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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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Cummings, ils bégayaient leurs réponses d’une voix rauque et gênée. Naturellement, leur embarras était dû pour une grande part au fait d’avoir à parler à un général ; mais Cummings avait été si cordial, il avait tâché si ostensiblement de les mettre à leur aise… – En pure perte. Ses grands yeux avec leurs prunelles ris pâle avaient semblé presque vides, deux ovales d’un blanc effrayant. Hearn se souvenait d’un article de journal qui décrivait Cummings comme ayant les traits d’un bouledogue intelligent et de bonne race, un article qui spécifiait avec une touche de luxuriance que « en lui se combinaient effectivement la force, la ténacité, la puissance contenues de ce vaillant animal, avec toute l’intelligence, le charme et la tenue d’un professeur de collège ou d’un homme d’Etat. » Cela n’était pas plus exact que la plupart des articles de journaux, mais cela soulignait la théorie préférée d’Hearn quant au général. Pour ce reporter Cummings était Le Professeur, tout comme il était pour bien d’autres Le Général, L’Homme d’Etat, Le Philosophe. Chacune de ces poses était une déconcertante mixture de vrai et de faux, comme s’il assumait instinctivement telle de ses poses qui lui faisaient plaisir dans un moment donné ; – mais, derrière l’attitude demeurait l’homme mû par les seuls ressorts de sa propre loi.
    Hearn s’appuya au dossier de sa chaise. « Très bien. Je suppose que j’ai fait l’imbécile. Et puis après ? Il y a une espèce de plaisir à dire à quelqu’un comme Conn, d’aller se faire voir.
    – C’était complètement dénué de sens. Je suppose que vous considériez comme une espèce d’indignité d’avoir eu à l’écouter.
    – Fort bien. Admettons.
    – Vous avez agi comme un adolescent. Les droits que vous avez en tant que personne dépendent entièrement de mon caprice. Ça vaut la peine que vous y réfléchissiez. Sans moi vous êtes tout juste un sous-lieutenant, ce qui est je pense, la définition effective d’un homme sans âme. Vous ne lui aviez pas dit d’aller se faire voir – son déplaisir à prononcer « se faire voir » soulignait sa phrase – c’est moi, de fait, qui le lui ai dit, et je n’avais pas le désir de le faire à ce moment-là. Mais supposons que vous restiez debout pendant que vous m’adressez la parole. Vous pourriez aussi bien commencer par respecter es règlements. Je voudrais être damné si je vais permettre aux gens de vous voir vous prélasser ici comme si cette division était une association entre vous et moi. »
    Hearn se leva. Il notait un sombre, un enfantin ressentiment en lui-même. « Très bien », dit-il sarcastiquement.
    Le général lui sourit soudainement, d’un air moqueur.
    « J’ai entendu Conn débiter ses ordures depuis bien plus longtemps que vous. C’est assommant, Robert, parce que ça ne rime à rien. Je suis un peu déçu que vous ayez réagi d’une façon aussi primaire. » Sa voix papillonnait autour de l’ennui grandissant d’Hearn. « J’ai connu des hommes qui maniaient l’ordure au point d’en faire un grand art. Hommes d’Etat, politiqueurs. De propos délibéré, tout en rampant d’ailleurs. Vous pouvez vous abandonner à vos rages vertueuses, mais ce qui en résulte est bien médiocre. La grande affaire c’est de faire de soi-même l’instrument de sa propre politique. Que vous l’aimiez ou non, là réside le plus haut achèvement de la personne humaine. »
    Peut-être. Ceci était quelque chose en quoi Hearn commençait à croire. Mais, au lieu d’en convenir, il dit : « La portée de mon tir n’égale pas la vôtre, mon général. Simplement, je n’aime pas me laisser coudoyer. »
    Cummings le regarda fixement, c II y a une autre façon de voir la chose, vous savez. Je ne suis pas en désaccord avec Conn. Il y a un noyau de vérité dans bien des choses qu’il dit. Comme, par exemple : « Tous les juifs sont bruyants. » Il haussa les épaules. « Bien entendu ils ne sont pas tous bruyants, mais il y a une proportion indue de mauvaises manières dans cette race, admettez-le.
    – Si cela est, il faut encore le comprendre, dit Hearn. Ils vivent dans une atmosphère de tension bien différente de la nôtre.
    – Un exemple typique de boniment libéral. Le fait est que vous ne les aimez pas vous non plus. »
    Hearn était mal à son aise. Il y avait… il y avait des traces d’aversion qu’il

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