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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Miquel
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échoué. Trotski était en prison, Lénine en fuite en Finlande. Le 28 août, nouvelle épreuve pour le faible Kerenski : il demandait impérieusement l’aide des soviets pour faire face au putsch militaire réactionnaire du général Kornilov.
    Qu’attendent les amis de Lénine pour s’emparer du gouvernement et signer la paix ? Ils tardent, ils trament, on dit qu’ils tergiversent. Pour brusquer les choses, le général allemand von Hutier s’empare le 2 septembre 1917 de Riga, sur la Baltique.
    Trotski, sorti de prison, organise alors la résistance et le pouvoir des soviets en se rendant maître de celui de Petrograd dès septembre. Il imagine la technique de la prise du pouvoir par l’occupation des points stratégiques à partir d’« une petite troupe, froide et implacable, frappant à coup sûr ». Il réalise, avec Lénine, la révolution d’Octobre 1917 (les 6 et 7 novembre dans le calendrier occidental). Le Congrès panrusse des soviets vote aussitôt, le 8 novembre, « la paix immédiate, sans annexions ni contributions ». Le 15 décembre, les Allemands et les Autrichiens reçoivent dans la forteresse de Brest-Litovsk les délégués de Lénine pour traiter. Un simple armistice qui se prolonge par des négociations de paix lentes et difficiles, jusqu’au 3 mars 1918.
    Lénine revient en effet sur la politique de paix à tout prix. Il refuse les annexions allemandes, mais n’a pas les moyens de résister à la poussée vers l’est des armées. Le général Hoffmann soutient les revendications des indépendantistes ukrainiens de Kiev contre les Russes du soviet de Kharkov. Il guigne le fer et le blé d’Ukraine, le coton et le pétrole du Caucase. Pour obtenir leur part de blé, les Autrichiens affamés sont prêts à sacrifier le district majoritairement peuplé de Polonais de Cholm, abandonné à l’Ukraine.
    Les bolchevistes aussi ont faim. Trotski parvient à rassembler une armée qui se jette sur l’Ukraine, prend Kiev. Il surestime ses forces : le général Hoffmann fait avancer ses unités qui reprennent Kiev et menacent au nord Petrograd. Trotski continue à refuser le diktat allemand et défend la doctrine « ni guerre ni paix » contre Lénine. Celui-ci obtient du Comité central un vote favorable à la paix.
    Après l’agenouillement des délégués bolchevistes lors de la deuxième rencontre de Brest-Litovsk, les buts de guerre allemands sont amplement couverts : de la mer du Nord à la Volga, de la Baltique à la mer Noire, de Berlin à Constantinople, l’extension de la carte de guerre devient impressionnante : l’excellent réseau des chemins de fer raccordés aux lignes allemandes permet au Kriegsernährungsamt de lever des dîmes dans tous les pays occupés. Le traité de Brest-Litovsk renforçait l’occupation allemande de l’Ukraine, autorisait l’armée feldgrau à occuper le port de Rostov-sur-le-Don qui interdisait toute descente des bolchevistes vers Bakou. L’Allemagne avait à sa disposition la Géorgie au cœur du Caucase, pour tenir la route du pétrole. La révolution russe lui avait parfaitement réussi.
    Elle dominait la Baltique par la satellisation de la Finlande et l’appui donné à la guerre de libération des partisans de Karl Gustav Mannerheim. Elle occupait jusqu’à Minsk, en Biélorussie. Ludendorff, pour rester maître de cet espace qui promettait à l’économie de guerre allemande des ressources très appréciables, devait laisser sur place 37 divisions. Il ne pouvait pas transférer immédiatement vers l’ouest la totalité de ses effectifs. Mais 30 divisions lui suffisaient pour faire la différence et percer à l’ouest. Il les mit en mouvement aussitôt après la première rencontre de Brest-Litovsk.
    Le grand quartier général disposait également des troupes de retour de Roumanie, d’Italie où les Autrichiens étaient désormais en bonne position et de Salonique, où la tenue du front était abandonnée aux Bulgares. Les unités venues de l’Est étaient reprises en main depuis octobre 1917 dans des camps d’entraînement sur place, pour se familiariser avec le lance-grenade, le fusil-mitrailleur, et surtout la mitrailleuse légère Bergmann. Mais aussi pour réapprendre à marcher à raison de cinquante kilomètres par jour, à courir sur trois cents mètres en bondissant d’un trou à l’autre en moins de quatre minutes. 64 divisions de réserve avaient été constituées en trois mois, dont 38 venaient de

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