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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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édifices
difficiles à attaquer et faciles à défendre, c’est là leur utilité. »
    Tandis
qu’il parlait, une idée germait dans l’esprit agité d’Aliena. « Lâcheté,
ruse ou traîtrise, murmura-t-elle.
    — Quoi ?
    — Tu
as vu des châteaux pris par lâcheté, ruse ou traîtrise.
    — Oh
oui !
    — A
quoi William a-t-il eu recours lorsqu’il nous a pris le château
autrefois ?
    — Les
temps étaient différents, intervint Philip. Sous le vieux roi Henry, le pays
était en paix depuis trente-cinq ans. William a pris votre père par surprise.
    — Il
a employé la ruse, rappela Richard. Il s’est glissé à l’intérieur du château
avec quelques hommes avant qu’on ait donné l’alarme. Mais le prieur Philip a
raison : ces méthodes-là ne donneraient pas de résultat aujourd’hui. Les
gens sont bien plus méfiants.
    — Moi,
je pourrais entrer, lança Aliena d’une voix vibrante, bien que son cœur cognât
de crainte.
    — Certes,
tu pourrais… Tu es une femme, reconnut Richard. Mais une fois à
l’intérieur ? C’est pour ça qu’on te laisserait entrer. Tu es inoffensive.
    — Ne
joue pas les arrogants, cria-t-elle. J’ai tué pour te protéger, et c’est plus
que tu n’en as jamais fait pour moi, ingrat, alors ne viens pas me dire que je
suis inoffensive.
    — Très
bien, tu n’es pas inoffensive, rétorqua-t-il, vexé. Que ferais-tu une fois dans
le château ? »
    La colère
d’Aliena se calma. Qu’est-ce que je ferais ? se demanda-t-elle,
déconcertée. Par le diable, j’ai au moins autant de courage et d’esprit
d’initiative que ce porc de William. « Qu’est-ce que William a fait,
lui ?
    — Il
a maintenu le pont-levis baissé et les portes ouvertes assez longtemps pour que
le gros des attaquants puisse entrer.
    — Alors,
c’est ce que je ferai, assura Aliena.
    — Mais
comment ? » Richard ne mordait pas au projet.
    Aliena se
rappela comment elle avait réconforté une jeune mariée de quatorze ans,
effrayée par la tempête. « La comtesse me doit une faveur, dit-elle, et elle
déteste son mari. »
     
    Ils
chevauchèrent toute la nuit. Aliena, Richard et cinquante hommes d’élite. A
l’aube, parvenus aux environs d’Earlscastle, ils firent halte dans la forêt,
juste à la lisière des champs qui entouraient le château. Aliena mit pied à
terre, ôta son manteau de bonne laine des Flandres et ses bottes de cuir souple
pour passer une grossière blouse de paysan et une paire de sabots. Un homme lui
tendit un panier d’œufs frais tapissé de paille, qu’elle passa à son bras.
    Richard
l’examina de la tête aux pieds. « Parfait. Une petite paysanne apportant
les produits de sa ferme à la cuisine du château. »
    Aliena
avait la gorge serrée. La veille, elle s’était sentie pleine de feu et
d’audace, mais maintenant qu’elle était au pied du mur, elle avait peur.
    Richard
l’embrassa sur la joue. « Quand j’entendrai la cloche, je réciterai une
fois lentement le Notre Père , puis l’avant-garde se mettra en marche.
Tout ce que tu auras à faire, c’est de donner aux soldats un faux sentiment de
sécurité, de façon que dix de mes hommes puissent traverser les champs et
entrer dans le château sans causer d’alarme.
    — Assure-toi
seulement, précisa Aliena, que le gros de la troupe ne sorte pas à découvert
avant que ton avant-garde n’ait franchi le pont-levis.
    — C’est
moi qui dirigerai le gros de la troupe, dit-il en souriant. Ne t’inquiète pas.
Bonne chance.
    — Toi
aussi. »
    Elle
partit.
    Au sortir
des bois, elle s’avança à travers champs vers le château qu’elle avait quitté
un jour affreux, seize ans plus tôt. En revoyant les lieux, elle retrouvait la
mémoire vivace et terrifiante de cet autre matin-là, l’air encore humide après
la tempête et le galop des deux chevaux fonçant à travers les champs détrempés
par la pluie – Richard sur le destrier et elle sur un cheval plus petit, le
frère et la sœur morts de peur.
    Pour se
calmer, elle évoqua les bons souvenirs : son enfance, entre son père et
Richard, prospères et en sécurité. Elle jouait sur les remparts du château avec
son frère, traînait dans la cuisine, grignotait des bouts de pâtisserie et
prenait place auprès de son père aux dîners dans la grande salle. Je ne savais
pas que j’étais heureuse, songea-t-elle. Je ne savais pas la chance que j’avais
de n’avoir rien à redouter.
    Mais ce
bon

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