Les panzers de la mort
le dis, tu n’auras Rien, sinon je t’enroule le trou du cul autour de ton cou de bâtard !
De gros rires lui répondirent qui le mirent dans une rage folle.
– Avance, animal nazi dégoûtant, que je t’étrangle !
– Y a erreur, dit Pluto hilare, ce n’est personne du Parti !
– Est-ce toi, abruti, qui a fait ça à un bon copain ?
– Non hélas, rigola Pluto, mais j’aurais bien voulu l’inventer !
Ecumant, Petit-Frère allait de l’un à l’autre et devant nos dénégations, Il finit par hurler : – Je sais qui c’est ! Si l’avorton ne se dénonce pas, je l’écrase comme ça… ! – Et il donna un violent coup de poing sur le sol, où un caillou malencontreusement caché dans l’herbe, le fit de nouveau sursauter de douleur. Décochant Un coup de pied à un ennemi imaginaire, Il s’en alla en ; jurant, poursuivi des sarcasmes de Pluto. Un civil russe, qu’il ramassa, l’aida, grâce à un miroir, à constater les dégâts faits à son arrière-train. Cette vue lui donna un nouvel accès de rage, que nous entendîmes de la hutte où nous buvions de la vodka en fumant de la machorska.
– On dit qu’il arrive un B. M. C. à Bjel-Zerkow, nous informa Bauer d’un ton plein de promesses.
Pluto se leva comme un ressort, avala sa machorska de travers et fut pris d’une violente quinte de toux.
– Tu pouvais pas le dire plus tôt ! cria-t-il, faut y aller et tout de suite. Les filles, de 14 ans à 70 ans, ça me connaît. Qui t’a dit ça ?
– Un feldwebel infirmier que je connais au lazaret de Bjel-Zerkow. Il paraît que c’est un bordel de première, avec un contingent français et allemand.
– Nom de nom, clama Pluto, ça peut être bien. Enfin quelque chose à se mettre sous la main ! Ça vaut mieux que s’exciter à entendre Ivili Marlen bêler à la radio. Dis donc, Alte, vois à te débrouiller pour les visas de sortie !
Alte se mit à Rire : – C’est faisable, mais après ne compte pas sur moi pour aller chez ces machines à forniquer.
– Personne ne t’y force, dit Porta. Elles n’ont pas besoin de toi pour gagner leur croûte et moi j’en veux une au moins pour douze heures. Tu viens ? dit-il au petit légionnaire, mais il reprit aussitôt avec gêne : – Excuse-moi, camarade.
Le légionnaire ricana. : – Je viendrai pour faire une étude. Quand nous aurons perdu la guerre, j’ouvrirai un bordel au Maroc, et, comme je n’en ai jamais vu en Allemagne, c’est à connaître. Tu ne t’opposes pas à ce que je te tienne compagnie pendant que tu opères ?
– Pas du tout, répondit Porta. Tu paieras dix pour cent du prix de la poule, c’est tout.
– Je viens aussi ? dit Petit-Frère.
– Oui, acquiescèrent aimablement les autres.
Une heure plus tard nous étions en route, aussi déchaînés que des collégiens, Porta avec une collection d’images pornographiques qu’il étudiait avec soin.
Un Feldgendarm, sa plaque étalée sur sa poitrine, se tenait à la porte du lieu, un autre dans l’entrée contrôlait nos livrets. Puis, on passait devant un infirmier sous-officier chargé de dépister d’éventuelles maladies vénériennes.
Porta ayant triomphé de toutes les épreuves, ne se tenait pas de joie.
– Je vais m’en payer, je ne vous dis que ça ! Qui sait quand on en retrouvera ! – Il avait apporté deux litres de vodka « pour la désinfection » disait-Il.
– Une virée comme ça, et après une balle dans la tête ! On meurt content !
Un jeune aviateur se vit interdire l’entrée de la maison avec des mots sans réplique : – File ! lui dit le Feldgendarm, ou je t’emmène au poste, Interdit avant dix-huit ans !
Le comique de ces mots ne frappa personne. Il était interdit aux moins de dix-huit ans – sous les peines les plus sévères – de fréquenter les filles, de fumer et de boire de l’alcool ; mais il n’était pas interdit d’apprendre à tuer et de se faire tuer, du moment qu’il s’agissait d’un ennemi à la Patrie a parfois d’étranges pudeurs.
Pluto et Petit-Frère foncèrent devant nous, telle une avant-garde de blindés, et balayèrent les soldats ainsi que les gens des organisations « Tot und Speil » qui faisaient déjà antichambre dans les couloirs. Un sous-officier d’artillerie protesta avec colère, mais Petit-Frère l’envoya rouler à terre d’un revers de la main.
– Place pour le 27 e régiment des assassins et des incendiaires ! hurlait
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