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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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poussière. Joséphine, bégaie-t-il.
    Ça va, petit. Il se marre. Dieu, je suis content que j’ai pas à bosser aujourd’hui. Il bâille. J’espère que Sally Ann découvre pas que j’ai point encore mes dix-neuf ans. Mais elle m’aime bien quand même, c’est une bonne petite vieille garce.
    Une Négresse, dans les dix-huit ans, passe son chemin, ses pieds nus soulevant devant elle un fin nuage de poussière. Elle ne porte pas de soutien-gorge sous son chandail, et ses seins au mouvement balancé semblent très pleins et très doux. Son visage est rond et sensuel.
    Il la regarde et remue de nouveau ses jambes. Nom de Dieu. Ses hanches puissantes roulent avec lenteur, et il la suit du regard avec plaisir.
    Un de ces jours je vas tâter de cette bidoche-là.
    Il soupire une fois de plus, avec complaisance, puis il bâille. L’effet du soleil sur ses reins est presque insupportablement délicieux. C’est sûr qu’il faut pas grand-chose pour qu’un gars il se sent heureux.
    Il ferme les yeux. C’est fou le bon temps qu’on peut se payer.
    Il fait sombre dans l’atelier de bicyclettes où les établis sont tachés de graisse. Faisant le tour de la bécane, il en scrute les freins à main. Il-n’a vu, à ce jour, que des freins à essieu arrière, et cela le confond. Faut peut-être que je demande à Wiley comment qu’on fixe ces petites merdouilles. Il se tourne vers son patron, puis s’arrête. Ferai aussi bien de me débrouiller tout seul, décide-t-il.
    Il s’accroupit dans le demi-jour, trace la tension des freins le long du câble, pousse le patin contre la jante métallique. Après examen il découvre qu’un écrou lâchement vissé a relâché le câble, et il le resserre. Les freins se mettent à fonctionner.
    C’est un type calé qu’a inventé ça, se dit-il. Il est sur le point de remiser le vélo, quand il décide de le démonter. Je m’en vas apprendre tous les petits trucs de ces freins.
    Une heure plus tard, après avoir démonté et remonté la machine, il sourit de contentement. Y a rien qui vaut une pièce de machinerie. Il éprouve une profonde satis faction en retraçant dans son esprit les câbles et les bon Ions et les leviers qui font un frein à main.
    C’est simple toute cette machinerie, y a qu’à piger. Il sifflote, satisfait de lui-même. Je parie que dans un an ou deux y aura point de bricole que je saurai pas faire marcher.
    Mais, deux ans plus tard l’atelier de bicyclettes ayant fermé à cause de la crise, le seul emploi qui s’offre à lui c’est de travailler au pourboire comme garçon d’étage dans le grand hôtel situé au bout de la rue principale. Il s’y fait quelques sous, et il y a toujours moyen de s’y procurer des femmes et à boire. Quand c’est son tour d’être de service de nuit, il est rare qu’il manque de se trouver quelque fille avec qui passer une couple d’heures.
    Un de ses copains possède une vieille Ford, et en fin de semaine, quand il est libre, tous deux s’en vont vadrouiller sur les routes sablonneuses, une cruche d’alcool de maïs ferraillant entre eux, sur le tapis de caoutchouc, contre le levier de changement de vitesse. Parfois ils embarquent une paire de filles avec eux, et bien des dimanches il leur arrive de se réveiller dans une chambre inconnue sans qu’ils sachent comment ils y ont échoué.
    Un beau dimanche il se réveille homme marié. (Se retournant dans son lit, coulant son. bras autour du ventre rond qui repose à ses côtés. Les draps sont tirés pardessus sa tête et il regarde la peau tiède et le triangle de poils noirs. Il met son doigt dans le nombril de la femme.) Allez, debout. Il essaie de se rappeler le nom de sa compagne.
    Bonjour, Woodrow. Sa face est lourde et puissante, et elle brille uniquement en se tournant vers lui. Bonjour,’tit mari.
    Mari ? Il secoue la tête, et les événements de la veille lui reviennent peu à peu. Vous êtes bien sûrs, vous deux, que vous voulez vous marier ? avait dit le juge de paix. Il se met à rire. Nom de Dieu ! Il essaie de se souvenir où il l’avait rencontrée.
    Où qu’est vieux Slim ?
    L’est avec Clara dans la chambre à côté.
    Marié aussi, vieux Slim ? C’est ça, l’est marié. Wilson se remet à rire. Dés scènes d’amour commencent de défiler dans sa mémoire, et son sang s’allume. Il la caresse avec douceur. T’es bonne à croquer si je me rappelle bien, mon chou.
    T’es un bel homme, Woodrow, dit-elle d’une voix

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