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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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Julianna chercha
     une solution.
    — Il faut que tu parles à ton patron. Il va comprendre, il va te redonner ton
     salaire d’avant.
    — Oublie ça tout de suite. Bientôt, je vas juste sortir les poubelles.
    — Alors, on fait quoi ?
    — Je te l’ai dit tantôt, on arrive pas.
    — On ne touche pas aux écoles des garçons.
    — On aura pas le choix.
    — Léo, faut qu’il reste à Montréal. Il apprend le métier de cordonnier, il est
     avec ses pareils, il parle avec des signes, qu’est-ce qu’on ferait avec lui
     ici ! Pis les deux au séminaire, François-Xavier, les deux seuls qu’on peut
     vraiment instruire, tu ne vas pas les en retirer tout de même !
    Elle baissa le ton. Un couple d’amoureux déambulait vers eux.
    — Julianna, je trouve ça ben pénible, mais je vois pas comment on peut faire
     autrement.
    — C’est pas possible ! Je pensais que tout allait bien ! On n’a jamais été
     aussi heureux qu’ici. Les petits gars vont faire leur cours classique ! On a
     assez de nos plus vieux qui sont ratés ! Pierre a pas de métier…
    — Il a une bonne job chez Tremblay Express.
    — Chauffeur de camion, François-Xavier, on peut viser mieux dans la vie, tu
     n’penses pas ? Pis Mathieu vend des souliers ! C’est-tu ça que tu veux pour tes
     fils, François-Xavier, qu’ils en viennent à sortir des poubelles, comme toi ? Tu
     n’vois pas plus loin ?
    — J’ai peut-être pas une grande éducation, Julianna, mais 1 + 1 = 2, pas 4, pis
     en ce moment, c’est deux fois plus que ça nous prendrait ! Pis je pense même
     qu’il va falloir chercher un logement moins cher.
    — Non !
    François-Xavier lui tourna le dos et fit quelques pas.
    Julianna resta sur place, désemparée. « Y en n’est pas question ! Il doit y
     avoir un autre moyen », se disait-elle. Sa colère tomba. Doucement, elle alla
     rejoindre son mari.
    — Je le sais que tu travailles fort... que tu fais de ton mieux,
     François-Xavier. Ça va s’arranger... Je... je vais vendre mon piano.
    François-Xavier resta estomaqué.
    — Julianna…
    Il regarda sa femme avec amour et refusa.
    — De toute façon, ça nous aiderait juste pour une couple de mois, dit-il.
    — Dans la vie, il faut faire de son mieux… c’est Marie-Ange qui m’a appris
     ça.
    — Je vas me trouver une deuxième job. Une job de soir ou de nuit.
    — Tu es déjà si fatigué ! Tu vas tomber malade !
    — J’ai pas le choix.
    — Pis si c’était moi qui travaillais ?
    — Jamais !
    — François-Xavier, penses-y, je passe mes grandes journées toute seule, on n’a
     plus de bébés…
    — Je veux pas en entendre parler. Y a une limite à ce qu’un homme peut
     accepter.
    — François-Xavier, ça fait vingt-six ans qu’on est mariés, pis on a toujours eu
     un toit sur la tête pis du beurre sur notre pain. Je te remercie d’être un bon
     mari. Astheure, donne-moi une chance. Si tu tombais malade, qu’est-ce qu’on
     deviendrait ? Penses-y… Laisse-moi un mois, le reste de l’été, pour penser à
     quelque chose. Sinon, Zoel pis Adélard ne retourneront pas au séminaire en
     automne, pis on déménagera.

    Ah ! éprouver à nouveau un sentiment amoureux. Pierre bénissait sa rencontre
     avec Odile qui lui faisait miroiter la possibilité d’avoir une femme dans sa
     vie. Il avait décidé de la courtiser sur-le-champ. C’était à l’opposé de la
     passion ressentie pour Luce et cela lui convenait parfaitement. Pas de souffle
     qui lui manquait, pas de cœur qui battait la chamade. Il ne perdait pas la
     raison, tout ne devenaitpas embrouillé, les sens prenant le
     dessus. Avec Odile, il était en sécurité. Luce avait été un orage violent d’été,
     Odile, une douce brise qui vous rafraîchissait. Elle était timide, délicate,
     pleurait pour un oui ou un non. Si Luce avait été une fleur des champs, sauvage
     et primesautière, Odile était de la variété que l’on doit entourer de soins,
     protéger, cultiver. Les seules épines qu’elle possédait étaient celles défendant
     sa vertu. Il n’était pas question que Pierre se permette des familiarités, des
     gestes intimes.
    « C’est étrange, se disait Pierre en terminant de s’endimancher avant d’aller
     chercher sa belle pour la messe, qu’Odile refuse de se laisser embrasser ne me
     tourmente pas plus qu’il ne faut. » Il la désirait, mais sans urgence. Il
     pouvait très bien se contenter de

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