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Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Titel: Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre De Lacretelle
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document ; grâce au Journal intime, pourtant, nous avons pu rétablir à leur véritable date des lettres arbitrairement ou mal datées par l'éditeur, une dizaine environ, pour les années 1807-1813.]
Au moment où il quittait le collège de Belley, Lamartine venait d'avoir dix-sept ans. Ses projets, qu'il formulait alors très nettement, étaient de trouver une situation ; mais les préjugés du temps et de son milieu ne lui toléraient guère que deux carrières : l'armée et la diplomatie.
La diplomatie, dont le côté mondain et la vie facile séduisaient peut-être sa jeune imagination, le tentait beaucoup ; mais les siens, très sagement, ne l'y poussaient pas : à son âge, sans relations, sans éducation solide, c'eût été manque de raison. Pour le métier militaire, malgré les traditions de ses pères et malgré ce qu'il en a dit, il semble l'avoir eu toujours en horreur ; ses parents, d'ailleurs, ne tenaient que médiocrement à le voir servir dans les armées de l'Empereur : le père, pour l'occuper, songea bien un instant à l'école de Fontainebleau, mais y renonça vite devant les supplications de sa femme qui redoutait «le danger et la licence des armées».
    Le jeune homme qui connaissait l'aversion maternelle s'en servira dans les grandes occasions, et cette menace sera pour lui le moyen suprême d'obtenir ce qu'il désire : le jour où on lui refusera l'autorisation de faire son droit à Lyon, il déclarera aussitôt sa résolution d'entrer dans la garde impériale et, quelque temps après, alors que sa famille accueillera assez mal un projet de mariage, il écrira tout net à Virieu qu'il est prêt d'entrer définitivement au service et d'essayer de se faire tuer. En 1814, c'est plutôt par lassitude et devant les menaces de l'oncle irrité de tant de paresse qu'il se décidera à entrer dans la Garde du corps. On sait par la Correspondance le plaisir qu'il y prit.
Ainsi, devant les difficultés que soulevait la question d'un établissement immédiat, les Lamartine patientèrent, préférant attendre un peu plus de maturité, et le laissèrent entièrement maître d'organiser son existence à sa guise. Il en prit très joyeusement son parti et, tout à la joie nouvelle de l'indépendance, organisa un plan d'études où les arts d'agrément, musique, danse et dessin, avaient aussi leur place.
C'était, à l'époque, un grand garçon un peu gauche, rendu timide par quatre austères années de collège, et qui fuyait le monde faute d'y savoir figurer à l'aise. Il avouait à Virieu, de plus en plus son confident, qu'il était incapable de dire une chose aimable et de répondre à un compliment : comme Chérubin, il était amoureux de toutes les femmes, mais n'osait guère faire un pas vers une. Cette timidité farouche désolait un peu la mère, mais lui, qui sans doute en connaissait les véritables motifs, s'en consolait philosophiquement en déclarant que le temps, les voyages, l'habitude guériraient tout cela.
    Comme suite normale de cet état d'esprit dont Belley est évidemment responsable, il se confine dans une studieuse solitude, fuit la société, déclare qu'il est «dans la jubilation» de n'être pas encore amoureux, indice qu'il est prêt de le devenir : pour lui toutes les femmes sont «de petites effrontées, impudentes, coquettes, de petites ignorantes imbéciles, malignes, médisantes, sottes et laides» ; son mépris pour elles croît «de jour en jour» en dépit, avoue-t-il ingénument, de la bonne envie qu'il aurait de les trouver «aimables et fidèles». Puis la philosophie s'en mêle et il déclare gravement à Guichard qu'il n'y a plus d'amour véritable dans le cœur des jeunes gens, «mais seulement un tissu de coquetteries de part et d'autre».
Aussi s'occupe-t-il surtout d'organiser son existence en garçon raisonnable, et de soumettre à Virieu un plan d'études et de lectures ; sa mère profite alors de cette disposition, pour l'emmener de Mâcon à Saint-Point, car, dit-elle, «je ne suis pas fâchée de l'éloigner de la ville à un moment où ses seules récréations seraient des promenades le soir, fort tard, dans une société de jeunes gens dont il est impossible que l'on soit sûr : ici il est plus en sûreté et a l'air assez content [J. I., 26 mai 1808. Elle écrivait de Mâcon le 24 février : «La santé d'Alphonse n'est pas mauvaise ; il s'occupe beaucoup et a plusieurs maîtres, entre autres un de danse et un de basse. Il est assez

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