Les pièges du désir
yeux.
– Je ne veux pas que notre journée ensemble s’achève ainsi.
Le regard de Jack s’assombrit.
– Raccompagnez-moi chez moi, s’il vous plaît.
Elle tâcha de ne pas montrer à quel point elle brûlait de l’entendre dire oui.
– Passons la soirée ensemble. Je vous ferai entrer au théâtre.
Il hésita une seconde.
– Il est vrai que je ne suis pas attendu ailleurs…
Elle sourit et lui effleura la joue.
– Alors venez avec moi ! Pourquoi non ?
Elle épia son visage, où s’attardait un dernier reste d’indécision.
– Très bien. Laissez-moi une minute pour fermer ma porte.
Chapitre 9
Jack tourna la clé dans la serrure et rejoignit Ariana dans la rue. Elle était tout sourires, aussi heureuse qu’une enfant à qui on vient de faire un cadeau.
Etait-ce donc si réjouissant d’être avec lui ? Il en doutait. Mais il avait envie de rester avec elle aussi longtemps que possible. Voilà pourquoi il avait accepté la visite à l’Egyptian Hall. Et s’il avait inclus Nancy dans cette sortie, c’était pour avoir un chaperon. En fait, c’était lui qui avait besoin d’un garde-fou !
A l’atelier, il n’y avait personne pour jouer ce rôle, évidemment. Et il en était déjà à délacer sa robe ! Cela dit, là-bas, au moins, il avait son travail. Le chaperon, c’était son art…
Tout à l’heure, il avait de nouveau trouvé Tranville dans l’appartement de sa mère, laquelle s’en trouvait fort aise. Jack en était ressorti littéralement malade, et c’était un peu pour cela qu’il avait décidé de passer la soirée avec Ariana. Tant qu’il serait à ses côtés, il ne penserait pas à sa mère.
Il aida la jeune femme à monter dans le fiacre et s’installa près d’elle.
– J’ai dit au cocher de nous conduire à Henrietta Street.
– Parfait !
Elle passa son bras sous le sien.
– Nous pouvons dîner là-bas et aller au théâtre ensuite, si cela vous convient.
Jack acquiesça. Tranville lui avait dit qu’il ne se rendrait pas au théâtre, ce soir. Ariana et lui n’auraient pas à subir sa présence, Dieu merci !
Etre assis auprès de la jeune femme durant le bref trajet jusqu’à Henrietta Street se révéla étonnamment agréable. Après qu’il eut payé le cocher, Ariana lui reprit le bras et l’entraîna vers la porte. Si, à la lueur du soir, son visage avait pris des teintes moins éclatantes, ses traits semblaient aussi jolis que dans le plein soleil. Comme il aurait aimé la peindre sous tous les éclairages possibles !
– Je suis si heureuse que vous soyez venu ! dit-elle en pénétrant dans la maison. Allons dans ma chambre. Nous pourrons avoir une confortable causette en attendant le dîner.
Elle le tira par la main dans l’escalier et le poussa dans sa chambre, dont elle referma la porte derrière eux. Puis elle ôta son manteau, qu’elle jeta sur une chaise, et débarrassa Jack de son pardessus.
– Ce soir, c’est moi qui suis votre valet. Vous avez bien été ma soubrette cet après-midi !
Jack la laissa faire d’un air contraint. Au fond de lui, il n’avait qu’un désir – la prendre dans ses bras et se laisser tomber avec elle sur le lit tout proche. Mais céder à l’attraction qu’elle exerçait sur lui n’aurait pas été sans danger. Même si elle avait rejeté Tranville, celui-ci revendiquait un droit sur elle et se déchaînerait s’il apprenait qu’elle lui avait préféré Jack.
Jack aurait volontiers affronté Tranville, là n’était pas la question. Mais il ne voulait pas prendre le risque de le voir se venger sur Ariana ou sur Mary Vernon.
Ariana ne semblait guère se soucier de cela en cet instant, occupée qu’elle était à disposer sur le lit le chapeau et les gants de son visiteur. Une façon intelligente de lui délivrer un tacite message… Cette couche, pour l’instant, n’était pas destinée à être le lieu de leur plaisir !
Quelqu’un toqua à la porte.
– Ariana ! fit une voix masculine. Des rafraîchissements sont servis dans le salon. L’une des filles a reçu une bouteille de madère en cadeau.
– Magnifique ! s’exclama l’interpellée, qui se tourna vers Jack. Voulez-vous prendre un peu de madère avant le dîner ? Mes colocataires sont du genre accueillant, vous savez.
Le vin serait un dérivatif à d’autres tentations, songea Jack.
– Je ferai selon votre
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