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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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hommes en marche, et il eut conscience que d’autres hommes traînaient les antichars à travers le bivouac. « Les Japonais poussent une pointe en direction du camp, se dit-il dans le sommeil. Ils vont le protéger maintenant. » Il était probablement fiévreux.
    Il se réveilla en entendant crier : « Reconnaissance ! Où est Reconnaissance ? » Le rêve qu’il eut reflua lentement, et il resta couché, à moitié endormi, entendant Croft qui sautait sur ses jambes, criant : « Ici ! Par ici ! » Sachant qu’il lui faudrait se lever à son tour dans peu de minutes, il s’emmitoufla plus profondément dans sa couverture. Il avait mal par tout le corps, et -il savait qu’en se levant il serait raide comme un piquet. « Allons les gars, debout ! cria Croft. Allez, debout, faut qu’on déménage ! »
    Red dégagea son visage. Il pleuvait toujours, et sa main se mouilla au contact de la couverture. Quand il aura remis sa couverture dans son sac, son sac lui aussi sera mouillé. Il se racla la gorge avec déplaisir et cracha à deux reprises. Il avait un goût infect dans la bouche. Gallagher s’assit à son tour, en grognant. « Nom de Dieu d’armée ! Pourquoi qu’ils nous laissent pas pioncer ? C’est-y qu’on s’est pas assez crevé cette nuit ?
    – On est des héros », dit Red. Il se leva et se mit à plier sa couverture. Elle était trempée d’un côté, crottée de l’autre. Il avait dormi avec son fusil près de lui, abrité sous la couverture, mais l’arme elle aussi était mouillée. Il se demandait depuis combien de temps il n’avait plus été au sec. « Merde de jungle, dit-il.
    –  Allez, les gars, du courage », dit Croft. Une fusée flamboya au-dessus de la brousse, tremblotant sur leurs uniformes mouillés. Red remarqua que la boue recouvrait le visage de Gallagher, et quand il se passa les mains sur son propre visage il les ramena souillées de fange. « Montre-moi le chemin du pays, fredonna-t-il. Je suis las et je veux aller au lit.
    – Tu parles », fit Gallagher. Ils finirent de boucler leurs sacs ensemble. La fusée s’éteignit, et le retour des ténèbres les aveugla pour un moment. « Où c’est qu’on va ? demanda Toglio.
    – A la compagnie A, dit Croft. Ils s’attendent d’être attaqués, là-bas.
    – C’est sûr qu’on est une section qu’a pas de veine, soupira Wilson. Heureusement qu’on en a fini avec ces canons antitanks. Je jure que je me battrais contre un tank avec mes mains nues, avant que je coltine de nouveau un de ces fils de pute de canons »
    L’escouade se forma en file indienne et se mit en marche. Le bivouac du premier bataillon n’était guère grand, et au bout d’une demi-minute ils atteignirent l’ouverture dans les barbelés. Martinez, qui ouvrait la marche, s’avançait précautionneusement le long de la piste en direction de la compagnie A. Sa somnolence avait disparu, et il était sur le qui-vive. Bien qu’il ne pût rien voir, quelque sens spécial semblait le diriger dans les tournants de la piste, de sorte qu’il n’errait que rarement. Il devançait le gros de l’escouade d’une trentaine de mètres, et se trouvait complètement isolé. Si quelque Japonais s’était embusqué le long du chemin, il eût été le premier à tomber dans lé piège. Mais il n’avait pas très peur. Ses terreurs fonctionnaient dans l’abstrait ; aussitôt qu’il devait conduire ses hommes, son courage lui revenait. Dans cet instant son esprit était centré autour d’une série de sons et de pensées. Son ouïe explorait la jungle, attentive à tout bruit qui eût indiqué une présence suspecte sur les bas-côtés de la piste ; en même temps elle percevait avec déplaisir les trébuchements et les murmures des hommes qui le suivaient. Son esprit enregistrait les sons intermittents de la bataille et s’efforçait de les classifier ; chaque fois qu’une éclaircie dégageait le ciel, il y cherchait. la Croix du Sud pour déterminer la direction que prenaient les tournants de la piste ; chaque fois que cela lui était possible il faisait une note mentale de quelque point de repère, qu’il ajoutait à ceux qu’il avait observés précédemment. Au bout d’un laps de temps il se mit à ressasser une antienne – arbre en travers. Au fait, il n’avait aucune raison de le faire : ce chemin menait simplement du premier bataillon à la compagnie A. Mais il avait acquis cette habitude lors des

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