le père Leary était un homme entre deux âges, de taille svelte et élancée, au cheveu clair et à la voix câline.
    « Qu’est-ce qu’il y a, mon père ?
    – Fumez, mon fils, ne vous gênez pas. » Il lui donna du feu. « Vous recevez beaucoup de courrier de chez vous, Gallagher ?
    – Ma femme m’écrit presque tous les jours, mon père. Elle attend un bébé d’un jour à l’autre.
    – Oui », fit le père

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