Les panzers de la mort
kilomètres.
– Fameux coups de pied au cul pour Ivan, ricana Stege. On en aurait ici quelques-unes, tout irait mieux !
Le tir dura toute la nuit et eut au moins cet avantage de nous tenir éveillés, car s’endormir constituait un danger mortel. Si ce n’était pas le froid qui tombait sur les dormeurs, c’étaient les Russes, et avant de s’être rendu compte de quoi que ce soit, Ils avaient la gorge tranchée d’une oreille à l’autre. A l’aube, Porta et le légionnaire se mirent à tirailler sur quelque chose que nous ne distinguions pas. Quelques mitrailleuses aboyèrent en longues rafales. Inquiets, nous tendîmes l’oreille.
– Est-ce que c’est Ivan qui cherche à percer ? dit Alte sans recevoir de réponse. Au bout d’un quart d’heure la fusillade se calma. Alte mit ses mains en porte-voix et Cria à Porta : – Qu’est-ce qui se passe chez vous ?
– Tu promets de ne le dire à personne ? répondit la voix de Porta.
– Oui, cria Alte décontenancé.
Les communications avec le régiment lurent enfin rétablies et nous reçûmes l’ordre de continuer à tenir jusqu’à l’arrivée imminente des renforts. Trois jours passèrent encore avant une arrivée considérable de troupes fraîches, et le 8 mars, dans l’après-midi, nous entendîmes pour la dernière fois la radio russe.
– Comment cela va-t-il à N. ? demandait le commandement ennemi au chef de corps.
– Impossible de sortir, Ils font un feu d’enfer ; l’artillerie nous pilonne sans parler de l’aviation qui nous arrose depuis ce matin.
– Où sont vos lignes ?
– Au bord ouest de N. Les derniers blindés se sont enneigés et les Firtz ont liquidé les équipages.
– C’est insensé ! Vous n’allez pas me dire qu’un village en ruine est impossible à prendre. Attaquez immédiatement avec tout le monde. Je dis bien avec tout le monde. Il faut que N. soit pris et que vous m’ameniez le commandement ennemi. Il en va de votre vie. Terminé.
Ce fut ainsi que se déclencha le 53 e assaut russe depuis que nous avions pris Nowo-Buda, mais cette fois, nous avions l’aide d’une escadrille d’avions de chasse qui tiraient en rase-mottes sur un assaillant terrifié. La gorge enrouée à force de Crier, nous nous ruâmes sur les tranchées ennemies, pris d’une ivresse de tuerie qui nous faisait nous repaître de sang.
Porta courait d’abri en abri, déchargeant son lance-flammes sur les occupants qu’il transformait en torches vivantes. Venant de la gauche, une bande de Russes coururent vers nous, mais se détournant brusquement, Ils disparurent à l’orée du bois. La voix d’un commissaire les fouetta et les ramena contre nous en une attaque molle qui fut brisée facilement. Stege bondit derrière le commissaire qu’il voulait prendre vivant, mais l’homme très rapide, échappait continuellement à ses prises et la chasse se prolongea quelques mètres. Pour finir, une balle fit sauter la cervelle du Russe. Stege se précipita sur lui, coupa l’étoile rouge entourée d’or de son brassard, et la rapporta, en guise de trophée, à von Barring.
Le lieutenant Halter était blessé : un fort jet de sang giclait de son cou, mais nous eûmes beaucoup de difficultés à l’amener jusqu’à l’abri où gisaient les autres blessés. Enfin, la nuit qui suivit, nous fûmes relevés et envoyés dans un secteur plus calme. Nous aspirions à un repos bien mérité !
Je vous dirai maintenant leurs conversations, leurs peines, petites et grandes, leur camaraderie.
La sauvagerie de l’homme des bois et la brutalité de l’Age de fer s’étaient réveillées en eux, car la dureté de leur vie, la tyrannie et la guerre avaient eu raison, peu à peu, de la civilisation.
AU REPOS
Alors les gars, dit Porta, notre société de tireurs d’élite s’est encore une fois tirée de la marmite ! Savez-vous ce que ça veut dire ?
Petit-Frère le regarda et leva un sourcil.
– Probablement qu’on a eu de la chance !
– Grand imbécile, dit Porta, qu’est-ce qu’on peut bien faire de toi ?
– Sois pas grossier, fit Petit-Frère.
– Couche là, grand clebs, si tu ne veux pas qu’Ivan vienne et te morde les fesses. Non, les gars, ça veut dire que je suis un guerrier capable et intelligent, car c’est pas vous, miteux de Prussiens, qui auriez été capables de vous en sortir tout seuls ! Croyez-moi, cette guerre finira lorsque moi, Joseph Porta, je serai pensionné ou
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