Les panzers de la mort
prisonnier. Le géant poussa un cri :
– Bon Dieu ! Le prisonnier a des cigarettes d’opium sur lui ! qu’est-ce qu’on en fait ? J’ies prends en consigne ou j’ies porte sur le rapport ? S’rais curieux d’voir la gueule du Conseil de guerre là-d’ssus ! Vieux frère, à toi de décider ?
– Ah ! Y en a marre 1 dit Reinhardt furieux. Garde-les, espèce de dégueulasse ! Et puis, arrête de m’éplucher comme ça !
– Ta gueule, prisonnier ! Respect aux gradés. Sans ça, j’vais être obligé de t’appliquer le règlement spécial pour les cocos difficiles, et j’te rappelle que quand on m’parle, on m’doit les signes extérieurs de la politesse. Mets-toi ça dans l’citron !
Rigolant toujours, Pluto mit dans sa poche les baguettes opiacées, puis Il rassembla, dans le sac à cet effet, les objets du prisonnier, sauf le linge et l’uniforme. Il lui tendit l’inventaire que j’avais dressé.
– Signe là ! Comme ça, pas d’histoires quand tu ressortiras.
Reinhardt. essayait de vérifier la liste, mais Pluto coupa vivement.
– T’es pas là pour la lecture. Signe et grouille…
toi ! Et vois à suspendre tes torchons en dehors de la porte, pour qu’on puisse t’enfermer selon les ordres.
Maussade, Reinhardt se tenait, nu comme Adam, sous la petite fenêtre de la cellule.
– Allez, prisonnier, pieute-toi jusqu’à la cloche du réveil, conclut Pluto triomphant.
Il sortit de la cellule et verrouilla la porte en faisant un bruit de tonnerre. Avoir en sa possession les clefs de la prison le rendait fou d’orgueil, car Il avait été plus souvent prisonnier que geôlier. Dans sa joie, Il se mit à téléphoner à tous les sous-officiers de service des différents blocs de la caserne, en demandant avec hauteur mille détails dont aucun commandant de la Garde ne s’était jamais soucié.
– Vous avez la voix de quelqu’un qui se réveille ? (C’était vrai, naturellement.) Manquement à la discipline. Vais faire un rapport. Envoyez-moi, pour demain huit heures, l’état des armes et munitions. Qui vous parle ? Le commandant de la garde ? Pour qui m’prenez-vous ? – Les sous-officiers, affolés se penchaient sur leurs états, avec une nuit blanche en perspective.
Très content de lui, Pluto se renversa sur son siège, ses grands pieds sur la table, et allait reprendre sa lecture pornographique, agrémentée de cigarettes opiacées, lorsqu’un bruit du diable se fit entendre.
Deux recrues se précipitèrent dans le corps de garde avec une personne très excitée, vêtue d’une robe de cotonnade à fleurs, un mouchoir sur la tête et des bottes d’infanterie aux pieds.
– Commandant de la Garde, dit une des recrues le tireur de chars Niemeyer annonce qu’au cours de la patrouille nous avons arrêté cette personne qui faisait le mur de la 3 e Compagnie. Elle a refusé de donner son identité, mais a envoyé dans la figure du tireur Reichelt un terrible coup de poing qui lui a poché un œil.
Pluto cligna des yeux. Nous avions tous reconnu Porta. Sans honorer la recrue d’un regard, Il poussa une chaise vers Porta et dit le sourire aux lèvres :
– Madame veut-elle s’asseoir ?
– La ferme, idiot ! Te fous pas d’ma gueule, ou j’te balance une de ces tartes, comme au moutard là-bas ! fut la réponse irrespectueuse au commandant de la Garde.
Pluto poussa Porta vers une chaise.
– Excusez, Madame. Madame voulait sans doute entrer dans la caserne à la recherche de son pucelage ? Je suis le soldat Eicken, commandant de la Garde et grand spécialiste de la chose. En quoi puis-je vous aider Madame ?
Il releva la jupe de Porta de façon à faire voir ses longs caleçons militaires sur ses genoux pointus.
– Oh, oh ! La coquette !… Mode de Paris pour les dessous ? C’est pas toutes les dames qui en ont de pareils !
Porta complètement saoul, se redressa.
– Pisse-moi au cul, copain, ou amène une bière ! Je claque du bec !
– Trop heureux, Madame de vous pisser au cul, mais pour le moment, je n’en ai pas besoin ! Recrues… ! cria-t-Il d’une voix tonnante, aux deux jeunes soldats tremblants, lequel d’entre vous a envie de pisser ?
Les recrues se mirent au garde-à-vous.
– Oui, commandant de la Garde, nous sommes prêts.
– Alors, foutez-moi l’camp ! Et allez à l’urinoir ! commanda Pluto. Héros en peau de lapin !
Les recrues se volatilisèrent. Porta s’était mis à ronfler
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