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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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faire pour te démerder s’il t’arrive un coup sur. Regarde Gallagher. Ce pauvre con, voilà sa femme morte et il peut pas bouger d’ici. »
    Polack grimaça. « Tu veux savoir pourquoi Gallagher la trouve mauvaise ?
    – Je sais pourquoi.
    – Non, tu sais pas, Y avait un cousin à moi que sa femme s’est tuée dans un accident. Jésus, t’aurais dû le voir, celui-là. Et pourquoi, je te demande ? Pour une poule. J’ai essayé de lui parler, j’y ai dit : « Ecoute, pour-« quoi foutre que tu chiales comme ça ? " C’est pas les « poules qui manquent. Dans six mois te seras tout re-« tapé, et tu te rappelleras même pas l’air qu’elle avait, « ta femme. » Il me regarde, et se met à gueuler : « Oh ! « oh ! oh ! », et moi de lui expliquer une fois de plus le coup. Alors, lui, qu’est-ce que tu penses qu’il me dit ?
    – Oui, et alors ?
    – Il dit : « Six mois, non^ mais qu’est-ce que je vas « faire cette nuit ? »
    Minetta rit malgré lui. « Tu veux que je te croie ? »
    Polack haussa les épaules, se chargea d’une caisse. « Qu’est-ce que tu veux que ça me fait, si tu crois ou non ? Je te le dis, c’est tout. » Il se mit en marche. « Hé ! quelle heure qu’il est ?
    – Deux heures. »
    Polack soupira. « Deux heures de plus de cette merde. »
    Il s’avançait lourdement sur le sable. « Ecoute que je te parle de cette gonzesse qu’a écrit un livre », dit-il.
    A trois heures de l’après-midi la section fit halte – la dernière de la journée. Stanley s’allongea sur le sable, à côté de Brown, et lui offrit une cigarette. « Vas-y, sers-toi, de toute façon tu vis sur mes cigarettes. »
    Brown s’étira en grommelant. « Je me fais vieux. Tu sais, dans cette chaleur tropicale y a pas moyen de montrer ce qu’on est capable de faire comme boulot.
    – Pourquoi que t’avoues pas que t’as envie de tirer au flanc ? » Un changement s’était produit dans son attitude envers Brown depuis qu’il avait été nommé caporal. Il n’était plus constamment d’accord avec Brown, et il le raillait fréquemment. « Une semaine encore et tu seras comme Roth.
    – Va te faire enfourner.
    – Allez, je te taquine, sergent. » Stanley ne s’était pas aperçu de son changement d’attitude. Constamment sur le qui-vive lors des premiers mois de sa présence dans la section, il n’avait jamais ouvert la bouche sans avoir d’abord réfléchi quant à l’opportunité de ce qu’il allait dire, choisissant avec soin ses amitiés, réglant su conduite sur les sympathies et les antipathies de Brown. Insensible ment, sans s’être d’ailleurs appesanti sur sa propre attitude, il influença celle de Brown envers ceux des hommes de la section au sujet desquels celui-ci n’avait pas encore d’opinion arrêtée. Par contre, il trouva politique de sympathiser avec ceux dont Brown parlait en termes approbateurs. Mais il ne s’était jamais formulé ces choses clairement ; bien qu’il sût qu’il avait désiré passer caporal, il ne se l’était jamais avoué. Simplement, il avait obéi aux insinuations et aux anxiétés nées de ses rapports avec Brown.
    Brown l’avait percé, il riait de lui sous cape, mais il avait fini par le recommander pour la promotion. Encore qu’il n’en eût pas conscience, il se trouva dépendre de Stanley : son admiration et son respect, l’intérêt illimité qu’il manifestait à tout ce que Brown avait à dire, réchauffaient le cœur de celui-ci. Il se disait bien : « Stanley me lèche le cul et il se moque de moi », et pourtant, quand Croft lui eut parlé à propos d’un nouveau caporal, il ne put penser à personne d’autre que Stanley. Il découvrit des objections à la désignation de celui-ci ou celui-là ; il avait oublié que son dédain à l’endroit des hommes que lui et Croft passèrent en revue pour la promotion, lui avait été inspiré par Stanley. A sa propre surprise, il s’était vu faisant les éloges de Stanley.
    Plus tard, quand Stanley s’accoutuma à donner des ordres, le changement se fit plus apparent. Sa voix acquit de l’autorité, il se mit à brimer ceux qui lui déplaisaient, et il apporta de la familiarité dans ses rapports avec Brown. Là aussi, sans se l’être clairement formulé, il sut que Brown ne lui était plus d’aucune aide ; il allait rester caporal jusqu’à ce que l’un des sergents fût blessé ou tué. Il continua d’abord

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