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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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qu’elle ne demandait pas la lune, mais
     juste de prendre une marche, quelquefois, le soir… Qu’est-ce qui se passait ?
     Bon, aussi bien tirer cela au clair le plus rapidement possible.
    — Bon ben, je la finirai en revenant, décida-t-elle en rejetant le torchon sur
     la table.
    Elle ôta son tablier.
    — Je vais aller me changer, ce sera pas long.
    — Julianna, on va juste prendre une marche.
    — Y a pas personne qui va me voir attriquée de même, franchement,
     François-Xavier ; j’en ai pour une minute.
    Elle se dépêcha d’aller revêtir une robe propre. Elle prit un chapeau et
     l’ajusta bien comme il faut. Rapidement, elle se mit un peu de rouge à lèvres,
     des fois qu’ils rencontreraient des voisins.
    Elle revint dans la cuisine et offrit son plus beau sourire à sonmari. Le ton de la conversation laissait augurer quelque chose
     de sérieux ; aussi bien prendre les devants et amadouer son mari tout de
     suite.
    À l’extérieur, Julianna interpella ses deux fils qui jouaient à se lancer une
     balle. À douze et treize ans, Zoel et Adélard étaient presque des jumeaux. Ils
     s’entendaient très bien et passaient leur temps ensemble.
    — Les garçons, soyez sages, votre père pis moi on va prendre une marche.
    Le couple déambula un moment en silence.
    Julianna saluait les autres passants d’un gracieux mouvement du menton. Ils
     rencontrèrent les deux vieilles filles du bas de la côte. Puis ils croisèrent la
     fille de leur voisin. Julianna plissa le nez de désapprobation. Celle-ci portait
     également du rouge à lèvres, à son âge ! Cette fille allait mal tourner certain.
     Ce que Julianna n’aimait surtout pas, c’est qu’elle puisse dévergonder son
     Jean-Baptiste. À dix-sept ans, le pauvre perdait toute contenance devant sa
     voisine.
    Julianna ouvrit la bouche pour demander à François-Xavier de faire sa job de
     père et de tenir la corde plus serrée pour Jean-Baptiste, mais elle se retint.
     Tant qu’elle ne savait pas ce que son mari avait de si important à lui dire,
     valait mieux montrer patte blanche !

    Installée sur le balcon, Marie-Ange prenait l’air. Yvette, pieds nus, faisait
     tournoyer sa paire de souliers à talons hauts d’un air pensif. Hélène s’amusait
     à tresser les longs cheveux d’Isabelle sans parvenir à masquer sa
     déception.
    — C’est pas juste, dit la fillette. Tu chantes si bien !
    — Les concours, je crois pas à ça. C’est tout arrangé d’avance ! lança
     Marie-Ange. Isabelle intervint :
    — En tout cas, même si t’as pas gagné, ma chère, à la pension
     de madame Marie-Ange, tu es notre vedette.
    — Merci Isabelle…, commença Yvette.
    — Tu prends ben ça quand même, s’étonna Marie-Ange.
    — C’est certain que j’aurais aimé remporter le concours, dit Yvette. Mais…
     monsieur Durand m’a dit que je ferais une grande carrière ! ajouta-t-elle.
    — C’est qui, ce monsieur Durand ? demanda Marie-Ange, immédiatement sur la
     défensive quand il s’agissait d’un homme qui tournait autour d’Yvette.
    Isabelle sourit. Sa chère logeuse les couvait comme si elles étaient de petites
     filles. Ses pensées retournèrent vers Henry. Cet avocat allait la faire damner.
     Cela faisait des années qu’elle était amoureuse de l’ami de la famille. Elle
     réalisa que rien que la manière dont Yvette avait prononcé le nom de l’homme
     était suffisante pour qu’elle se doute que la jeune chanteuse avait fait une
     belle rencontre aujourd’hui.
    — C’était un des juges… monsieur Paul-André Durand. Il… Il s’occupe de
     personnes qui font le métier. C’est un manager , un agent.
    — Un agent ? Un agent de police ?
    — Non, ma tante, non, un agent d’artiste.
    — Je comprends rien.
    C’est Isabelle qui expliqua :
    — Un agent, madame Marie-Ange, c’est payé pour trouver des contrats aux
     chanteurs pis aux comédiens.
    — C’est cela. Il connaît Judith Jasmin, ajouta Yvette.
    — Pas Judith Jasmin ? La vraie ?
    Les yeux brillants, Marie-Ange était devenue tout excitée. Elle écoutait
     religieusement tous ses radioromans. La pension Velder avait été son
     préféré. Elle en adorait la vedette, Judith Jasmin.
    — Et ce n’est pas tout, poursuivit Yvette en se mettant debout. Il veut être
     mon agent. Avec un vrai contrat, tout ! Si je dis oui, ila dit
     qu’il me ferait passer une audition la semaine prochaine pour la

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