Les pièges du désir
de publier les bans.
– Alors, vous serez peut-être mariée d’ici deux semaines, murmura-t–il.
Ils se turent de nouveau et ne rompirent le silence qu’en arrivant à Charing Cross.
– C’est un endroit si romantique, observa Nancy.
– Vous trouvez ? C’est là qu’on a déposé le cercueil de la reine Eleanor avant qu’elle ne soit enterrée en la cathédrale de Westminster.
– C’était une attention si sentimentale de la part du roi Edouard que de marquer tous ces lieux avec des croix…
Il se mit à rire.
– Sentimentale ? C’est vous qui le dites !
Elle le considéra, vexée.
– Vous êtes encore en train de me taquiner !
Michael lui toucha la main d’un geste apaisant.
– Bien sûr que je vous taquine. Cela m’a tellement manqué depuis deux jours !
Nancy cligna des yeux pour refouler ses larmes.
– Courons jusqu’au parc, voulez-vous ?
Main dans la main, ils franchirent au pas de course la courte distance qui les séparait du parc, et ce fut hors d’haleine qu’ils atteignirent la grande allée. D’autres promeneurs profitaient de la belle journée, mais le parc n’était pas très peuplé.
Nancy leva les yeux vers les arbres, tout en retenant son chapeau d’une main. Les premiers bourgeons se montraient déjà et des canards glissaient sur l’eau scintillante du lac.
– Trouvons un siège, dit Michael. Vous devez avoir besoin de vous reposer.
Elle ne se sentait pas du tout fatiguée, mais elle laissa Michael la conduire vers un banc disposé face au lac, au milieu de buissons odorants. Une fois assis, ils ne virent plus les badauds dans l’allée. Il semblait à Nancy qu’ils étaient seuls au monde.
– Je suis heureuse que vous m’ayez amenée ici, Michael.
Ce serait un souvenir qu’elle chérirait le reste de sa vie.
– Je voulais vous parler en tête à tête, répondit-il.
Le problème, c’était qu’elle n’avait pas la moindre envie de parler. Qu’aurait-elle pu lui dire ? Elle voulait simplement être près de lui, en faisant semblant de croire que ces instants ne finiraient jamais.
Il la regarda dans les yeux.
– J’ai besoin de m’assurer que vous êtes heureuse.
– Heureuse ?
Cette fois, elle ne put retenir ses larmes. Michael la fixait avec tant d’angoisse – comment supporter cela une seule seconde de plus ?
Puis il se rapprocha d’elle lentement et passa un bras autour de ses épaules, l’attirant contre sa robuste poitrine. Il la tint serrée ainsi un long moment avant de murmurer :
– Si j’avais quelque chose à vous offrir, je ne vous laisserais pas épouser Ullman et je demanderais votre main. Mais je n’aurai pas d’argent tant que je n’aurai pas fini mes études, et aucune perspective d’avenir si je ne les achève pas.
L’oreille contre son cœur, elle sentait sa voix vibrer dans tout son corps. C’étaient les mots qu’elle brûlait d’entendre – des mots qui ne pouvaient pourtant rien changer.
– Je vous aime trop pour vous imposer les épreuves qu’il vous faudrait endurer si je vous faisais mienne, poursuivit-il. Mais en même temps, cela me tue de vous imaginer avec un autre homme.
Elle se suspendit à son cou et le regarda dans les yeux.
– Vous m’aimez vraiment, Michael ?
– De toute mon âme.
Il lui souleva le menton et la transperça d’un regard brûlant. Elle sentit jaillir en elle un flot de sentiments comme elle n’en avait jamais éprouvé de sa vie. Ce matin, elle avait cru qu’elle allait mourir de chagrin. Et voilà qu’elle ne s’était jamais sentie aussi vivante qu’en cet instant !
Elle reprit son souffle, respirant cette odeur si familière, si merveilleuse, qui n’appartenait qu’à lui.
– Je… je pensais que vous étiez mon ami, Michael. Mais je vois que je me suis trompée. Vous êtes mon amour. Mon unique amour…
Les yeux de Michael s’assombrirent de douleur, mais il se pencha vers elle et posa les lèvres sur les siennes.
Mon premier baiser , songea-t–elle. Car la répugnante tentative de lord Ullman ne signifiait rien. Le baiser de Michael, c’était celui des romances qui avaient nourri tous ses rêves…
Il l’embrassa encore et encore, enlaçant sa langue à la sienne dans un savoureux ballet. Qui aurait cru que la langue d’un homme pouvait susciter de si délicieuses sensations ? Les baisers de Michael la rendaient toute
Weitere Kostenlose Bücher