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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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cochon et toi, c’est kif kif.
    Au-dehors le grondement augmentait ; c’était la chute des grenades lourdes.
    – Voila que ça repart, dit Alte.
    – Oui, nous n’allons pas attendre longtemps avant d’être encore les pompiers de la division, pensa Möller tout haut.
    – Ah, cette éternelle attente ! ça me rend fou ! s’écria Bauer. Attendre, toujours attendre !
    Il est vrai qu’un soldat passe son temps à attendre : c’en est presque Risible. A la garnison, Il attend avant de partir pour le front ; au front, il attend la fin du pilonnage avant de monter à l’assaut ; s’il est blessé, Il attend avant de se faire opérer et doit attendre encore sa guérison ; patiemment, Il attend la mort mais Il attend aussi la paix qui lui rendra la joie de suivre le vol d’un oiseau ou de contempler les jeux des enfants.
    Bien que notre groupe fût parfois très bruyant, son effectif était cependant réduit : onze amis, ou plutôt onze frères condamnés à mort. Toujours indécis dans nos opinions, nos conversations allaient des idées les plus folles aux idées les plus noires. Nos désirs, eux aussi, étaient assez curieux et comme le disait Stege, pourrons-nous Un jour caresser un cochon sans penser aussitôt, au goût qu’il aurait rôti ? Quant aux femmes, elles faisaient l’objet de là plupart de nos conversations. Mais il y avait femmes et femmes. Si la première catégorie réunissait pêle-mêle filles de bordels, femmes russes, infirmières et les innombrables femmes du blitz, la seconde catégorie était réservée à ces êtres merveilleux, inaccessibles, qui faisaient penser à des fleurs de printemps. C’étaient les femmes qui nous adressaient un sourire amical ; celles qui nous consolaient d’un mot ou d’une caresse ; c’étaient les femmes enfin que nous rêvions d’épouser !
    Alte était très différent de nous. Tout à l’heure, Il s’était mis à pleurer, mais cet instant d’abandon lui arrivait souvent quand Il recevait une lettre des siens. En réalité, c’était Alte qui commandait la compagnie de von Barring. Sa parole était un ordre et sa personne nous inspirait une entière confiance. Un conseil, une consolation, c’était auprès de Alte que nous les cherchions. Von Barring même lui demandait souvent son avis, et Alte s’arrangeait toujours pour que les commandants de voiture ou les chefs de groupe soient pris parmi les sous-officiers expérimentés. En effet, être commandés par un jeune blanc-bec, frais émoulu de l’école, se traduisait immanquablement par des camarades morts ou estropiés.
    Parfois, en compagnie de Porta, Il allait trouver le médecin auxiliaire. On pouvait être sûr que le lendemain l’un de nous recevait l’ordre de se présenter au toubib qui le faisait évacuer sur un hôpital « pour cause de fièvre ». Comment s’y prenait-il ?
    Personne ne le demandait. Porta était une garantie et nul n’avait le droit de fourrer le nez dans son secteur, tout le régiment le savait.
    A la vérité, Porta était un être à part. Personne n’aurait admis qu’il y avait en lui un vieux fond de droiture, et pourtant cet enfant de la rue n’avait pas l’âme mauvaise. Assis là, sale, dégoûtant, avec monocle et chapeau haut de forme, buvant et rotant tour à tour, Il faut reconnaître que son personnage était peu recommandable. Sans doute, Porta était-il le type même du reître, du mercenaire, qui sans sourciller plantait son couteau de tranchée dans la poitrine de l’adversaire, et, toujours Riant, essuyait ensuite la lame sur sa manche. C’était aussi l’homme qui n’hésitait pas à envoyer une balle dum-dum dans la nuque d’un officier haï, comme ce fut le cas pour le capitaine Meyer. Porta assassinait de sang-froid, pour un morceau de pain, et aurait fait sauter sur-le-champ un abri plein de monde, s’il en avait reçu l’ordre.
    Mais qui en avait fait cette bête de proie ? Sa mère ? ses camarades ? l’école ? non : l’État totalitaire, le pétrissage de la caserne et le fanatisme des militaires. Porta avait appris le catéchisme nazi, le même pour tout gouvernement totalitaire, lequel tenait en quelques phrases : fais tout ce que tu veux, mais ne te fais jamais prendre ; sois dur et cynique, sinon tu seras écrasé ; si tu te montres humain, tu es perdu. Telle avait été la formation de Porta.
    Pénétrez derrière les murs interdits de la caserne et regardez de tous vos yeux : vous

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