Les pièges du désir
tout en strass et en dorures bon marché, mais c’était l’effet qui comptait.
– Celui-ci a un petit air égyptien, vous ne trouvez pas ? On dirait l’un de ces colliers que nous avons vus hier sur les fresques.
Elle disposa le bijou sur l’une des toilettes blanches.
– Cléopâtre devait porter beaucoup de joyaux, je suppose…
Elle arrangea les chaînes d’or sur l’étoffe. Toute son attention semblait concentrée sur les costumes et elle tournait à peine les yeux vers lui. En somme, elle se comportait exactement comme il le lui avait demandé la veille, en simple cliente. Cela aurait dû le mettre à l’aise.
Or il n’en était rien !
S’il était allé à Drury Lane avec elle fouiller dans les coffres à vêtements, il aurait vu son regard étinceler à chacune de ses découvertes. Il aurait été le témoin de son excitation, quand elle avait trouvé le collier doré. Peut-être aurait-elle soulevé les couronnes pour les lui montrer, faisant scintiller les gemmes dans la pénombre de la pièce. Ils auraient discuté du choix des robes. Et ri ensemble.
Il avait laissé passer cette chance…
Elle se redressa pour juger de l’ensemble.
– Eh bien, qu’en pensez-vous ?
Il préféra jouer l’indifférence.
– N’importe laquelle fera l’affaire.
Elle fit la moue.
– J’espérais que vous m’aideriez à choisir.
Elle tâta de nouveau l’étoffe jaune avant d’ajouter :
– J’avoue que je suis incapable de me décider.
– Je crains de ne pas le savoir plus que vous.
Ce qui était totalement faux – mais son choix était trop indécent pour être exprimé.
– Peut-être pourriez-vous les essayer ?
L’attitude résolument impersonnelle qu’elle avait adoptée vacilla quelque peu, il le vit à ses yeux.
– Oui, bien sûr…, murmura-t–elle.
Elle rassembla les costumes, tandis qu’il lui ouvrait la porte de la chambre. Elle disposa les robes sur le lit et lui lança un regard par-dessus l’épaule.
– Je vais devoir vous demander de me délacer, monsieur Vernon.
Si elle avait mis la moindre tonalité séductrice dans sa requête, il aurait refusé. Mais elle s’était adressée à lui sur le ton qu’elle aurait employé avec sa femme de chambre.
Jack s’approcha d’elle et dégrafa les crochets qui fermaient sa robe bleue dans le dos, effleurant au passage la peau satinée de son cou. Elle ondoya sous cette caresse. Avec quelle spontanéité elle réagissait à son toucher ! Il sentit une onde de désir fuser en lui, qu’il refoula du mieux qu’il put.
Elle s’écarta dès qu’il eut fini.
– Merci, monsieur.
Il retourna dans l’atelier, qu’il arpenta jusqu’à ce qu’elle émerge de la chambre, vêtue de la robe de soie jaune.
– Je vais devoir faire appel à vous de nouveau, dit-elle en lui présentant le dos.
Il attacha les lacets du corsage. Ses doigts tremblaient un peu à présent. Ariana recula et virevolta devant lui. La soie dorée se gonfla, avec de ravissants contrastes d’ombre et de lumière.
– Eh bien ?
Il prit une profonde inspiration.
– Essayez le collier et les autres bijoux.
Il apporta le grand miroir dont il usait parfois lorsqu’il avait besoin de peindre d’après un reflet. Ariana attacha d’abord le collier, puis les chaînes, en observant l’effet dans la glace.
Ils répétèrent l’opération avec la robe de mousseline, qui titilla Jack plus qu’il ne voulait l’admettre, bien que l’étoffe transparente révélât la chemise et le corset d’Ariana, et non la chair rose qu’il brûlait de voir. L’image était même si vivace en lui qu’il dut lutter contre un début d’érection.
Dieu merci, Ariana continua d’afficher une attitude impersonnelle qui l’aida lui-même à garder son contrôle.
La seconde robe de mousseline n’était guère plus que deux morceaux de tissu rassemblés aux épaules et noués par un simple cordon à la taille. Ariana fit quelques pas, et l’étoffe légère s’enroula autour de ses jambes, aussi vaporeuse qu’un nuage.
– J’aime la sensation qu’elle donne.
Elle dansa devant lui, faisant ondoyer le tissu autour d’elle.
– Sur scène, elle serait idéale !
Elle s’aperçut qu’il l’observait intensément et s’arrêta, un soupçon de sourire aux lèvres.
Jack détourna les yeux.
– Essayez-la avec le collier,
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