Les pièges du désir

infligées par quelque épée française. Au moins, il n’aurait plus jamais à affronter l’horreur de la guerre ! 
    Il tourna la tête en marmonnant des syllabes indistinctes et ses paupières frémirent avant de s’ouvrir. Il lui fallut un instant pour fixer son regard sur elle. Puis il sourit et lui tendit la main. Elle se laissa tomber dans ses bras. 
    – Bonjour, Jack ! 
    Elle avait eu l’intention de lui parler tout de suite de Tranville. Mais elle se sentait incapable d’évoquer le sujet maintenant, à son réveil. 
    – Quelle joie de vous voir ici ! 
    Sa voix était encore enrouée de sommeil. 
    Il la ploya pour un long, un profond baiser, et elle se promit de faire en sorte que tout aille bien pour eux, d’une façon ou d’une autre. Elle voulait aimer Jack longtemps, si longtemps qu’elle n’envisageait même pas qu’ils puissent un jour se séparer. Peut-être ne lui dirait-il jamais qu’il l’aimait, mais elle sentait son émotion quand il la regardait ou la touchait. Cette même émotion qui vibrait dans son portrait… 
    Il la déshabilla entre deux baisers. La sensation de ses lèvres chaudes sur ses seins lui était déjà indispensable et la caresse de ses mains sur son corps éveillait en elle un frémissement sans pareil. Il savait exactement comment s’y prendre pour lui donner le plus de plaisir possible. Et elle espérait lui donner le même en retour. 
    Ce jour-là, leurs ébats prirent pour elle une intensité particulièrement poignante. Leur relation, déjà compliquée parce que vouée au secret, menaçait de devenir encore plus difficile, à présent que Tranville avait demandé sa main. 
    Mais l’adresse de Jack, si habile à éveiller son désir, chassa bientôt ces soucis de son esprit. Elle aimait explorer ce corps d’homme, en découvrir tous les secrets. Le faire gémir sous son toucher lui donnait une triomphante sensation de pouvoir. C’était entre eux comme une danse – ses mouvements à elle, ceux de Jack, puis eux deux ensemble. Ils ne se pressèrent pas cette fois-ci, mais ce fut aussi fort et sensuel que l’acte rapide et brûlant de la veille. 
    Elle gémit lorsqu’il la pénétra et elle pressa les muscles fermes de ses reins pour le lier encore plus profondément à elle. Puis elle arrêta de penser tandis que montait le crescendo de leur passion et se laissa emporter par l’ivresse de la danse – de plus en plus rapide, de plus en plus sauvage, dans un soleil tournant de sensations. 
    – Oh, plus vite… Plus vite…, s’entendit-elle supplier. 
    Le plaisir explosa en elle à l’instant même où elle pensait ne plus pouvoir supporter cette tension une seconde de plus et elle poussa un cri de délivrance. Jack se déversa en elle au même moment, le corps arqué dans les convulsions finales de la transe. 
    Elle revint à elle, encore un peu flottante, retrouvant la sensation des draps contre son dos, de l’air frais sur sa peau. Jack tira une couverture sur elle et l’attira dans ses bras. 
    – Je crois que je pourrais m’habituer à ce genre de réveil, murmura-t–il d’une voix enrouée par l’émotion. 
    Une émotion qu’elle partageait. Elle déposa un baiser sur sa peau nue. 
    – J’ai été surprise de vous trouver endormi. Moi qui pensais que vous seriez à votre chevalet ! 
    Il l’attira encore plus près, dans la confortable chaleur de ses bras. 
    – Je suis resté dehors très tard hier soir. 
    Elle s’inquiéta, sachant qu’il évitait de sortir la nuit. 
    – Avez-vous eu de nouveau vos visions ? 
    – J’ai failli. J’entendais des sons… 
    Elle le serra contre elle. 
    – Mais cela ne s’est pas fini comme l’autre fois, j’espère ? 
    – Non, Dieu merci. 
    Ils restèrent enlacés quelques précieux instants de plus. Puis elle sentit les muscles de Jack tressaillir contre elle. 
    – Il faut nous lever, dit-il enfin. Nous avons à travailler. 
    Il alla faire ses ablutions devant sa table de toilette, pendant qu’elle sortait la robe de mousseline du carton. 
    – Où êtes-vous donc allé pour être rentré si tard ? s’enquit-elle en enfilant le vaporeux costume. 
    – Je cherchais Michael. 
    Elle fixa les chaînes dorées autour de sa taille. 
    – Et l’avez-vous trouvé ? 
    – Oui. Et j’ai tout fait pour le convaincre de détourner Nancy de ce mariage. Je ne suis pas du tout sûr qu’il le fera. Il a tant de scrupules ! 
    Il enfila sa