Les panzers de la mort
quitter des yeux les lignes russes : – Vous deux, aspirants à la Croix de fer, laissez-nous tranquilles l Vous avez vu les deux copains du 104 e Crucifiés par Ivan, n’est-ce pas ? Plus on en tuera de ces salopards, mieux ça vaudra. Heil Hitler, et disposez mes pigeons, parce qu’on va leur en remettre, en face ! – Il épaula, tira, et annonça épanoui : – Encore un pour l’enfer !
A l’extrémité sud du village, un de nos abris bien aménagé, abritait un nid de mitrailleuses qui avait repoussé pas mal d’attaques, mais un jour, au petit matin, les Russes surgirent et s’emparèrent de l’abri. Nous les vîmes faire agenouiller dans la neige le vieux sous-officier qui commandait la petite garnison ; Ils lui tirèrent une balle dans la nuque et son corps dévala la colline, soulevant un nuage de poudre blanche.
Huit servants furent emmenés par deux rouges qui marchaient derrière eux, revolver au poing. Leur seul chemin était une sorte de goulet qui, à un moment donné, passait à découvert devant la meurtrière de Porta. Trois coups de feu précis éclatèrent et cassèrent la tête des gardes-chiourme russes ; nos huit camarades, en un clin d’œil, bondirent en direction de l’abri, mais Pluto les avait devancés : mitraillette à la hanche, Il ouvrait la porte d’un coup de pied et balayait sauvagement le local bonde d’ennemis. La trépidation de l’arme faisait vaciller son corps de géant, planté sur ses jambes écartées et ses éclats de rire ponctuaient la danse macabre des Russes qui hurlaient, fauchés par les balles. Deux Sibériens sortirent les bras en l’air ; Pluto fit un pas en arrière, les envoya rouler d’un coup de pied et vida son chargeur sur eux.
– Sortez, salopards, s’ils y en a encore de vivants ! cria-t-Il. Je vais vous montrer comment : on traite les prisonniers d’après vos propres moyens.
Un faible gémissement monta de l’abri, mais personne ne sortit. Pluto décrocha de sa ceinture deux grenades à main et les jeta dans le charnier, où elles explosèrent avec un bruit sourd.
Le lieutenant Kohler, de son côté, avait eu au cours d’une attaque un œil arraché. Bien qu’il fût presque fou de souffrance et malgré l’insistance de von Barring, Il refusait obstinément de se joindre aux autres blessés dans la terreur évidente de nous voir reculer en les abandonnant. L’idée de tomber aux mains des Russes nous étreignait tous d’une peur sans nom, car rien de pire ne pouvait arriver. Nous avions vu tellement d’horreurs perpétrées par eux sur les malheureux prisonniers, que nous ne pouvions conserver la moindre espérance de nous en tirer à peu près saufs : balle dans la nuque, crucifixion, bras et jambes brisés, mutilations affreuses, castration, yeux énuclés, douilles vides martelées dans le front étaient choses courantes, à moins d’être destinés à la Sibérie où vous attendait un sort également épouvantable.
Le 27 février au matin, l’ennemi se mit à tirailler d’une manière bizarre qui semblait n’avoir aucun but précis, tantôt sur nous, tantôt sur la 8 e compagnie, celle du lieutenant Wenck, tantôt sur la 3 e , celle du lieutenant Köhler. Le tout dura une heure environ, puis le tir cessa et le Silence retomba sur la steppe – un Silence inconfortable, menaçant, comme le silence qui vous écrasé dans les montagnes et des forêts profondes. Inquiets, nous observions les Russes, mais rien ne bougeait, on n’entendait pas un son et trois ou quatre heures s’écoulèrent au sein de ce calme angoissant. Von Barring jumelles en main, fouillait la région. IL chuchota à Alte qui se trouvait à côté de lui :
– J’ai pourtant l’idée qu’ils préparent quelque chose. Ce silence me tire la moelle des os !
Tout à coup, Il poussa un cri et se mit à hurler des ordres incompréhensibles. A l’instant même, nous vîmes les Russes : Ils fourmillaient tout près de la 3 e compagnie !
– Köhler, tire ! Tire, pour l’amour de Dieu ! vociférait von Barring.
Désespérés, pantelants d’émotion, nous regardions impuissants ce pullulement d’ennemis. Quelques explosions de grenades rompirent enfin le calme mortel. Les Russes étaient arrivés par la gauche, derrière la 3 e compagnie, et, silencieusement, l’avaient submergée. Quelques hommes se défendirent encore comme des forcenés, à coups de pelles et de crosses, pendant que von Barring les larmes aux yeux,
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