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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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gracieusement pour se transformer en
nervures qui venaient se croiser au milieu de la voûte. Les hautes fenêtres en
ogive inondaient de lumière l’intérieur de l’église. Les moulures étaient fines
et délicates, les sculptures un entrelacs de feuillages en pierre.
    Un jour,
des fissures apparurent dans le triforium.
    Jack fut
en même temps choqué et déconcerté. De l’avis des maçons les plus compétents,
la structure était solide ; mais une fissure, en tout état de cause,
indiquait une faiblesse. La voûte, quoique haute, n’avait rien de démesuré.
Jack n’avait pas commis l’erreur d’Alfred en posant une voûte de pierre sur une
structure qui n’était pas conçue pour en supporter le poids : ses murs à
lui avaient été calculés pour la supporter. Pourtant, les fissures étaient
apparues dans le triforium à peu près au même endroit que la première fois,
dans la cathédrale d’Alfred. Si ce dernier avait commis une erreur de calcul,
Jack était certain de ne pas avoir fait la même chose. Un nouveau facteur
intervenait, que Jack ne connaissait pas et ne comprenait pas.
    Ce n’était
pas dangereux, pas à court terme. Les failles, comblées aussitôt avec du
mortier, n’avaient pas encore reparu. Le bâtiment était sain, mais il était
faible. Pour Jack, cette faiblesse gâchait son travail. Il voulait une église
capable de durer jusqu’au jour du Jugement.
    Il
descendit l’escalier de la tourelle jusqu’à la galerie où il avait installé son
plan au sol, dans le coin, sous le bon éclairage d’une des fenêtres du portail
nord. Il se mit à dessiner la plinthe d’un pilier de la nef. Il traça un
losange, puis un carré à l’intérieur du losange, puis un cercle au milieu du
carré. Les principaux fûts de la colonne jailliraient des quatre pointes du
losange dans les quatre directions, formant des arcs ou des nervures. Lesfûtssubsidiaires parlant des coins du carré deviendraient les nervures de la
voûte, traversant en diagonale la nef et le bas-côté. Le cercle du centre
représentait le cœur du pilier.
    Tous les
plans de Jack étaient fondés sur des formes géométriques simples et sur des
proportions assez compliquées. Il connaissait, notamment, et utilisait le
rapport entre la racine carrée de deux et la racine carrée de trois, calcul
qu’il avait appris à Tolède, et dont la plupart des maçons anglais étaient
incapables. Ils avaient des notions élémentaires, par exemple qu’un cercle
passant par les quatre coins d’un carré a un diamètre plus grand que le côté du
carré, dans la proportion de racine de deux par rapport à un. Cette
proportion-là était la plus ancienne formule utilisée par les maçons car, dans
un bâtiment simple, c’était la formule qui régissait la proportion entre la
largeur extérieure et la largeur intérieure, donc l’épaisseur du mur.
    La tâche
de Jack se compliquait de l’obligation où le mettait le prieur de tenir compte
de la signification religieuse des nombres. Depuis que Philip avait décidé de
dédier la cathédrale à la Vierge Marie, car la Vierge qui pleure accomplissait
plus de miracles que la tombe de saint Adolphe, il avait demandé à Jack
d’utiliser les chiffres neuf et sept –, ceux de Marie. Jack avait dessiné pour
la nef neuf travées et pour le nouveau chœur, qui devait être construit en
dernier, sept. L’arcade intermédiaire des bas-côtés aurait sept arcs par travée
et la façade ouest neuf fenêtres en ogive. Jack n’avait pas d’opinion sur la
symbolique religieuse de ces chiffres, mais il comprenait d’instinct qu’en
utilisant toujours les mêmes nombres, il améliorerait l’harmonie de l’ensemble.
    Il fut
interrompu dans son travail de dessin par le maître couvreur qui se heurtait à
un problème et demandait à Jack de le résoudre.
    Jack le
suivit dans l’escalier de la tourelle et, par le triforium, déboucha sur le
toit. Ils franchirent les dômes arrondis qui formaient la partie supérieure de
la voûte à nervures. Au-dessus d’eux, les couvreurs déroulaient de grandes
feuilles de plomb pour les clouer aux poutres, en commençant par le bas et en
remontant de façon que les feuilles supérieures chevauchent celles du dessous
pour protéger de la pluie.
    Jack
comprit tout de suite le problème. Il avait posé un clocheton décoratif à
l’extrémité d’une vallée séparant deux toits en pente, mais il en avait laissé
la conception à un maître maçon

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