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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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l’école.
    Avec cette crise et tout nous ne savions pas s’il fallait les -envoyer au collège d’Etat, mais je crois que nous y voyons plus clair maintenant. M. Brown, ajoute-t-elle, a toujours voulu qu’ils y aillent, surtout que lui n’y a pas été.
    Le frère et la sœur sont de bons amis. Dans le salon où  le sofa d’érable est flanqué par le vase (qui a été un pot à fleurs) et la radio, la jeune fille se fait guider par son frère.
    Regarde, Willie petit, c’est facile. T’as pas besoin d’avoir peur de me tenir.
    Qui qu’a peur de tenir quoi ?
    Tu n es pas un si grossier personnage que ça, dit-elle du haut de la supériorité que lui octroie son aînesse. Bientôt tu auras des rendez-vous.
    Tu parles, s’exclame-t-il avec dégoût. Mais il sent ses petits seins effrontés contre son torse. Il est presque aussi grand qu’elle. Qui c’est qui va avoir des rendez-vous ?
    Toi.
    Ils traînent leurs pieds sur le carrelage rouge. Hé, Patty, quand Tom Elkins viendra te voir laisse-moi lui parler. Je veux savoir si je serai assez grand l’année prochaine pour entrer dans l’équipe de football.
    Tom Elkins, ce vieil imbécile.
    (C’est un sacrilège.) Il la regarde avec aversion. Qu’est-ce qui va pas avec Tom Elkins ?
    Tout va bien, Willie, tu seras de l’équipe.
    Il ne sera jamais d’une taille assez grande pour faire partie de l’équipe de football mais il deviendra chef de claque de son école, et il a persuadé à son père de lui acheter une auto d’occasion.
    Tu comprends pas, papa, j’ai vraiment besoin d’une bagnole. On a ses courses à faire. C’est comme vendredi dernier, quand j’ai eu à rassembler tout mon monde pour s’entraîner pour le match contre Wadsworth. J’ai perdu tout mon après-midi à courir.
    T’es sûr, fiston, que c’est pas une idée extravagante ?
    J’en ai vraiment besoin, papa. Je travaillerai l’été pour te rembourser.
    C’est pas la question, bien que je pense que tu devrais, rien que pour pas te dévergonder. Tu sais quoi, j’en parlerai à maman.
    Il remporte la victoire, et il sourit. Loin derrière sa tête, tout au fond de la sincérité qui marquait sa conversation avec son père, il y a le souvenir de bien d’autres conversations. (Les adolescents qui parlent en se rhabillant après la culture physique, leurs profondes discussions dans les caves converties en clubs.)
    Folklore : si tu veux tomber une fille, faut que t’aies une bagnole.
    Il s’amuse beaucoup pendant sa dernière année à l’école. Il fait partie du S. G. (Student Government) et il est nommé gérant de la School Dance. Il a ses rendez-vous, les samedis soir, au cinéma Crown, et une ou deux fois il est allé à l’auberge-dancing en dehors de la ville ; il a ses vendredis soir – des invitations chez les jeunes filles, qu’il ne manque presque jamais pendant toute une partie de l’année.
    Et il est toujours chef de claque. Il s’accroupit dans son pantalon de flanelle blanche, dans son chandail blanc qui le protège maigrement contre le vent de l’automne. Devant lui un millier d’adolescents en train de hurler, les filles se dandinant sur place dans leurs jupes de tartan vertes, leurs genoux rougis de froid.
    Un hourra pour l’équipe de Cardley, crie-t-il, courant de-ci, de là avec son mégaphone. Il y a un instant de silence, de respectueuse accalmie quand il étend son bras, l’agite au-dessus de sa tête, puis l’abaisse.
    Cardley high… Cardley high.
    hliiiiiiiiii score hiiiiiiii schoooool.
    Yaaaaaaaa team !
    Et la jeunesse hurle tout en le regardant qui fait la roue, qui retombe sur ses pieds en frappant des mains, le visage tourne ! vers le terrain de jeu, son corps dans une attitude de dévotion, de supplique. Tout ça est à lui. Un millier d’adolescents dans l’attente de son signal.
    Un des glorieux moments, que l’on ressortira plus tard.
    Pendant le décalage entre la saison de basket-ball et de base-ball il démonte sa voiture, installe un pot d’échappement (il en a assez de la pétarade qu’elle fait), graisse la boîte de vitesses, et repeint la carrosserie en vert pâle.
    D’importantes conversations avec son père.
    Il faut que nous songions sérieusement à ce que tu comptes faire, Willie.
    J’ai pris pour ainsi dire ma décision, papa. Je serai ingénieur. (Ceci n’est pas une surprise. Ils en ont parlé bien des fois, mais cette fois-ci il est tacitement entendu que c’est sérieux.)
    Eh bien, je

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