Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
Vom Netzwerk:
Déjà par la pensée, je la déshabillai.
    Avait-elle une petite gaine rouge, comme la fille du journal de Porta, ou au contraire du linge noir ? J’en frémissais à l’avance de plaisir.
    – Oui, j’ai quatre jours.
    – Venez, je vous montrerai Berlin, notre Berlin si délicieux malgré cette guerre sans fin. S. S. ?
    Sans répondre, je lui montrai mon brassard avec « sonder abteilung » encadré de deux têtes de mort. Elle rit doucement ; nous descendîmes la rue d’un pas allègre et le bruit de mes lourdes bottes dominait le bruit léger de ses hauts talons. Splendide et merveilleux Berlin ! toujours renouvelé.
    Cette femme, au visage d’une beauté calme et légèrement exotique, avait une expression un peu dure et son menton dédaigneux émergeait d’un élégant col de fourrure. Je sentis ses longs doigts glisser sur ma main.
    – Où allons-nous, monsieur ?
    Balbutiant, je réussis à dire que je ne m’en doutais pas, comme si un soldat du front ne savait pas où aller avec une jolie femme ! Elle me jeta un regard furtif et je Crus déceler un sourire dans ses yeux froids.
    – Comment ? Un officier ne sait pas où emmener sa dame ?
    – Je regrette, je ne suis pas officier mais simplement porte-drapeau.
    – Pas officier ? qu’importe, dit-elle en riant. Dans une guerre pareille tantôt les soldats deviennent officiers, tantôt les officiers redeviennent soldats ; quelquefois aussi les officiers sont pendus. Nous sommes un grand peuple, merveilleusement discipliné, qui exécute tout ce qu’on lui commande.
    Que voulait-elle dire ?
    Le train stoppe dans une secousse qui interrompt mes pensées. Un long coup de sifflet, puis tout doucement le train se remet en marche. Les fleurs de givre redeviennent l’album d’images d’une permission déjà, lointaine.
    Voici la cave des tziganes avec leur ensemble de violons doux et nostalgiques. Tout le monde ici semblait la connaître. Elle n’avait qu’à faire un signe de tête ou un sourire complice pour qu’arrivent sur la table des bouteilles à longs cols datés de grands millésimes.
    Elle portait naturellement une petite gaine rouge et du linge d’une légèreté transparente. En amour elle se révélait sauvage, insatiable, atteinte d’un érotisme presque maladif et elle avait besoin d’hommes comme l’intoxiqué a besoin de morphine. Que de choses à raconter aux copains… Tout un univers découvert en quatre jours !
    Le dernier soir, elle me demanda de lui faire cadeau de ma Croix de fer. Comment la lui refuser ? Le tiroir qu’elle ouvrit était déjà rempli des décorations de tous les hommes qu’elle avait reçus dans son lit. Il y avait même une tête de mort en argent, insigne des S. S. Ma Croix rejoignit ces trophées.
    – Je m’appelle Hélène Strasser, dit-elle en riant, puis rejetant la tête en arrière avec un air de défi, elle exhiba une étoile jaune, soigneusement enveloppée dans un morceau de soie : – Voila mon ordre de chevalerie, ajouta-t-elle.
    Elle s’attendait sans doute à une réaction de ma part, mais je restai impassible. Un souvenir me revint, celui du jour où un S. S. voulut interdire à Porta un banc réservé aux Juifs. Le S. S. tombait mal ; le respect du règlement lui coûta la vie.
    – Tu n’as pas l’air de comprendre ! J’ai l’étoile juive !
    Son regard se vrillait dans ma chair. – Oui, et après ?
    – Tu iras en prison parce que tu as couché avec moi, dit-elle en Riant, avoue au moins que cela en valait la peine !
    – Sûrement, mais comment peux-tu habiter ici et te promener librement ?
    – Relations ! relations ! Regarde, j’ai même la carte du Parti avec ma photo.
    Longeant la steppe, le train qui cahote passe maintenant devant des villages oubliés. Des gardes barrières hongrois, tout ensommeillés, jettent un regard vague sur le numéro de notre train composé de wagons de marchandises et de voitures vétustés de voyageurs.
    Le visage d’un camarade de l’École de guerre repassa dans ma mémoire. Il avait dû quitter l’Allemagne parce que l’arrière grand-père de sa femme était juif. Mis dans l’obligation de divorcer, nous lui fîmes passer la frontière suisse avec sa femme dans une Mercédès de l’État-major. Mais l’histoire ne s’arrêta pas là. Simultanément, la mère de mon camarade et le père de la jeune femme furent arrêtés ; tandis que les conjoints respectifs étaient laissés en liberté, mais

Weitere Kostenlose Bücher