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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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les mitrailleuses : elle siffle autour des huttes délabrées et donne aux hommes des baisers de mort ; elle accourt des camps de Sibérie sur les milliers de kilomètres de la toundra déserte.
    Toute sentinelle doit être relevée au bout d’un quart d’heure si l’on ne veut pas retrouver un cadavre. Nous pleurons de froid, les glaçons pendent à nos barbes, les nez gèlent, chaque respiration semble un coup de couteau dans les poumons. Si pendant une seconde, on retire son gant et que l’on touche un bout d’acier, Il s’y attache un lambeau de peau.
    La gangrène est chose courante, effroyablement courante ; les membres pourris et puants font partie du spectacle quotidien. Dans les huttes immondes, les amputations succèdent aux amputations, tin morceau de jambe par ci, une main par là, parfois un bras tout entier.
    Le papier est devenu hors de prix, un article de marché noir : cinquante cigarettes pour un journal, car Il te sauve de la gangrène, mon camarade ! Dans un coin s’entassent des bouts de membres, bleus, noirs, et bien qu’ils soient aussi gelés que nos nez, on en devine encore la puanteur.
    Les chirurgiens opèrent de leur mieux dans la saleté environnante, à la lueur des fanais Hindenburg qui éclairent tant bien que mal dés opérations qu’on n’oserait tenter dans le plus moderne des hôpitaux. lorsqu’un opéré meurt, on le jette dehors, très vite, le temps d’ouvrir et de refermer la porte, pour ne pas permettre au froid de pénétrer chez les vivants.
    Le régiment est en réserve près de Petrushki ; les compagnies décimées ont été replâtrées avec des hommes nouveaux. On nous avait même parlé de renforts parachutés – des spécialistes, disait-on, venant des meilleures écoles allemandes, mais aucun des vieux soldats n’en avait cru mot. Promesses en l’air et belles phrases pour les journaux de Gœbbels, mais la vérité était autre : les réserves, mal entraînées, mal armées, avaient gaspillé des heures précieuses à apprendre le pas de parade et les sottises de la caserne. Que serait devenue une garnison prussienne sans le salut mécanique aux pommadés de l’arrière qui se prélassaient au sein de la plus Cruelle défaite du 3 e Reich ?
    Quelques-uns de ces héros jouaient un autre rôle dans les camps de concentration tout en donnant des avis hautains sur la défense de la patrie. Mais ni moi, ni mes camarades ne les avons jamais rencontrés sur la ligne de feu et tous nos commandants, bourrés au. dernier moment de cours rapides, appartenaient à la réserve. Inutile de s’insurger : Il en sera toujours ainsi et ceux qui parlent le plus haut s’arrangent presque toujours, pour éviter les rendez-vous des balles sur leurs uniformes chamarrés.
    Cantonnés à Petrushki, nous y attendions de l’armement et de nouveaux candidats à la mort. On passait son temps à jouer aux cartes, à attraper des poux et à chicaner sur tout et sur tous. Alte bourra lentement sa pipe de nauséabonde machorka et Rien qu’à le voir agir on se sentait rassuré ; la hutte devenait alors une sorte de maison familiale ou bien une cabane de pêcheur, au bord de la mer, évoquant les soirs de pleine lune, lorsque le phare dialogue avec la mer immobile.
    Nous bavardions doucement, comme seuls peuvent le faire des hommes qui ont vécu ensemble des heures graves, à mots pesés que n’auraient guère compris des non initiés. Lorsque Alte, par exemple, disait avec douceur : – Enfants, enfants… ! – un monde de pensées naissait de ces deux mots et Porta lui-même, le cinglé, mettait un terme à son habituelle grossièreté. Après un instant de Silence, Alte poursuivit : – Vous allez voir… Ivan va s’arranger pour bousiller tout le 42 e corps d’armée à Tscherkassy.
    Il souffla dans la pièce un épais nuage de fumée et posa sur la table, couverte de vaisselle sale, de cartes, d’armes et de pain à moitié dévoré, ses grosses godasses d’infanterie.
    – A mon avis, ils nous laissent tranquilles parce qu’ils amènent du monde pour un nouveau Stalingrad. Je parie que toute leur 4 e armée va débarquer dans cette pouillerie.
    Porta éclata de Rire : – Pourquoi pas ? Faudra bien finir par aller dire heil Hitler au diable !
    – Oui, dit Pluto, et si on a une botte de T 34 dans le cul, même qu’on y arrivera en vitesse !
    Il y eut de gros rires à l’idée de cette botte.
    – A moins qu’on aille faire un tour dans les mines

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