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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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ordre enjoignant aux hommes d’avoir à ne se servir que du produit en question.
    Quelque peine que ses hommes se donnent pour tenir en état les latrines, il les trouve toujours en défaut lors de ses inspections quotidiennes. Un matin, il se met à quatre pattes, soulève la plaque de drainage, et punit la section parce que le tuyau d’écoulement est graisseux.
    Il fait passer une aiguille dans les fissures des marches pour dépister une trace de poussière.
    Dans les épreuves sportives qui ont lieu tous les étés, ses hommes remportent toujours la palme. Il les met à l’entraînement dès le début de février.
    Le plancher du mess est récuré à l’eau bouillante après chaque repas.
    Il est toujours après ses hommes. Un samedi, jour de grande inspection, comme on s’attend à la visite d’un général, il instruit son sergent-chef à l’effet de voir que tes hommes graissent les semelles de leurs chaussures de réserve, lesquelles seront exposées au pied de leur lit.
    Il lui arrive, même au cours d’une revue, de démonter un fusil afin de vérifier la propreté du ressort qui actionne la gâchette.
    La plaisanterie qui court sur son compte dans sa compagnie c’est qu’il songe à mander à ses hommes d’avoir a se déchausser avant que d’entrer dans la caserne.
    Les officiers supérieurs s’accordent à dire que le capitaine Cummings est le meilleur officier subalterne de la place.
    Lors d’une visite dans sa famille à Boston, Margaret est interrogée.
    Tu ne comptes toujours pas avoir des enfants ?
    Non, je ne pense pas, dit-elle en riant. J’ai peur d’en avoir. Edward leur ferait récurer leur berceau.
    Ne crois-tu pas que sept années c’est un long temps ?
    Oh ! je suppose que oui. Et puis je ne sais pas, ù vrai dire.
    Il n’est pas bon d’attendre si longtemps.
    Margaret soupire. Les hommes sont très bizarres, positivement bizarres. Ils ne correspondent jamais à l’ idée qu’on se fait d’eux.
    Les lèvres étroites de sa tante se pincent. J’ai toujours eu le sentiment, Margaret, que tu aurais mieux fait d’épouser quelqu’un de notre monde.
    C’est un préjugé terriblement vieillot. Edward sera un grand général. Tout ce qu’il nous faut c’est une guerre, et je me sentirai comme Joséphine.
    (Les coups d’œil sagaces,) Ta désinvolture n’est pas de mise, Margaret. J’avais espéré qu’après toutes ces années le mariage te rendrait plus… féminine. Il n’est pas très sage d’épouser quelqu’un dont on ne sait rien, et j’ai toujours soupçonné que tu as épousé Edward précisément pour cette raison. (La pause significative.) Ruth, la femme de Thatcher, attend son troisième enfant.
    (Margaret est en colère.) Je me demande si je serai aussi obscène que toi quand je serai vieille.
    J’ai peur que tu sois toujours une impertinente, ma chère.
    Aux soirées dansantes du samedi soir Margaret s’enivre un peu plus fréquemment. Il y a des moments où elle frise l’inconvenance.
    Tout seul, capitaine ? remarque la femme de l’un des officiers.
    Oui. J’ai peur que je suis un peu trop vieux jeu. La guerre et… (Son mari a pris du service après 1918.) Je regrette souvent de n’avoir jamais appris a bien danser. (Sa manière d’être, qui devra le distinguer des autres officiers de carrière, commence de se préciser dans ces années.)
    Votre femme danse.
    Oui. (A l’autre bout du club des officiers un groupe d’hommes forme cercle autour de Margaret. Son rire est très haut, sa main repose sur l’avant-bras d’un sous-lieutenant.) Il la regarde avec dégoût.
    Du Webster : haine, s, forte aversion ou détestation ; mauvaise volonté ou malveillance invétérées.
    Fil qui traverse la plupart des mariages ; qui commence de prédominer chez les Cummings.
    La froideur de cette haine. Pas de querelles. Pas d’invectives.
    Il est tout application maintenant, tout étude. Chez lui, dans les demeures successives qu’il occupe au gré de ses nominations, il s’enferme dans une pièce et passe cinq ou six nuits par semaine à lire. Il rattrape à pas de géant ce qu’il y a de négligé dans son éducation. La philosophie, d’abord, puis les sciences politiques, la sociologie, la psychologie, l’histoire, et même l’art et la littérature. Il absorbe tout grâce à la puissance fantastique de sa mémoire, absorbe et immédiatement transmue ses acquisitions en quelque chose d’autre, en quelque chose qui satisfasse les

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