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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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Mantelli, officier d’état-major.
    « Dites donc, mon capitaine, vous allez me donner cet autre homme de l’escouade du Q. G. »
    Mantelli était un homme blond qui portait des lunettes et qui riait gaiement d’une voix de tête. Devant l’impétueuse sortie de Croft il esquissa un geste moqueur de défense, en se couvrant le visage des deux mains.
    « Un instant, Croft, dit-il en riant, je ne suis pas un de ces maudits Japonais. Qu’est-ce qui vous prend d’entrer ici en trombe et de mettre sens dessus dessous cette belle demeure ?
    – Mon capitaine, j’ai été à court de monde assez longtemps, et je marche plus. J’en ai marre de risquer la peau de mes gars quand y a sept hommes, sept hommes ’nom de Dieu, assis sur leur cul au Q. G., faisant le planton et le diable sait quoi pour vous autres les officiers. »
    Mantelli poussa un rire. Il fumait un cigare qui avait un air incongru dans son mince visage. « Croft, imaginez que je vous donne ces sept hommes : qui, par tous les diables, qui me passera mon papier hygiénique quand il m’arrive d’en avoir besoin ? »
    Croft empoigna le rebord de la table et lança un regard furieux à Mantelli. « Vous pouvez plaisanter, mon capitaine, mais je connais mes droits. Ce cinquième homme appartient à ma section. Tout ce qu’ils lui feront faire, là-bas au Q. G., c’est tailler des crayons. »
    Mantelli rit de nouveau. « Tailler des crayons ! Nom de Dieu, Croft, je ne pense pas que vous ayez une bonne opinion de moi. » L’air du soir soufflait du côté de la plage, faisant claquer les rabats de la tente où il n’y avait personne à part les deux hommes. « Ecoutez, continua Mantelli, je sais que c’est une sacrée honte que vous soyez à court d’hommes, mais qu’y puis-je, moi ?
    – Vous pouvez me donner ce cinquième homme. Il est assigné à ma section, et je suis le sergent de ma section. Il me le faut. »
    Mantelli frotta ses pieds sur le sol battu de la tente. < Qu’est-ce que vous pensez qu’il se passe là-bas, au service des opérations ? Le colonel Newton s’amène, et par Dieu il s’aperçoit que le boulot n’est pas fait, et le voilà qui perd comme qui dirait un soupir : « Les choses ne « vont pas bien vite ici », et je voudrais être damné si ça ne me retombe pas sur le dos. Croft, réveillez-vous, vous ne comptez pas, la seule chose qui compte c’est qu’il y ait assez de fonctionnaires pour faire marcher les bureaux du Q. G. » Il fit rouler son cigare dans sa bouche, comme s’il pesait une hypothèse. « Maintenant que le général et tout son état-major bivouaquent ici, en sorte qu’il n’y a plus moyen de cracher sans faire mouche sur quelque conseil de guerre, maintenant on puisera encore davantage dans votre section. Et si vous n’arrêtez pas de rouspéter, je vous mets au nettoyage des rubans de machine à écrire.
    – Ça m’est égal. Vous me donnez cet autre homme ou bien je vais voir le commandant Pfeiffer, le colonel Newton, le général Cummings. Je m’en fous. Ma section sera pas toujours de corvée sur la plage, et je veux mon compte de bonshommes. »
    Mantelli soupira. « Croft, si on vous laissait faire vous feriez votre tri dans les bouche-trous comme si vous achetiez des chevaux.
    – Et comment encore que je le ferais, mon capitaine.
    – Mon Dieu, vous ne me laissez jamais un moment de paix, vous autres. » Il se renversa sur sa chaise, flanquant un coup de pied à sa table. A travers les rabats de la tente il pouvait voir la plage, encadrée dans un bouquet de cocotiers. Très au loin une pièce d’artillerie tira un coup de feu.
    « Cet homme, vous allez me le rendre, oui ?
    – Oui, oui, oui… » dit Mantelli, regardant de côté. Sur le sable, à une centaine de mètres de là, les bouche-trous montaient leurs tentes. Loin en mer quelques bateaux Liberty à l’ancre disparaissaient dans la brume du soir. « Oui, je vous le donnerai, ce pauvre couillon. » Il fouilla dans un tas de feuilles, suivit du doigt une liste de noms, souligna l’un d’eux avec son ongle. « Il s’appelle Roth. Vous en ferez à coup sûr un tirailleur à tout casser. »
    Les bouche-trous furent laissés sur la plage pour une autre couple de jours. Au soir du lendemain qui avait suivi l’échange entre Croft et Mantelli, Roth errait tristement entre les tentes. L’homme avec lequel il bivouaquait, un gars de ferme d’un bon naturel, était quelque part sous une

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