Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
Vom Netzwerk:
le ciel, et il lui tira dessus pendant ce qui parut être un long temps avant que les Bras de l’autre eussent retombé.
    Il regarda sur la droite et vit trois hommes qui essayaient de traverser la rivière à l’endroit où celle-ci faisait un virage pour couler sur une ligne parallèle à la montagne. Il pivota sa mitrailleuse et les cribla de balles. Un des hommes tomba et les deux autres, après une halte indécise, se mirent à rebrousser chemin. Il n’eut pas le temps de les poursuivre ; quelques soldats avaient atteint son rivage et chargeaient sa mitrailleuse. Il tira sur eux à bout portant, et ils tombèrent à quelque cinq mètres de son trou.
    Il tirait et tirait, courant de cible en cible avec le réflexe rapide d’un athlète qui bondit après la balle. Dès qu’il voyait des hommes tomber, il attaquait ailleurs. Les Japonais se divisèrent en petites bandes qui vacillaient et commençaient à battre en retraite.
    La lueur de la fusée s’éteignit, et pour un moment Croft se trouva aveuglé par les ténèbres. Le silence avait envahi le noir, et il tâtonna à la recherche d’une autre fusée avec une hâte presque désespérée. « Où sont-elles ? chuchota-t-il à l’adresse de Gallagher.
    – Quoi ?
    – Merde. » Sa main avait découvert la boîte à fusées, et il rechargea le fusil. Ses yeux commençaient à s’habituer à l’obscurité, et il hésita ; mais quelque chose bougeait sur la rivière et il fit partir la fusée. Dans la lumière qui se fit plusieurs soldats japonais furent surpris immobiles dans l’eau. Croft pivota sa mitrailleuse et leur tira dessus. Un des soldats resta debout un temps incroyable. Sa face était sans expression ; il eut un air absent et surpris alors même que les balles se logèrent dans sa poitrine.
    Plus rien ne bougeait sur la rivière. Dans la lueur de la fusée les corps avaient un aspect aussi flasque et peu humain que des sacs de grain. Un des cadavres s’en allait avec le courant, la face dans l’eau. Sur la rive près de la mitrailleuse un autre Japonais restait couché sur le dos. Une large tache de sang s’écoulait de son corps, et son estomac, mis à l’air, bâillait comme les entrailles enflées d’un volatile. Obéissant à une impulsion Croft lui envoya une volée de balles, et un frisson de plaisir le parcourut à la vue du corps qui bougea sous l’impact.
    Un homme blessé gémissait en japonais. Toutes les quelques secondes il poussait un cri, terrifiant sous la lueur cruelle de la fusée. Croft s’empara d’une grenade. « Ce fils de pute fait trop de bruit », dit-il. Il arracha la goupille et lança la grenade sur l’autre rivage. Elle tomba sur l’un des corps comme un sachet de fèves, et Croft se baissa en entraînant Gallagher avec lui. L’explosion, puissante et creuse à la fois, ressembla à un coup de souffle qui défonce les carreaux de fenêtre. Après un moment les échos se résorbèrent.
    Croft se raidit, écoutant les bruits qui lui parvenaient à travers la rivière. Quiets et furtifs bruits de qui s’enfonce dans la jungle. «  Flanquez-leur une volée  ! » cria-t-il.
    Tous se remirent à tirer, et, pendant une bonne minute Croft balaya la jungle par de courtes rafales. Il pouvait entendre le cognement soutenu de la mitrailleuse de Wilson. « Je crois qu’on leur a flanqué quelque chose de soigné », dit-il à Gallagher. La fusée s’éteignait, et il se redressa. « Qui a été blessé ? cria-t-il.
    – Toglio.
    – Grave ? demanda-t-il.
    – Ça va aller, murmura Toglio. J’ai pris une balle dans le coude.
    – Tu peux tenir jusqu’au matin ? »
    Il y eut un bref silence, puis Toglio répondit faiblement : « Oui, ça va aller. »
    Croft sortit de son trou. « Je m’amène, annonça-t-il. Tirez pas. » Il suivit la piste à la rencontre de Toglio. Red et Goldstein se tenaient à genoux près de lui, et Croft leur parla à voix basse. « Bien, dit-il. On va tous rester dans nos trous jusqu’au matin. Je crois pas qu’ils reviennent cette nuit, mais on sait jamais. Et que personne s’endorme. Y a qu’une heure avant l’aube, alors y a pas de quoi chialer.
    – De toute façon je ne m’endormirai pas, souffla Goldstein. Tu parles d’un réveil. C’était la même chose que Gallagher avait dit.
    – Oui, bon, moi aussi j’étais pas tranquille pour mon cul en attendant qu’ils s’amènent », dit Croft. Il frissonna dans le petit matin ; avec une

Weitere Kostenlose Bücher