Les Nus et les Morts
altérée.
Vo-oui. Il réfléchit pendant un instant. (Faut bien que je me suis marié un jour ou l’autre. Je vas déménager de chez papa et prendre cette maison dans la Tolliver Street, et on va s’installer.) Il la regarde de nouveau, détaille ses charmes. (Je savais ce que je faisais même si que j’étais soûl.) Il pouffe. Mariés nom de Dieu, viens qu’on se donne une bise chérie.
Le lendemain de la naissance de son premier enfant, à l’hôpital, il a une conversation avec sa femme.
Alice, chouchou, je voudrais bien que te me donnes un peu d’argent.
Pour quoi faire, Woodrow, te sais bien pourquoi je garde l’argent, la même chose va arriver que la dernière fois Woodrow, on a besoin de cet argent, faut qu’on a de quoi payer pour l’enfant vu qu’il est né à l’hôpital.
Il approuve de la tête. Alice, un homme ç’a envie de se soûler de temps à autre, je bosse salement dur au garage et j’ai comme qui dira envie de me payer un bout de bon temps, je peux pas être plus franc avec toi.
Elle le dévisage d’un air soupçonneux. T’iras pas au moins coucher avec les femmes.
J’ai plus que marre d’entendre ça, Alice, si que te fais pas confiance à ton propre mari t’es joliment mal fichue, je suis comme qui dira offensé que tu me parles comme ça.
Elle lui fait un chèque de dix dollars, gribouillant laborieusement son nom. Il sait qu’elle est fière de son carnet de chèques. T’écris fameusement bien, dit-il.
Te reviendras demain matin, chéri ?
Sûr.
Dans la rue, après avoir encaissé le chèque, il s’arrête pour boire un coup. Je sais pas, une femme l’est le plus foutu animal que Dieu a jamais fait, annonce-t-il. L’est une chose quand tu te maries avec, et foutre si qu’elles sont pas tout le contraire après coup. Tu le maries avec une fille qu’est pucelle et ça te devient une putasse, et tu le maries avec une putasse et voilà foutre qu’elle fait la popote et elle coud et elle serre les jambes pour tout le monde sauf pour toi, et que je crève si qu’avec le temps quand elle en a marre elle lies serre pas pour toi aussi. (Rires.) Je vas vous dire une chose, je vas être un homme libre pendant deux jours.
Il vadrouille sur la route et fait de l’auto-stop par les terres incultes. Plus tard il hisse son gallon d’alcool de maïs sur son épaule et clopine le long d’une piste bordée de pins rabougris. Arrivé devant une cabane de ferme, il en ouvre la porte d’un coup de pied. Clara, mon chou.
Woodrow – toi ici, non mais ?
Oui, me suis dit que je te verrai pour un moment.
Vieux Slim fera mieux de savoir qu’on s’en va pas pour toute une semaine, boulot ou pas boulot.
Je pensais qu’il était ton ami.
Sûr, mais sa femme est plus jolie. (Ils rient.) Viens par ici, petite, qu’on boit un coup. Il se débarrasse de sa chemise et attire Clara sur ses genoux. Il fait intensément chaud dans la cabane et il se serre contre la femme. Je vas te dire une chose, y a quelque temps y avait une petite vieille putain que je me suis envoyée douze fois en une seule nuit, et vu comme je bande maintenant et avec tout le jus que j’ai dedans mes tripes, je m’en vas battre ça avec toi.
Te feras mieux de pas boire trop, Woodrow, ça va te la couper.
Y a rien qui me la coupe, je suis un gars qu’est porté sur la chose. Il incline le gallon sur ses lèvres et se flatte le cou avec plaisir tandis qu’un filet de liquide coule le long de son oreille pour aller s’e perdre parmi le poil doré de son torse.
Woodrow, je pense que t’es un misérable, y a rien de si bas qu’un homme qui raconte des menteries à sa femme et dépense tout leur argent pendant qu’elle est à l’hôpital avec son bébé. (La voix d’Alice est geignarde.)
J’y vas rien te répondre, Alice, mais assez bavardé, je suis un bon mari la plupart du temps et t’as pas à me parler comme ça, je voulais seulement me payer une petite rigolade et je me la suis payée et te feras mieux d’arrêter à me chercher des crosses.
Woodrow, je suis une bonne épouse, je te suis restée fidèle comme une femme peut l’être depuis le jour qu’on s’est mariés, et t’as un enfant maintenant et faut que tu te ranges, qu’est-ce que tu penses que j’ai senti quand j’ai découvert que t’as écrit un autre chèque en mon nom et que t’as pris tout l’argent qu’on avait.
Je me disais que te seras contente de voir que j’ai pris un peu de bon temps, mais tout ce
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