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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ligne sur leurs
montures, leurs lances prêtes, comme s’ils étaient à un tournoi au moment de
commencer les joutes. Non sans regret. William renvoya tous les chevaux de son
contingent, en ordonnant aux écuyers non pas de les ramener à la ville mais de
les garder à l’arrière – au cas où on en aurait besoin : pour faire
retraite, pensa-t-il sans le dire. Si le combat tournait mal, mieux valait
s’enfuir que mourir.
    La
bataille semblait ne jamais devoir commencer. Le vent tomba, les chevaux se
calmèrent, sinon les hommes. Le roi Stephen ôta son casque pour se gratter la
tête. William commençait à s’énerver. Il ne redoutait pas de se battre mais
l’attente lui donnait la nausée.
    Soudain,
sans raison apparente, une sorte d’électricité passa dans l’atmosphère. Un cri
de guerre monta de quelque part. Les chevaux piaffèrent. Des acclamations
fusèrent, noyées aussitôt par le tonnerre des sabots. La bataille commençait.
William sentit l’acre odeur de sueur et de peur.
    D’abord,
tout ne fut que confusion. A pied. William ne distinguait que son environnement
immédiat. Les comtes, sur la droite, avaient dû engager la bataille en
chargeant l’ennemi. Presque aussitôt une clameur monta sur la gauche et William
vit en se retournant que les hommes à cheval de l’armée des mercenaires bretons
éperonnaient leurs montures. Comme en écho une cacophonie de hurlements à
glacer le sang s’éleva de la section correspondante de l’armée ennemie :
la canaille galloise. Impossible de savoir qui avait l’avantage.
    William ne
voyait plus Richard. Des douzaines de flèches jaillissaient comme un envol
d’oiseaux de derrière les lignes ennemies et pleuvaient alentour. William
brandit son bouclier au-dessus de sa tête.
    C’est
alors que le roi Stephen chargea. William dégaina son épée et se précipita,
ordonnant à ses hommes de le suivre. Mais les cavaliers, à droite et à gauche,
qui s’étaient dispersés en attaquant, s’interposèrent entre l’ennemi et lui.
    Sur sa
gauche, retentissait un fracas assourdissant de fer contre fer ; l’air
s’emplissait d’une odeur métallique qu’il connaissait bien. Les comtes et les
Déshérités s’affrontaient avec tant de violence qu’on ne discernait plus qu’un
tourbillon d’hommes et de chevaux se heurtant, chargeant et s’effondrant.
Impossible de distinguer le hennissement des bêtes des cris de guerre des
hommes. Ici et là, dans le brouhaha, William percevait les horribles
gémissements des blessés agonisants. Si seulement Richard pouvait en faire
partie !
    A sa
gauche, au désespoir de William, les Bretons battaient en retraite devant les
haches et les massues des Gallois déchaînés qui, poussant des hurlements, se
piétinaient entre eux dans leur ardeur à attaquer l’ennemi. L’idée du pillage
promis les excitait comme des fous. Les Bretons, qui devaient se contenter de
la perspective d’une autre semaine de solde, se défendaient avec moins
d’enthousiasme et cédaient du terrain. William cracha par terre, écœuré.
    Il
enrageait de n’avoir pas encore porté le moindre coup. Il était entouré de ses
chevaliers, et devant lui se trouvaient les chevaux des comtes et les Bretons.
Il poussa en avant, sur le côté du roi. On se battait de toutes parts. Des
chevaux écroulés, des hommes au corps à corps mus par une férocité de chats
sauvages, le chaos assourdissant des épées et l’écœurante odeur du sang
transformaient la plaine en enfer. Mais William et le roi Stephen restaient
pour le moment coincés dans une zone de calme.
    Philip,
bien qu’il vît toute la scène, n’y comprenait rien. Des hommes tombaient et
mouraient, d’autres triomphaient et continuaient à se battre. Mais qui
l’emportait, qui perdait ? Le prieur n’aurait pas su le dire, et c’était
exaspérant.
    A cet
instant, sur la gauche du champ de bataille, un grand mouvement se fit. Des
hommes dévalaient la pente vers le canal, des mercenaires vêtus de toile bise
et, pour autant que Philip pût les reconnaître, des hommes du roi, poursuivis
par les guerriers hauts en couleurs de l’armée attaquante. On entendait d’ici
les hurlements de victoire des Gallois. Une bouffée d’espoir gonfla le cœur de
Philip : les rebelles tenaient la victoire !
    De l’autre
côté, sur la droite, là où combattaient les cavaliers, l’armée du roi ne
semblait pas en meilleure posture. D’abord imperceptible, le mouvement

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