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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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radio.
    — Une audition, c’est quoi, c’est pour tes oreilles ?
    — Ah non ! c’est quand ils choisissent un artiste. C’est comme un concours,
     mais ce que tu gagnes, c’est un rôle à la radio !
    — Yvette, c’est formidable ! s’exclama Isabelle.
    — J’ai-tu ben compris, moi là ? dit Marie-Ange.
    — Ma cousine va être une vedette ! fit Hélène en tapant dans ses mains.
    — Ne partez pas sur vos grands chevaux, personne. Mais monsieur Durand dit que
     j’ai de bonnes chances. Il faut que j’apprenne un bout de texte. Monsieur Durand
     dit que j’ai bien du talent. J’ai une excellente diction maintenant, et plus
     aucune trace d’accent. Quand la télévision va entrer en ondes l’année prochaine,
     il dit qu’il va me faire jouer dedans.
    — Jouer dans une télévision ? Je te suis pas, ma fille.
    — Vous savez bien. Ça va être comme une radio, mais avec les images. On va voir
     les visages, les robes, tout ! Comme si on allait aux vues dans notre salon.
     Monsieur Durand dit que…
    — Y en dit ben des affaires, ce monsieur Durand, maugréa Marie-Ange en
     retrouvant son scepticisme.
    Ce n’était jamais bon signe quand une jeune femme voyait un homme dans sa
     soupe.
    — Tante Mae !
    — Ben quoi, ça a pas une ben bonne réputation, ce monde de théâtre…
    — Jouer à la radio, être connue, ma photographie dans les journaux, sur des
     affiches, imaginez, matante : En vedette ce soir, Sandrine Roy !
    — C’est qui ça ?
    — Sandrine… quel drôle de nom, ça ressemble à sardine , pouffa
     Hélène.
    Mal à l’aise, Yvette baissa les yeux et marmonna :
    — C’est monsieur Durand qui m’a trouvé un nouveau nom d’artiste : Sandrine
     Roy.
    — Il est pas barré, lui ! Pour qui il se prend de changer ton nom ? Yvette,
     c’est très bien. Comment veux-tu que le monde sache que t’es ma nièce ?
    — Toutes les grandes vedettes, c’est pas leur vrai nom !
    — Ben, voyons donc.
    — C’est monsieur Durand qui l’a dit. Attendez : Monique Leyrac, c’est Monique
     Tremblay.
    — Elle a au moins gardé un bout.
    — Monsieur Durand, il dit…
    — Il dit qu’il va venir souper à la maison, que je lui voie la face avant toute
     chose. T’es toujours ben sous ma responsabilité.
    — Il va rire de moi !
    — Madame Marie-Ange s’inquiète juste pour toi, la calma Isabelle, qui redoutait
     le caractère bouillant de sa jeune amie. Pis elle a raison d’être prudente. On
     entend ben des histoires dans le monde des artistes. Il doit y en avoir de
     vraies.
    — Tu inviteras ton monsieur Durand à dîner dimanche prochain.
    — Je vais mourir de honte !
    — C’est ça ou y est pas question que cet homme te gérance quoi que ce
     soit.
    — Je veux pas vous blesser, matante, mais j’ai vingt-trois ans…
    — Je vas tenir mon bout, ma fille, tu le sais.
    — Matante !
    — Ta mère t’a confiée à moi ! Majeure ou pas, je le répète, t’es sous ma
     responsabilité. Je veux lui voir le blanc des yeux pis mon pif va parler. Si cet
     homme est honnête, y aura pas de problème, sinon…
    — Mais…
    — Yvette, intervint Isabelle, un souper, c’est pas la mer à
     boire. On invitera Henry à se joindre à nous.
    Marie-Ange surenchérit :
    — Un avocat sera pas de trop dans cette histoire. Je veux pas que tu signes
     n’importe quoi.
    Yvette n’avait pas le choix. En soupirant, elle dit, en une envolée :
    — Mais, mais… quels souliers vais-je bien pouvoir porter ?
    Isabelle et Marie-Ange restèrent interdites un moment avant d’éclater de rire.
     Nul doute qu’Yvette aurait du succès en tant qu’actrice !

    — Ça va pas fort à la fromagerie.
    — Qu’est-ce que tu veux dire ?
    — Le fils a baissé mes payes.
    — Encore !
    — Si je pouvais, Julianna, j’te jure que je l’enverrais promener, ce...
     ce...
    François-Xavier se tut. Les mains dans les poches, il prit une grande
     inspiration avant d’ajouter :
    — J’arriverai pas à tout payer. L’institution de Léo, Jean-Baptiste à l’école
     des métiers, le séminaire de Zoel et Adélard.
    — Chut, pas si fort, fit Julianna en jetant un coup d’œil inquiet autour
     d’elle. S’il fallait que quelqu’un surprenne cette conversation. Elle entraîna
     son mari à l’écart. Par chance, leur promenade les avait conduits sur le bord de
     la rivière. Il n’y avait que quelques jeunes qui s’y amusaient.

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