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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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suivant.
    — Le reste, je le connais par cœur. La maison a toujours été à ce John. Elle
     est pas à moi…
    Marie-Ange, découragée, perdit toute trace d’excitation.
    — Vraiment, Marie-Ange, j’ai beau la lire et la relire, je ne vois vraiment pas
     ce que je peux faire. Je vais quand même placer un appel téléphonique à ce
     bureau de notaire, mais l’avis est très clair, enfin, en ce qui a trait aux
     titres de propriété, car pour le reste… Les motivations de ce Morgan, il les a
     emmenées avec lui dans sa tombe.
    — Comment ça se fait qu’il a toujours eu la bonté de nous laisser occuper la
     maison… comme ça dit dans la lettre ?
    — La clé, c’est Léonie.
    — Ça a toujours été louche, son entrée au couvent. Mais j’étais tellement
     contente qu’elle se marie pas avec la face de rat que j’ai pas cherché à
     savoir.
    — Voyons, Marie-Ange, sa décision avait pris tout le monde par surprise. Ne
     cherchez pas à être coupable de quoi que ce soit.
    — Comme vous dites, les morts ne parlent pas. Bon alors, astheure, que me
     conseillez-vous ?
    — Légalement, rien. Monsieur Morgan a légué toute sa fortune et cette maison
     aux Carmélites et… mais oui, un autre indice ! Nous sommes imbéciles, les
     Carmélites, c’est là…
    — … où Léonie est enterrée. Ma chère tante avait bien des secrets. Je vous
     demande, Henry, que tout ceci reste entre nous. Si Léonie avait voulu qu’on le
     sache, elle nous l’aurait dit de son vivant.
    — Vous avez raison.
    Il replia la lettre.
    — Non, brûlez-la…
    Il haussa les épaules, prit son briquet et au-dessus du cendrier consuma
     l’avis.
    — Pis au lieu d’appeler ce notaire, rentrez donc en communication avec les
     Carmélites. Peut-être que les religieuses consentiraient à me louer la
     maison ?
    — C’est une excellente idée, Marie-Ange. Vous êtes vraiment étonnante. Je
     devrais vous demander en mariage, blagua-t-il.
    Marie-Ange n’eut même pas l’ébauche d’un sourire.
    — Tant qu’à y être, on va se parler dans le blanc des yeux à soir. Vous avez
     beau être un grand avocat, manigancer avec la politicaillerie, mais quand il
     s’agit de l’amour, vous avez pas plus de jugeote que le pire corniaud.
    — Qu’est-ce qui m’a pris de venir encore traîner ici, moi ? dit Henry d’un air
     faussement découragé.
    — À part ma tarte au sucre pis les beaux yeux d’une de mes pensionnaires, je
     vois vraiment pas !
    — Je viens pas ici pour voir Isabelle !
    — Je l’ai pas nommée…
    — Non, mais… ah ! Marie-Ange… je suis trop vieux pour elle !
    — Henry, vous recommencerez pas à me casser les oreilles avec votre âge. Vous
     vous aimez tous les deux. C’est clair comme de l’eau de roche. Arrêtez de faire
     simple, pis mariez-vous, un point c’est tout. Je le sais pas ce qui s’est passé
     entre ce John et Léonie, mais j’ai l’impression que ça a été un beau gâchis. Je
     le sais pas pour vous, mais moé, je trouve ça ben triste, un p’tit vieux qui
     passe en avant de la maison de son ancien amour… Décidez-vous avant qu’il soit
     trop tard.
    — Trop tard ?
    — Parce qu’Isabelle, si vous la demandez pas en mariage bientôt, c’est elle qui
     va le faire, pis drette là à soir à part de ça. On est plus dans l’ancien
     temps.
    Devant un Henry ahuri, Marie-Ange alla rouvrir les portes du
     salon et cria à Isabelle de venir les rejoindre. Quand celle-ci arriva, tenant à
     la main un torchon de vaisselle, Marie-Ange se retourna.
    — Henry, Isabelle a quelque chose à vous demander.
    L’infirmière devint livide. Elle savait ce que sa logeuse voulait dire par là.
     Elles s’étaient dit la veille encore qu’elles ne voyaient que cette solution
     pour lui forcer la main.
    Timidement, ayant la peur de sa vie que l’homme refuse, Isabelle s’avança
     devant l’avocat.
    — Monsieur Henry Vissers, voulez-vous épouser une pauvre infirmière beaucoup
     trop jeune pour votre sagesse, mais qui est certaine que son amour compensera
     son ignorance ?
    — Que… qu’est-ce qui se passe ? balbutia Henry.
    — On avait tout prévu ! dit Hélène qui avait suivi.
    — À quoi s’attendre avec une maison remplie de femmes ? dit enfin Henry en
     retrouvant des couleurs. Le monde à l’envers !
    Il se leva et prit le torchon à vaisselle qu’il passa autour du cou de la jeune
     femme. Isabelle, les yeux

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