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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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j’y fasse, moi ?
    – C’est à vous d’y répondre. »
    Le médecin regarda la faîtière de la tente avec une expression de dégoût. « Ça ne vous ferait rien d’aller à l’hôpital, je suppose.
    – – Je veux seulement qu’on me retape. » La phrase du médecin l’avait incommodé. Etait-ce pour cela qu’il s’était présenté à la visite ?
    « Un rapport que nous venons de recevoir de l’hôpital nous demande de débusquer les tireurs au flanc. Comment puis-je savoir si vous ne feignez pas vos symptômes ?,
    – Y a des tests que vous pouvez faire, n’est-ce pas ?
    – Oui, si nous n’étions pas en guerre. » Il remit à Red un paquet de cachets, qu’il prit sous sa table. « Avalez-en avec pas mal d’eau, et si vous feignez toute l’affaire vous n’avez qu’à fiche ça en l’air. » Red pâlit. « Au suivant », dit le médecin.
    Red fit demi-tour et quitta la tente à grandes enjambées. « C’est la dernière fois que j’ai affaire à ces enfournés de toubibs. » Il tremblait de rage. « Si vous feignez… » Il revoyait les endroits où il avait dormi en plein hiver, les bancs dans les parcs, les ruelles glaciales. « Eh, qu’ils aillent se faire foutre. »
    Il se souvint d’un soldat, en Amérique, mort faute d’avoir été admis à l’hôpital. Bien que fiévreux, il dut participer aux exercices pendant trois jours entiers, la loi de l’hôpital étant de n’admettre personne avec moins de trente-neuf degrés de température. Le quatrième jour, peu d’heures après son hospitalisation, l’homme mourait d’une double pneumonie,
    « C’est du tout prévu avec eux, pensait-il. Plus ils te font enrager plus t’es sûr de te casser la tête contre un mur, et c’est comme ça qu’ils te font marcher droit. Sûr, çà et là un type en crève, mais qu’est-ce que ça lui fout, à l’armée, un gars de plus ou de moins. Ces charlatans reçoivent ordre de te traiter comme un chien. Une juste et amère satisfaction lui venait de cette constatation. On dirait que nous sommes pas des hommes. »
    Mais, en même temps, il savait que la peur étoffait sa colère. « Y a cinq ans, ce toubib je l’aurais envoyé paître. Ces références à ce qu’il aurait fait dans le temps étaient comme de vieilles plaisanteries cent fois ressassées. Même quand on la fermait, on n’en finissait pas de se faire emmerder. On tiendrait pas le coup un mois si on voulait tout faire à sa tête, se dit-il. Et pourtant la vie ne valait rien si on se laissait marcher sur les pieds. Il n’y avait pas moyen de concilier cette contradiction. »
    La voix de Wilson le surprit. « Allez Red", viens qu’on s’en va.
    – Oui. » Ils se mirent en marche.
    Wilson gardait le silence. Son front large et haut était plissé. « Red, je dis que c’est dommage qu’on s’est fait porter malade.
    – Oui.
    – – Faut que je me fais op-pé-rer.
    – Tu vas à l’hosto ? »
    Wilson secoua la tête. « Nan, le toubib dit que ça peut attendre jusqu’après la guerre. Y a pas de presse.
    – Qu’est-ce qui cloche avec toi ?
    – J’en sais foutre rien, dit Wilson. Ce gars-là dit que je suis tout bousillé dedans mes tripes. » Il sifflota pendant un instant, puis ajouta : « Mon vieux est mort d’une op-pé-ration, alors j’aime pas ça.
    – Eh, dit Red. C’est pas bien grave, parce qu’autrement ils t’auraient pris tout de suite.
    – J’y pige rien du tout, Red. Tu sais, j’ai attrapé la pisse cinq fois et je me la suis guérie à chaque. coup. Un pote à moi m’a expliqué la combine, ça s’appelle pirdon ou pridion ou queuque chose comme ça, j’avais qu’à en prendre un peu et ça me remettait d’aplomb en cinq secs, mais ce toubib il dit que ça m’a fait rien de rien.
    – Il s’y connaît pas.
    – Oh ! sûr que c’est un fils de garce, mais, Red. la vérité vraie c’est que je suis tout bousillé dedans mes tripes. Je peux pas pisser comme je veux et j’ai mal dans le dos, et parfois j ai des crampes. » Il fit claquer ses doigts avec mépris. « C’est foutrement mal goupillé, Hed.
    Tu prends une chose comme l’amour, c’est si bon et tiède et on s’y sent comme coq en pâte, et total ça finit par te mettre les dedans à l’envers. J’y comprends rien, et si tu veux savoir moi je pense que ce toubib-là il se trompe. Faire l’amour ça peut pas faire de mal à un gars.
    – Ça peut, dit Red.
    – Ben, y a

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