Les panzers de la mort
faut jamais Rien demander parce que cela fait trop mal. Ensuite Il devient très difficile de vivre.
Porta, recroquevillé dans un coin, se réveilla subitement.
– Et si on enlevait le père de la petite ? C’est bien moins difficile de descendre quelques miteux de gendarmes qu’un bataillon de Russes.
– J’en suis, opina Pluto, on tord le cou de ces poulets dégueulasses et on met les voiles avec le paysan.
– Et après ? dit Alte qui tortillait toujours son nez.
– – Comment après ?
– Tu crois qu’ils iront se coucher après qu’on leur aura bousillé leurs gendarmes ?
– Ah oui, réfléchit Porta. Mais on sera loin… Et qui saura que c’est nous ?
– Non, on ne le saura pas, en effet, et même si on le disait personne le Croirait. Mais vois-tu, fils, il y aura quelque chose de bien pire. En ce moment, Ils savent parfaitement qu’ils tiennent non pas un partisan, mais un paysan innocent. Si nous le libérons avec fusillade et tout le tremblement, alors, pour le coup, Ils Crieront au partisan, je t’en réponds ! Tous les S. S. seront sur pied, il y aura deux villages rasés, des centaines de femmes et d’enfants mis dans des Camps de représailles, car le paysan sera devenu un dangereux chef de partisans recherché depuis longtemps.
Tandis que si nous autres, on ne s’en mêle pas, alors Vjatscheslav sera pendu, mais il le sera seul et s’il gigote bien, on aura la paix pendant quelque temps, parce que le général aura eu sa bonne journée et les gendarmes leurs croix. Le paysan est le prix de la paix dans le district.
– Que je mette la main sur ces bandits après la guerre, grinça Porta. Je leur collerai du plomb fondu dans la gueule.
Stege et le légionnaire qui venaient de rentrer jurèrent à voix sourde et émirent une autre idée : celle d’enlever l’officier de l’étape, et de l’expédier chez les Russes.
– Ce n’est vraiment pas malin, dit Alte en colère.
– Tu ne crois pas qu’on en est capable ? Cria le légionnaire.
– Très facile, dit Porta. A nous trois, nous ramenons toute la meute avec le chef bourreau en tête.
– Je n’en doute pas, dit Alte, mais vous êtes stupides si vous le faites. A moins que vous ne désiriez voir tomber la foudre sur les paysans du district ? Car, même vous, pauvres idiots, pouvez vous douter des résultats de ce genre de plaisanteries !
– Bien. Alors cherchons…
Porta s’arrêta net et regarda le sous-officier qui venait de pousser la porte et secouait, en ce moment même, la neige de sa capote.
Petit-Frère cligna des yeux, hocha la tête et se mit à siffloter entre ses dents. Le cuistot qui jouait avec une bouteille vide, loucha vers Porta et fit de sa tête de taureau chauve un signe haineux vers la porte.
Au même instant un couteau vola et vint se planter dans le sol entre les pieds du sous-officier. Le légionnaire éclata de rire et, souple comme une panthère, se glissa vers la porte. D’une secousse, Il arracha le couteau, y déposa un baiser et chantonna : – Allah est grand et sage !
Un silence mauvais plana dans la pièce. Le sous-officier Heide, l’auteur du rapport sur le paysan, regarda autour de lui avec un sourire tendu.
– Il y en a qui sont vifs, hein ? Mais je ne conseille à personne de se foutre de Heide.
Il tripotait un grand nagan et un déclic indiqua qu’il l’armait.
– Je vous brûlerai la cervelle, tas de merdeux ! Dites seulement quand et où ?
On sentait du meurtre dans l’air, – Pochetées ! constata Heide qui s’avança et demanda un verre de bière.
– Y en a pas, mâchonna le cuistot.
– Demi-vodka !
– Y en a pas ! dit l’autre, le regard étincelant de haine.
– Qu’as-tu, alors ? demanda Heide, en avançant sa tête comme celle d’un bélier qui va charger.
Il avait la main droite enfoncée dans la poche de sa capote et tout le monde savait qu’elle tenait le nagan.
– Rien ! hurla le cuisinier, et la bouteille se brisa sur le comptoir.
– Tu refuses de me servir, gargotier ! Moi, sous-officier Julius Heide !
– Je n’ai que ça, dit le cuistot et il brandit un tesson de bouteille sous le nez de Heide.
Petit-Frère Ricana : – Viens ici, salaud ! Nous, nous avons quelque chose pour toi !
Heide vira, le regarda hébété et fit quelques pas vers la table. Petit-Frère enfonça brusquement son couteau dans le bois et s’écria : – Voila pour toi si tu ne sors pas en vitesse de cet
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