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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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privés de cartes de ravitaillement. En 1941, on fusilla le père de mon ami et l’on déclara qu’il s’était suicidé. L’armée fît envoyer une belle couronne, des officiers suivirent le cercueil de cet ancien colonel, lequel eut également droit à un très beau discours. En somme, tout se termina à la satisfaction générale.
    A Mogilev, changement de train. Sur le quai, je rencontre l’officier de la gare qui m’arrête et, à ma stupéfaction, me demande de mes nouvelles, m’offre une cigarette et m’appelle monsieur le porte-drapeau. Ces civilités tout à fait inhabituelles m’inquiètent au plus haut point. Revêtu de l’uniforme de cavalier orné de galons larges d’un doigt, Il portait de hautes bottes vernies garnies d’éperons d’argent qui sonnaient comme les clochettes d’un traîneau au pas. Il m’observe en souriant à travers son monocle.
    – Où comptez-vous vous rendre, monsieur le porte-drapeau ?
    Je claque des talons et réponds de la façon la plus réglementaire :
    – Mon capitaine, le porte-drapeau Hassel rejoint son régiment à Bobrusk, par MogIlev.
    – Savez-vous quand part le train pour Bobrusk, mon cher ami ?
    – Non, mon capitaine.
    – Dommage ! Hélas, je ne le sais pas non plus, mais nous allons essayer de le deviner. – Il fixait les petits nuages gris comme s’il attendait que l’indicateur lui tombât du ciel puis, visiblement, y renonça.
    – Oui, évidemment, c’est là que le bât nous blesse ! Voyons, vous voulez aller à Bobrusk, mon cher petit porte-drapeau ? Mais au fait, avez-vous un drapeau ?
    Complètement ahuri, je le regarde les yeux ronds. Se paie-t-Il ma tête ou bien est-Il fou ? Je louche de tous côtés pour chercher de l’aide, mais Il n’y a que deux employés de chemin de fer à l’autre bout du quai. Il me sourit d’un air bienveillant et ôte son monocle qu’il nettoie avec son gant.
    – Avez-vous apporté le drapeau, cher ami ? Le vieux drapeau du régiment !
    Il se mit à citer Rilke.
    « Bonne mère, sois fière : je porte le drapeau.
    Sois sans souci : je porte le drapeau
    Garde-moi ton cœur : je porte le drapeau. »
    Il mit la main sur mon épaule : – Cher Rainer Maria Rilke vous êtes un héros et l’honneur de la cavalerie. Le grand roi vous récompensera. Il fit les cent pas, Cracha sur les traverses et, tout en montrant les rails du doigt, continua d’une voix de fausset :
    – Dans le manuel réservé aux employés de chemin de fer, ces barres de fer que vous voyez là sont appelées rails. Sur le ballast on a disposé, pour des raisons scientifiques, des traverses à intervalles réguliers. Selon notre manuel, la distance comprise entre deux rails est appelée écartement. Chez les Russes, dont la culture est inexistante, l’écartement est différent. Heureusement, nos armées libératrices se sont enfoncées dans les ténèbres russes pour y apporter la lumière et donner aux rails soviétiques l’écartement conforme à une nation civilisée.
    Il se penchait vers moi, clignait de l’œil, ajustait son ceinturon et se dandinait avantageusement sur ses jambes.
    – Savez-vous que le 27 septembre 1825 les Anglais eurent l’incroyable impudence de construire la première ligne de chemin de fer ? D’après notre service de renseignements, le train comportait trente-quatre voitures d’un poids total de 90 tonnes.
    Il se cura les dents avec un cure-dents en argent, suça un instant une dent Creuse et ajouta sur un ton confidentiel :
    – Je crois que les bombardiers du maréchal Göring ont détruit cette menace contre notre royaume germanique. – Puis, après avoir respiré profondément, Il ajouta : – Avec des explosifs spéciaux de l’usine de Bamberg, on peut mettre en miettes cette ligne de chemin de fer. En droit international, ce geste est réservé aux troupes allemandes lorsqu’elles jugent la culture en danger. Avez-vous bien compris, monsieur le porte-drapeau Rilke ?
    Pas une fois je ne réussis à ouvrir la bouche et me contentai de hocher la tête.
    – C’est à Bobrusk que vous vouliez aller ? Pour aller chercher le drapeau j’espère ? – : Soudain, Il se met à m’engueuler en m’accusant d’avoir abandonné le drapeau, puis redevient courtois ; – Puisque vous vouliez emprunter notre merveilleux train national-socialiste, vous devriez avoir les horaires. Voyons un peu, c’est à Bobrusk que vous désirez aller ? – Puis, furieux : – Que

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