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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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montrer
     scandalisée ni troublée. Elle souriait en retour, faisant mine aux autres
     qu’elle était désolée d’être la cause de leur interruption. Bref, Paul-André se
     révélait très entreprenant. Si, pendant ces pauses, elle s’absentait aux
     toilettes, il l’attendait de l’autre côté de la porte. Il la coinçait le long du
     mur, lui bloquant le passage d’un de ses bras et de l’autre, lui caressait une
     joue ou jouait avec une mèche de ses cheveux…
    — Je t’interdis de jamais te faire couper les cheveux… ou de mettre de la
     couleur dedans, ils sont magnifiques…, lui disait-il avant de l’embrasser
     fougueusement.
    Tout l’été, il la pressait de plus en plus, osant les caresses, lui offrant des
     compliments :
    — Tu es la plus belle, tu es la seule, tu es mienne…
    Elle ne le repoussait pas vraiment, mais essayait de trouver des
     échappatoires ; seulement « je dois rentrer, je dois partir, je dois m’en
     aller… » était tout ce qu’elle trouvait à dire.
    — Je dois vraiment rentrer…, répéta-t-elle à son gérant qui ce soir-là semblait
     déterminé à ne plus accepter ses excuses.
    — Encore un instant… Je t’en prie, ne me brise pas le cœur.
    Il la reprit dans ses bras et lui mordilla le lobe d’une oreille.
    Paul-André lui murmura :
    — Jamais une femme n’a eu une telle emprise sur moi, Cendrillon…
    Il l’embrassa passionnément.
    Quand il mit fin au baiser, Yvette dit avec un sourire chancelant :
    — Paul-André, tout va trop vite...
    — Au contraire, le temps s’arrête quand tu es dans mes bras. Ne ressens-tu pas
     chaque battement de nos cœurs ?
    Il la poussa vers le divan jusqu’à ce qu’elle tombe assise dessus.Mettant ses bras de chaque côté d’elle, il se pencha à quelques
     pouces de son visage et lui dit, d’un ton suave :
    — Enchanteresse... Je suis ton serviteur. Je ferai de toi une reine.
    Avec un petit gloussement, plus pour repousser les avances de son gérant que
     par méchanceté, Yvette répliqua :
    — Tu me l’as souvent dit, cette réplique.
    Paul-André accusa le coup. Il se redressa.
    — Si tu n’as pas confiance en moi..., dit-il, l’air blessé.
    — Je... j’ai confiance, mais..., balbutia Yvette qui eut peur soudain d’avoir
     été trop loin. J’étais supposée gagner le concours quand on s’est connus
     et...
    — Je n’étais pas le seul juge.
    — Je sais...
    — Tu agis en enfant gâtée.
    — Quoi, moi, gâtée ? dit-elle en se levant. Qui répète pendant des heures,
     apprend des pages et des pages de texte, fait des vocalises, des exercices,
     qui ? Qui passe audition par-dessus audition sans jamais décrocher de
     rôle ?
    — Question de malchance.
    — Tu m’avais promis que je ferais les mêmes clubs qu’Alys Robi, et au lieu de
     ça, je n’ai rien, rien !
    — Tu es en colère, Sandrine.
    — Yvette, je m’appelle Yvette !
    Oui, elle était en colère. Son fichu caractère avait encore pris le
     dessus.
    — Excuse-moi, je t’en prie, Paul-André. Je suis seulement fatiguée.
    — En colère et injuste, continua-t-il d’un ton calme, trop calme. Je travaille
     très fort pour toi, tu as un rôle dans mon théâtre. Tu me déçois, Cendrillon. Si
     c’est ainsi que tu vois tous les efforts que je fais, je peux très bien annuler
     l’audition de demain.Je ne peux être le gérant de quelqu’un qui
     n’a pas confiance en moi.
    Il se leva et se dirigea vers la porte.
    — Je m’excuse, Paul-André, répéta Yvette en venant se jeter à son cou. Je suis
     fatiguée, on a répété toute la journée, je… je n’ai pas soupé. Quand je suis
     affamée, je deviens pas du monde !
    D’un geste presque royal, il daigna mettre sa main autour de la taille
     d’Yvette. De l’autre, il lui caressa les cheveux en disant d’une voix
     sourde :
    — Ne me déçois plus jamais…

    — Allez jaser au salon avec Henry, madame Marie-Ange, dit Isabelle. Moi pis
     Hélène, on va faire la vaisselle toutes les deux.
    La logeuse accepta. Marie-Ange referma les doubles portes du salon derrière
     eux. Une fois installée dans un fauteuil, elle dit :
    — Mon cher Henry, je suis inquiète…
    Henry voulut la rassurer.
    — Yvette va arriver d’une minute à l’autre, j’en suis certain.
    — On a une responsabilité envers les enfants de ma sœur Julianna.
    — Je sais, Marie-Ange, je sais… Mais ils ne sont plus des enfants. Nous en
    

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