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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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nous fallut tenir dans un cratère profond de 20 mètres, large de 30, long de 50, pilonnés sans une minute de répit par une artillerie qui, lentement, déchirait les lambeaux du bataillon.
    Certains d’entre nous, pris du vertige du front, se précipitaient au devant des balles et se faisaient hacher. Deux fois déjà, ce même vertige avait brisé les nerfs du lieutenant Halter. Porta sur sa flûte et le légionnaire sur son harmonica s’évadaient chacun dans des airs différents qu’on n’entendait même pas dans cette fournaise. Petit-Frère boxait contre un sac de sable qui lui revint un jour dans la figure comme un coup de poing, et qu’il éventra de fureur. A peine de quoi manger durant ces heures terribles. Porta, qui flairait la nourriture à des kilomètres, dénicha un vieux dépôt de conserves que nous rapportâmes un jour en rampant sous le feu de l’artillerie.
    Enfin le secours vint ! La division jeta dans la bataille deux régiments de grenadiers et un puissant renfort d’artillerie. Deux jours encore sur la colline maudite, et nous fûmes relevés par le 104 e régiment de grenadiers.
    On enterra les morts à côté de ceux qui étaient tombés pendant l’avance de 1941. Tous avaient péri pour un bout de terre inconnu et qui restera inconnu, car seules l’indiquent les cartes spéciales des Etats-Majors. Le voyageur qui, un jour, passera sur la route d’Orel ne lé remarquera même pas. Là reposent cependant dix mille soldats Russes ou Allemands qui ont, pour tout monument funéraire, quelques casques rouillés et des baudriers de cuir moisi.
    Il fallait payer avant d’entrer comme au cinéma. Et Il y avait trois sortes de billets : les rouges donnaient droit à un moment avec une fille. Les jaunes à une heure avec deux filles. Mais les verts accordaient une nuit d’amour avec cinq filles.
    Bien entendu, tout le monde prit des billets verts.
     

BORDEL DE CAMPAGNE
     
    Nous établîmes nos quartiers un peu au nord de Tscherkassy, à Moschny, village typiquement russe fait de huttes croulantes qui bordaient un chemin large, sinueux, défoncé.
    C’étaient enfin, nos premiers jours de repos après les batailles épuisantes que nous venions de livrer. Grâce aux recrues, arrivées en bouche-trous, la compagnie était de nouveau au plein de son effectif, soit deux cents hommes ; mais quels piètres soldats que ceux qui nous arrivaient maintenant ! Il allait falloir une longue mise au point avant de les jeter dans les violents combats qui commençaient au sud de Tscherkassy – un endroit que ne pourraient plus oublier ceux d’entre nous, bien rares, qui en étaient sortis vivants. Qu’aurions-nous dit si nous avions su que le pire, le Verdun de cette guerre, nous ne l’avions pas encore vu !
    Il faisait très froid et nous ne possédions pas la moindre brindille pour nous chauffer. Aussi Porta imagina-t-Il un jeu brutal qui consistait à frapper sur le derrière un camarade plié en deux, lequel devait dire le nom de celui qui l’avait frappé pour pouvoir prendre sa place. Malgré la violence de nos claques, Il nous fut impossible d’obtenir de Petit-Frère autre chose que du dédain. Il faisait mine de n’avoir jamais Rien senti et nous avions beau y aller crescendo, Il comparait nos coups à des caresses de papillon. Mais, lorsque c’était son tour de frapper, sa malheureuse victime n’y coupait pas d’un bond brutal qui l’envoyait à plusieurs mètres en avant.
    Le petit légionnaire eut une idée : lorsque revint le tour de Petit-Frère, Il exhiba, avec un clin d’œil vers nous, une planchette plantée en son milieu d’un gros clou. Il visa avec soin comme l’eût fait un joueur de base-ball, le gros derrière tendu pour accueillir une « chiquenaude », et là planche, avec un bruit mat, atteignit son but.
    Petit-Frère poussa un hurlement de douleur et bondit en l’air avec la planche toujours accrochée à son arrière-train par le clou profondément enfoncé. Convulsé de souffrances, le gorille essayait de découvrir son tortionnaire et Il se passa quelques instants avant même qu’il se rendît compte que la planche ne l’avait pas lâché !
    – Fumiers ! cria-t-il, c’est une manière d’attaquer les gens ! Qui est-ce ? reprit-Il, avec un calme soudain et une lueur mauvaise dans ses yeux jaunes. Si c’est un courageux, qu’il se montre !
    Il scrutait notre demi-cercle, sans oser toutefois risquer une accusation précise.
    – Si tu

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