Les panzers de la mort
qu’ils appellent leurs transfusions du sang.
– T’as vu la nouvelle qui est à la cantine de la 2 e Compagnie. Elle a l’air pas ordinaire !
Au même instant, un choc violent fit se caramboler les uns sur les autres les occupants de la voiture. Le lourd véhicule venait de basculer dans un des trous profonds de la route.
– Espèce de con ! Cria Porter au chauffeur. Tu peux pas faire attention. Tu es là pour nous tuer ? Non ?
La réponse se perdit dans le bruit du moteur. Le ciel, couvert toute la matinée, s’éclairait et le soleil apparaissait entre les gros nuages.
– Il va faire beau, dit Serge. Tant mieux pour aujourd’hui. Je sors avec une poule que j’ai dégottée l’autre jour.
Porta se mit à rire : – Pourquoi tu vas toujours sur le lac avec tes pépées ? Vous devez mouiller vos derrières, dans ces vieux rafiots pleins d’eau. Viens plutôt avec moi à la Münchener Gasse, on peut amener sa poule.
– Vous n’avez donc Rien à dire que vos dégoûtantes histoires de filles ? siffla Möller grognon.
– Oh toi ! Grand-père, dit Porta menaçant, tu as beaucoup à causer, depuis quelque temps. Nous, on ne s’occupe pas de tes messes basses, derrière les portes, avec l’aumônier. Mêle-toi de tes oignons et pas des nôtres. Quand on sera au front, on verra c’que t’as dans le ventre, paysan du Schleswig !
Möller bondit et allongea un direct rageur vers Porta qui plongea à temps et répondit par un coup du travers de la main, sur la gorge de Möller. Celui-ci s’effondra dans le fond du camion.
– Il l’a cherché, dit Alte. Je sais bien qu’il faut voir son âge, mais tout de même, Il y a des limites. Je lui parlerai au retour.
– Et moi, je lui casserai sa vilaine gueule, dit Porta d’un air qui n’augurait Rien de bon.
Pluto racontait le dernier tuyau : Il savait de la meilleure source que nous devions être mutés dans une usine de blindés, pour essayer les nouveaux Panzers 6, qu’on appelait « les Tigres royaux ».
– Monsieur est dans les confidences de « Cul botté » ? persifla Stege.
– Mais bon Dieu ! Qu’est-ce que vous avez tous à râler comme ça ! Cria Pluto.
– Ce porc le demande ! cria Alte. C’est peut-être à une partie de plaisir qu’on va ? Qu’est-ce que t’as à la place du cœur ?
– Vous ne voudriez pas vous taire un peu ? demanda soudain à notre grande surprise, le vieux sous-officier.
Le camion cahotait sur le chemin défoncé par les lourds véhicules militaires. Nous nous plongeâmes dans nos pensées en regardant le vide. Möller, revenu à lui, restait tassé dans son coin, l’air encore plus acide que d’habitude. Ce fut la jeune fille qui rompit le silence.
– Quelqu’un aurait-Il une cigarette et un comprimé contre le mal de tête ?
Stege lui tendit une cigarette. Sa main tremblait en l’allumant au briquet acheté en France, Il y avait trois ans déjà. Nous fouillâmes fébrilement nos poches pour trouver le comprimé que nous savions pertinemment ne pas avoir. Porta ouvrit la vitre de la cabine du chauffeur.
– Vous auriez pas un comprimé, vous autres ? Contre le mal de tête.
Paust Ricana : – J’en ai un dans mon P38, mais c’est radical. Qui a mal à la tête, ici ?
– La fille.
Il y eut un Silence gêné. La vitre fut rapidement repoussée, sur le « Cochon ! » lancé par Pluto.
– Est-ce qu’il y en a un de vous qui me rendrait un service ? demanda le vieux sous-officier. Et sans attendre la réponse Il poursuivit : – Je suis du 76 e d’artillerie. Tâchez de retrouver le sous-officier Brandt, de la 4 e batterie, et de lui dire de voir que ma femme ait mon argent. Elle vit à Dortmund, chez la femme de mon fils aîné. Veux-tu faire ça ? dit-il à Stege.
Ce dernier sursauta et bafouilla quelque chose.
– Y ne fera que des bêtises, vieux, coupa Pluto.
Je m’en occuperai. J’ai un copain au 76 e : Paul Groth, tu vois ça ?
– Oui, Il est à la 2 e batterie ; Il a perdu une jambe en. 41, à Brest-Litowsk. Dis-lui le bonjour de la part de l’homme du gaz. C’était avant la guerre, expliqua-t-Il.
La jeune fille, intéressée, sortit de sa torpeur et un peu de vie revint sur ses traits morts-
– Vous feriez aussi, quelque chose pour moi ? dit-elle haletante. Donnez-moi un papier et un crayon.
Dix Crayons furent tendus. Alte donna un papier à lettres de l’armée qu’on pouvait coller. Elle écrivit
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