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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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des traîneaux quand Ils freinent ; les longs canons crachent sans répit, mais peu à peu nous nous rendons compte que seuls, quelques chars isolés ont réussi à percer nos lignes, la pointe de l’énorme masse blindée qui s’acharne en ce moment contre nos positions.
    Nous nous aplatissons contre le sol, nous nous écrasons, nous faisons les morts, sous cette mort bardée d’acier qui nous dépasse en grondant. Que la terre semble douce, amicale et protectrice ! Merveilleuse terre, sale et défoncée, qui envahit nos bouches, nos yeux et nos oreilles, jamais tu n’auras été si accueillante ; l’eau noire glisse dans les cous, mais semble la caresse d’une main de femme… merveilleuse terre, saturée de sang, qui cette-nuit-là, nous a étreints et cachés dans son marécage insondable.
    Vers huit heures du matin lorsque tout fut fini, nous ressemblions à des blocs de boue en marche. Dans le lointain, à l’est de Tscherkassy, on entendait encore dans la violente fusillade le bruit de chaînes des blindés, mais ce bruit-là désormais ne fera plus de doute pour personne. Ce son qui claque et qui éclate, personne ne pourra plus s’y tromper, et combien de fois après la guerre me suis-je réveillé en sursaut, trempé de sueur, ayant entendu dans un rêve atroce le bruit mortel des terribles T 34 russes !
    Lentement nous émergeons de la boue comme si nous naissions de la terre. Porta, Dieu merci, tu vis toujours ! Mais Alte, où est Alte ? Nous respirons soulagés : le voila vivant lui aussi, et Stege, et Bauer, et le petit légionnaire, même Möller, toujours aigre et pessimiste, mais on l’embrasse quand même parce qu’il est vivant. Petit-Frère se récrie :
    – C’est pas ces mochetés de blindés qui vont démoraliser Petit-Frère !
    Et il donne un coup de pied aux chaînes brisées d’un T 34, celui-là même qu’il a détruit avec sa mine : – Si vous en voulez encore, bandits rouges l Crie-t-Il en direction de la bataille.
    Pluto, accroupi dans la boue, regarde fixement la rue en ruine ou blindés, canons, automitrailleuses font un invraisemblable magma. Le lieutenant-colonel Hinka et le capitaine von Barring arrivent vers nous, chancelant comme des hommes ivres morts. Von Barring est tête nue, le lieutenant-colonel arbore un bonnet de fourrure russe, sa capote à demi brûlée est toute noire dans le dos. Il nous jette une poignée de cigarettes.
    – Et bien, vous êtes toujours en vie ? dit-il d’un air las.
    D’une déchirure de son front, le sang coule sur ses yeux le long de sa joue et se glisse dans l’échancrure du col. Il l’essuie d’un revers de main, et ce sang rouge mélangé à la boue qui macule son visage, lui donne un aspect sauvage, presque diabolique.
    Un quart d’heure plus tard on se remet en route. Cette nuit sombre et froide a coûté au régiment des pertes immenses : 700 hommes tués, 863 blessés tous nos chars détruits et les autres régiments ne sont pas mieux partagés. Eux aussi ont payé un lourd tribu à ce nom inconnu : Tscherkassy, ville d’Ukraine.
    Des morts, des morts partout… Malgré la boue et la poussière on reconnaît les différentes armes sur les épaulettes. Une dizaine de chasseurs ne font qu’une bouillie à côté de leurs deux canons ; une des pièces se dresse vers le ciel comme un doigt accusateur parmi les grenades éparpillées, la ronde et là-bas, près d’une rangée de maisons brûlées, toute une batterie de 8,8 est écrasée, pulvérisée par les colonnes russes.
    Tant de morts en si peu de temps ! Hallucinés, nous regardons toujours et nous ne comprenons pas…
    L’hiver était là, dans toute son horreur, avec le froid et les tempêtes aussi meurtrières que les canons russes.
    L’hiver qui rend les hommes durs et brutaux ; terreur nouvelle qui, à son tour, engendre la terreur.
    Nous devenions des bêtes sanguinaires que les pires choses faisaient Rire.
    Et la guerre continuait, pour employer le mot dont les gouvernements décorent l’ivresse des tueries.
     

DES COUTEAUX, DES BAÏONNETTES ET DES PELLES
     
    Nous sommes cernés. Nous n’avons plus de chars, une fois encore nous nous battons comme fantassins. Il neige, Il neige… les congères deviennent de véritables montagnes. La tempête se rue en hurlant sur la steppe et crie à travers les bois clairsemés en chassant devant elle des tourbillons de poudre blanche.
    Elle enveloppe d’une croûte de glace, les canons les fusils,

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