Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diane Gaston
Vom Netzwerk:
mousseline diaphane dans le carton, s’en para, et se tourna vers lui. Jack se saisit des chaînes dorées qu’elle avait apportées du théâtre et la tira par la main. 
    – Venez dans l’atelier. 
    Elle s’y laissa conduire. La pièce était si éblouissante de soleil qu’ils clignèrent tous deux des paupières. Jack attacha l’une des chaînes autour de sa taille et arrangea les autres autour de son cou. Il tourna ensuite autour d’elle, étudiant la façon dont sa peau transparaissait à travers le tissu et la disposition des plis translucides, dans de subtils jeux de couleur et de lumière. L’idée de la peindre ainsi lui enflammait le sang, même si c’était trop inconvenant pour être envisagé. 
    Elle arqua un sourcil. 
    – Vous voulez vraiment me représenter ainsi ? 
    Il la dévisagea un long moment, terriblement tenté de dire oui. Puis il eut un geste de la main. 
    – Non, remettez l’autre. Je voulais simplement voir ce que donnait celle-ci. 
    ***
    Les deux semaines suivantes furent un pur bonheur pour Ariana. Ses après-midi étaient le plus souvent occupés par les répétitions d’ Antoine et Cléopâtre et elle passait aussi les soirées au théâtre, où elle donnait un coup de main selon les besoins. Chaque fois qu’elle allait dans la Green Room, elle n’oubliait pas de parler de son portrait, pour faire un peu de publicité à Jack. 
    Mais c’était les matinées qui faisaient de sa vie un enchantement. Des matinées qu’elle passait avec Jack, d’abord à faire l’amour dans son lit, puis à poser pour lui. 
    Parfois, lorsqu’il peignait, sa concentration était si intense qu’ils ne parlaient pas du tout. A d’autres moments, ils se racontaient les événements marquants de leur vie. Mais Jack semblait sélectionner avec soin les épisodes qu’il évoquait. S’il s’étendait volontiers sur la période qui avait précédé la mort de son père, il était peu loquace sur ce qui s’était passé ensuite. 
    Quand il évoquait l’Espagne ou le Portugal, c’était les paysages, les sons et les parfums qu’il décrivait, jamais les batailles auxquelles il avait participé. 
    Ariana, elle, lui racontait les frasques de sa mère, ses propres années de pensionnat, et la façon dont elle s’était enfuie de l’école pour rejoindre une troupe. 
    L’un des points noirs de cette idylle, c’était le portrait lui-même. D’abord, elle avait été fascinée de voir son image s’y dessiner peu à peu au fil des séances. Mais il manquait quelque chose à cette œuvre, elle en était de plus en plus consciente. Bref, elle était un peu déçue du résultat, et Jack le sentait. 
    Et puis il y avait le fait que le tableau était presque achevé. Jack en était aux finitions et les séances de pose n’étaient plus vraiment nécessaires. Ils le savaient tous deux, mais ils n’en parlaient pas. 
    Ce jour-là, elle se leva après la séance et vint examiner le travail. 
    – C’est très joli, Jack, mais… 
    – Mais ? 
    C’était plus une accusation qu’à une question. 
    – Vous savez déjà ce que j’en pense. 
    Elle détestait avoir à revenir là-dessus. 
    – Pour moi, cela manque d’émotion. 
    Il eut un geste irrité. 
    – Je peins ce que je vois ! 
    Ce n’était pas totalement faux. Sa Cléopâtre trônait dans une symphonie de blancs, au milieu d’une salle d’albâtre. De fines nuances d’ivoire et de crème jouaient dans les ombres, les hiéroglyphes, les détails des ornements et des habits. Mais Cléopâtre elle-même éclatait de couleurs – sa peau, sa chevelure, ses longs yeux soulignés de khôl noir. Les colliers d’or étincelaient à son cou et le vermillon des coussins de sa chaise répondait à celui de ses lèvres. 
    C’était là du grand art, Ariana n’en doutait pas. Mais il manquait ce qui faisait à ses yeux la touche personnelle de Jack. Dieu savait combien de fois elle avait tenté de lui expliquer cela ! 
    – Vous avez laissé l’émotion de côté, Jack, répéta-t–elle, ne sachant comment le dire autrement. 
    Il secoua la tête. 
    – Je ne vois pas la différence avec le portrait de Nancy. 
    – Vous avez su la rendre vivante, voilà la différence ! Vous avez capté cette passion juvénile sur son visage, avec tous ses espoirs, son élan vers l’avenir. 
    Il l’arrêta d’un geste. 
    – C’est absurde, Ariana. Nancy a posé pour moi et j’ai peint ce que j’avais

Weitere Kostenlose Bücher