Les porteuses d'espoir
emplis d’angoisse, murmura :
— Alors, ta réponse ?
— Me marier obligé à mon âge. Je n’ai pas le choix de dire oui.
Les amoureux s’embrassèrent. Marie-Ange mit une main sur les yeux d’Hélène en
disant :
— À la bonne heure ! Tant pis pour Yvette, on l’attend plus !
— Il faut vraiment que je rentre, Paul-André.
Sans aucune gêne pour sa nudité, l’homme se leva du divan et commença à se
rhabiller, pigeant parmi les vêtements éparpillés ceux lui appartenant.
Yvette, pudique, resta prostrée.
Paul-André ramassa les sous-vêtements et la robe d’Yvette et
les lui lança.
— Allez, sauve-toi chez ta tante. Je ne voudrais pas qu’elle m’arrache les yeux
comme elle me l’a promis si je ne prenais pas soin de toi.
Yvette attrapa le tas de linge et, tremblante, commença à se revêtir elle
aussi. Elle revit le soir où elle avait présenté Paul-André à sa tante.
Celle-ci, avec son air suspicieux envers tous les hommes, avait plissé le
nez :
— Ah bon ! pis que c’est que ça mange en hiver, un agent ?
Paul-André ne s’était pas laissé démonter. En riant, il avait expliqué qu’après
être revenu de la guerre, il avait ouvert une agence. Il y avait plusieurs
artistes de renom qui lui faisaient confiance.
— Vous verrez, je vais emmener cette jeune fille au firmament !
— Je vous arrache les yeux moi-même, si vous l’emmenez où que ce soit de pas
chrétien…
Sa tante, s’il fallait qu’elle apprenne ce qui s’était passé... Marie-Ange
passait son temps à la mettre en garde :
— Ma fille, méfie-toé des hommes. Fais attention à ta réputation. Un homme
épouse pas les filles faciles, les Marie-couche-toi-là. Quand un homme a eu ce
qu’il voulait, il cherche un nouveau gibier.
Yvette jeta un regard furtif sur son nouvel amant. Elle lui avait demandé
pardon pour son accès de colère. Il lui avait caressé les cheveux un instant.
Elle avait fermé les yeux de bien-être. Il avait pris son visage entre ses mains
et l’avait relevé vers le sien. Il l’avait embrassée si profondément, si
intensément, la collant contre lui, qu’elle avait eu l’impression d’être
absorbée par l’homme. Toujours enlacés, ils avaient glissé par terre. Il l’avait
déshabillée à moitié, l’avait renversée sous lui et lui avait fait l’amour sans
une parole, avec une fougue qui avait effrayé Yvette.Jamais
elle n’avait tenté de lui demander d’arrêter, de lui avouer sa virginité, sa
peur, de lui dire qu’elle n’était pas prête, que ce n’était pas bien, qu’elle ne
voulait pas… Elle savait très bien qu’il n’y avait plus de retour. Ils avaient
été jusqu’au bout… Elle avait peine à réaliser l’ampleur de ce qu’elle venait de
vivre. Un homme avait pénétré en elle... en avait fait une femme... Cela voulait
dire qu’il allait certainement la demander en mariage maintenant... Mais
Paul-André ne lui avait même jamais déclaré son amour.
Tout en reboutonnant sa robe, elle tenta de converser normalement avec son
gérant, de cacher l’envie irrépressible de pleurer qui montait en elle.
— Matante voulait que j’arrive de bonne heure à soir parce que… avec Isabelle,
on avait fait un plan pour qu’Henry se décide au mariage.
Paul-André remettait ses chaussures. L’écoutait-il au moins ?
— Tu vas rire, mais le plan, c’était qu’Isabelle lui demande sa main !
Elle émit un petit rire nerveux.
— Moi, reprit-elle, je trouve vraiment que c’est à l’homme de le demander, mais
Henry ne se décide pas… Paul-André..., finit-elle d’une petite voix, la gorge
étranglée par l’émotion.
Quand l’agent découvrit les larmes naissantes dans les yeux d’Yvette, il
s’empressa auprès d’elle. Il la prit par le menton et lui donna un petit
baiser.
— Chut... ne pleure pas... Tu ne m’as vraiment pas déçu, Cendrillon.
Quand Yvette rentra enfin chez elle, tout était sombre dans la maison. Sur la
pointe des pieds, elle s’avança dans le couloir. Tout à coup, une ombre surgit
devant elle. C’était sa tante, en robe de nuit, qui l’attendait. Marie-Ange tira
sur une chaînette et allumale plafonnier. La lumière vive
aveugla Yvette. Marie-Ange resta immobile et scruta intensément le visage de sa
nièce. Yvette, honteuse, baissa les yeux. Marie-Ange sut. À toute volée, elle
gifla
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